Bonne Lecture !
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[Fin du Chapitre 4]
Ainsi commençait son séjour dans la prestigieuse Lame Sacrée. Elle n'y pouvait plus rien à présent. Au bout d'une journée seulement, Jyhann s'était mise tout le monde à dos. Survivrait-elle à ces trois cycles d'études auprès des Justiciers ?
***"Les yeux d'un homme sont hermétiques aux duperies de sa langue."
Sa mère lui répétait souvent cette phrase quand elle était enfant. Comme pour imprimer dans l'esprit de sa fille les vérités d'une réalité qui lui échappait encore. Et après trois ans dans les rues de Jihälwa, Jyhann avait fini par saisir les mystères de cette rengaine. L'homme était un être bien plus proche de l'animal qu'il ne voulait l'admettre. Il était soumis à des besoins charnels et des pulsions, et ne vivait que pour les satisfaire. Esclave de son propre corps, il n'avait aucun scrupule à mentir et manipuler pour arriver à ses fins. Mais, si la bouche d'un homme était remplie de venin et de tromperies, ses yeux eux, ne mentaient jamais sur ses réelles intentions. Tel était l'enseignement que lui avait laissé la vie.
Mais son quotidien avait déjà bien changé depuis ces jours d'infortune. Aujourd'hui, Jyhann était étudiante à la Lame Sacrée et les maîtres d'armes lui apprenaient des sujets tout à fait différents. Elle avait des cours de théologie et même des leçons de géopolitique, mais l'enseignement qui lui prenait le plus de temps restait les arts martiaux. Il n'était plus question de survivre sans manger pendant trois jours mais plutôt de survivre à un affrontement face à trois assaillants armés. La vie avait-elle tant de valeur pour qu'on s'y accroche de la sorte ? Ou peut-être était-ce la mort qui était trop horrible pour que l'on ne veuille l'expérimenter. Toujours était-il que Jyhann avait refusé de mourir avant d'avoir accompli son funeste dessein. C'était sa part d'humanité à elle, son besoin charnel, sa pulsion... Et c'était la Lame Sacrée qui l'aiderait à l'assouvir.
La jeune fille s'habituait peu à peu au rythme de l'Ordre Religieux. Les cours et les entrainements lui prenaient une bonne partie de son temps et elle était souvent bien trop fatiguée les soirs pour entretenir une vie sociale. Pourtant, elle trouvait toujours un moment dans la journée pour voir Anthelme. Il était devenu son premier ami et les rares filles du campus l'enviaient sûrement pour cela. Après tout, elle devait bien admettre que l'épéiste avait du charme. Cela faisait maintenant plusieurs jours que Jyhann avait rejoint le premier cycle, mais le jeune homme ne semblait toujours pas se faire au regard de la fille. Et dans ces moments où il la fixait avec maladresse, les conseils de sa mère prenaient tous leurs sens.
De l'intérêt, de l'envie mais également de l'anxiété et du malaise, voilà ce que Jyhann lisait dans les pupilles du Justicier. Il y avait quelque chose d'oppressant dans ses iris, comme si une multitude de questions flottaient dans ses yeux. Mais quelles pouvaient donc être ses intentions à son égard ? Pour l'heure, sa journée de cours ne faisait que commencer, elle aurait tout le temps d'y penser à un autre moment. À plus forte raison lorsque l'on avait Cyntheude comme professeur. Elle n'avait rien en particulier contre le maître d'armes et sa manière d'enseigner. En fait, c'était plutôt lui qui ne supportait pas la jeune fille. À l'épreuve des néophytes déjà, il s'était opposé à son admission. Puis il est vrai que le léger retard dont elle avait fait preuve le lendemain n'avait pas dû jouer en sa faveur. Mais jamais elle n'aurait pensé devenir le souffre douleur d'un Justicier un peu trop zélé.
-Mademoiselle Taviana ! Votre présence en ce lieu n'est que tolérée... N'abusez pas de la pitié de la Lame Sacrée.
Lorsque Cyntheude commençait de cette manière, cela n'augurait jamais rien de bon pour Jyhann. Étrangement il ne l'avait jamais appelée par son prénom. C'était à se demander s'il le connaissait... Le maître d'armes observa un silence calculé avant d'enfoncer un peu plus la jeune fille dans son malaise.
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Les DesAstreux - Tome 1 : La Lame Sacrée
FantasiDésormais fille des rues, Jyhann ne doit sa santé qu'à ses capacités à voler et manipuler. Dans les quartiers sud, on appelle cela _le jeu de la survie_, mais il y a longtemps que vivre ne fait plus partie de ses priorités. Brisées par le meurtre de...