veuve cliquot

4 0 0
                                    


Allongée sur le ventre, mon menton repose dans la paume de ma main, mes yeux se régalent du spectacle qui se joue devant moi tandis que mes oreilles profitent du son que les doigts de Liam font naitre en grattant les cordes de sa guitare.
Ce que j’aime chez lui, c’est que son âme d’artiste s’adapte à tous les styles. Qu’il joue de la variété française ou un titre de « the Fray » comme en ce moment ne change rien.
Il s’approprie la musique et les paroles et donne toujours le meilleur de lui-même.
Son regard caresse les courbes de mon corps étendu seulement vêtu de mes sous-vêtements et ses lèvres me sourient tout en chantant.
Liam est bel homme dans la vie de tous les jours mais c’est comme ça que je le préfère, presque nu, les cheveux  encore plus en bataille suite à nos ébats, avec sa guitare, dans la lumière du crépuscule.
C’est dans ces instants que sa sensibilité et sa beauté ressortent le mieux.
Tout en l’observant, je me rends compte qu’il a toujours eu une grande importance pour moi et que l’emprise qu’il avait sur moi 15 ans plus tôt est toujours aussi présente.
Il est le seul homme à savoir lire dans mon regard, il est le seul qui me connaisse vraiment, qui sache quelle part d’ombre je m’évertue sans cesse à cacher aux yeux du monde.
Il est le seul à m’envoyer sur une autre planète juste en m’effleurant.
Les émotions qu’il déclenche chez moi me terrorisent car je sais que si je tombe, je tomberai de très haut, mais il m’est impossible de résister à tout ce que je trouve lorsque je suis à ses côtés. Il est addictif.
Combien de temps cette situation « d’amants » va-t-elle durer ? Comment vais-je faire lorsqu’il y mettra fin ? Je sais que je prends de gros risques en venant ici aujourd’hui, mais chaque fois qu’il s’agit de Liam, c’est comme si toute raison m’abandonnait et qu’une force invisible me poussait vers lui. Je ne peux pas faire autrement que de le rejoindre.

Il pose son instrument, s’approche de moi et prend mon visage entre ses mains avant de poser tendrement sa bouche sur la mienne

- Tu as faim ?

- Un peu oui

- Je dois avoir quelques trucs à grignoter, viens. Me dit-il en me tendant la main

Je m’installe sur un tabouret du bar qui sépare la cuisine du séjour et le regarde sortir un assortiment de choses à grignoter de son réfrigérateur. Il sort deux flûtes et une bouteille de champagne. En voyant l’étiquette, je l’arrête

- Ce n’est peut-être pas utile de sortir une veuve Clicquot…

Il me regarde en fronçant les sourcils avant de répondre

- Tu rigoles ! Aujourd’hui est un grand jour… et je sais que c’est ton champagne préféré. Aujourd’hui, nous fêtons….
Il s’arrête un instant pour trouver les bons mots, rempli les deux verres et m’en tend un. Puis il visse son regard au mien.

-Nous fêtons ton retour dans ma vie. Termine-t-il en faisant tinter son verre contre le mien.

- Tu as raison, ça vaut bien une veuve Clicquot, je lui réponds avec un clin d’œil.

Nous prenons chacun une gorgée de champagne sans nous quitter des yeux. Le liquide frais envahit ma bouche et les petites bulles éclatent sur ma langue. Liam pose son verre et fait le tour du bar pour venir se positionner entre mes jambes. Sa main trouve sa place contre ma joue et son pouce caresse doucement ma peau.

- Je trouve ça dément que l’on ait réussi à se passer l’un de l’autre pendant 15 ans… J’aurais tout fait pour toi Hazel. Tu le sais ?

Je hoche la tête et il pose ses lèvres sur les miennes dans un geste tendre.

-A l’époque quand tu as décidé de partir j’étais en colère contre toi

- C’est inutile de revenir là-dessus Liam, c’est du passé.

- Laisse-moi finir. J’étais en colère mais j’étais aussi inquiet pour toi. Je ne savais pas si quelqu’un serait là pour toi, si tu pouvais sortir seule sans risquer de te retrouver face à cette raclure.

Ses mots font remonter des souvenirs pour lesquels j’aurais volontiers eu recours à une lobotomie.

28 ans plus tôt

- Allez p’tite zelle, prend-la dans ta main, tu verras c’est doux.

- Non !

J’avais 5 ans et mon cousin John m’avait conduite dans sa chambre à l’autre bout de la maison.

- Si tu ne fais pas ce que je te dis, je dirai à tes parents que tu as cassé la poupée de ma sœur et tu seras punie

- Mais j’ai pas envie ! pleurnichai-je

- Dépêches-toi de faire ce que je te dis sinon je dirai tout à tes parents et je suis sûr que le père-Noël ne passera pas.

Horrifiée, je capitulai et mis ma main autour de son sexe. Je détournai les yeux en priant pour que ça ne dure pas trop longtemps. Je tentais de me concentrer sur autre chose mais ses râles et son odeur qui me donnait des hauts le coeur envahissaient tout l’espace.

Durant plusieurs mois, John s’était adonné à ce genre de pratique. Ce jour-là, il m’avait demandé de le masturber puis m’avait renvoyée de sa chambre en proférant diverses menaces pour être sûre que je ne dise rien.
J’étais partie sans demander mon reste, soulagée que pour une fois, il ne m’ait pas obligée à me déshabiller pour me toucher lui aussi.

Lorsque j’avais fêté mes 6 ans, j’avais compris que tout ceci n’était pas normal, et même si la honte et la peur de briser toute la famille m’avait empêché d’en parler, j’avais réussis à éviter mon cousin et ses habitudes malsaines par diverses ruses jusqu'à la veille de mes 17ans, en mai 2001.

-Comme je te l’ai dit Liam, c’est du passé. Il est sorti de ma vie le jour où tu l’as rencontré

-J’aurais dû taper plus fort ce jour-là !


15 ans plus tôt, Mai 2001

2 mois avant ma rencontre avec Liam, John était réapparu. Il n’avait pas changé et avait décidé de revenir me pourrir la vie. Sauf que je n’étais plus une enfant et que j’étais décidée à ne pas le laisser faire.
Il s’était alors mit à me suivre partout, il laissait des lettres anonymes dans mon sac de cours. Surgissait à la sortie du lycée. Attendait devant chez moi lorsqu’il savait que mes parents étaient absents.

Appartiens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant