31- Faux semblants

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Plus d’un mois s’est écoulé depuis la nuit que j’ai passée chez Liam.
Nos rendez-vous sont de plus en plus fréquents, nos étreintes de plus en plus sensuelles, et nos regards de plus en plus amoureux.

Il m’a appelé à midi pour me dire qu’il tenait à me voir ce soir alors qu’il devait normalement recevoir sa sœur chez lui.
Je ne me suis bien sûr pas fait prier et ai rejoint mon étalon après ma journée de travail.

Lorsque la porte de son appartement s’ouvre sur lui, ma première pensée est toujours la même, je le trouve beau et je ressens immédiatement cette envie irrésistible de me blottir contre lui et de respirer son parfum jusqu'à m’en faire éclater les neurones.
Il me prend par la main, me fait entrer et je réalise que quelque chose ne tourne pas rond lorsqu’il me colle un baiser rapide sur les lèvres au lieu de m’embrasser passionnément comme il a l’habitude de le faire.
Je le regarde alors plus attentivement et repère les cernes sous ses yeux et sa mâchoire contractée.

Les sourcils froncés, je lui demande si tout va bien. Ma première intuition est de me dire qu’il s’est disputé avec sa sœur et que c’est pour cette raison qu’il m’a fait venir au lieu de la recevoir.
Mais il ne me répond pas et me fait avancer jusqu'à la cuisine, nous sert deux verres de vin et s’assied face à moi.

Il ne me touche pas, ne me regarde pas avec amour ou désir comme il en a l’habitude et triture son verre pendant un temps qui me semble durer une éternité, puis il finit par passer ses mains dans ses cheveux nerveusement avant de me sortir ce que je redoute d’entendre depuis cet été

- Il faut que je te parle

Mon cœur saute dans le vide et ma gorge se serre, car avant même qu’il me dise de quoi il retourne, je sais qu’il va mettre un terme à notre histoire.
J’arrive avec peine à lui dire que je l’écoute et je me prépare psychologiquement à devoir retenir mes larmes et souffrir en silence car au fond de moi j’ai envie de tout casser et hurler à m’en rendre muette.

Il pousse un profond soupir et me regarde avec plus de désespoir au fond de ses yeux que je n’en ai jamais vu

- Vide ton sac Liam, dis-moi ce que tu as besoin de me dire, je t’écoute
- Hazel…

Il se lève de sa chaise et tourne en rond dans la pièce comme un lion en cage en passant frénétiquement ses doigts dans ses cheveux

- Je suis désolé ma noisette, mais je ne peux plus continuer comme ça. Fini-t-il par dire en plantant ses prunelles vertes au fond des miennes

J’hoche la tête et baisse les yeux pour lui montrer que je comprends, ma gorge se serre encore plus et mon estomac se tord à l’entente de ses mots. Il s’approche et relève mon menton de son index

- Je t’aime trop pour supporter de te savoir avec quelqu’un d’autre bébé. Ca me tue de savoir que tu passes toutes tes nuits avec un autre que moi.
- Ma relation avec Simon n’a rien à voir avec celle que l’on a
- Je le sais, mais…
- Je comprends, ne t’inquiète pas. Et même si je sais que tu as pris ta décision je veux quand même que tu saches que tu es celui qui prend toute la place à l’intérieur de moi Liam. Mais tu sais aussi pour quelle raison je ne peux pas te donner le 1er rôle
- Oui, je ne peux pas te dire que je comprends car je n’ai pas d’enfant. Je sais que tu restes pour Mila. Mais j’aurais besoin que tu sois entièrement à moi pour continuer.
J’hoche à nouveau la tête. Je sens ma gorge se nouer de plus en plus et les larmes menacent de couler à chaque seconde. Je décide de rompre cet échange pour partir au plus vite avant de me laisser aller à la douleur que cette discussion m’inflige.

- Je vais te laisser. lui dis-je
- Hazel
- Non ! je l’arrête d’un signe de la main et inspire profondément pour me contenir. Je comprends Liam, je savais que ce jour arriverait. Je ne pensais même pas que tu serais si patient à vrai dire.

Il me tire alors par le poignet et me serre fort contre lui, son torse se plaque contre le mien, ses bras encercle mon corps et son visage plonge dans mon cou. Je l’entends me murmurer d’une voix étranglée qu’il m’aimera toujours, que je suis son âme sœur et qu’il pensera toujours à moi comme à la femme de sa vie.

Je me détache de son étreinte et tourne les talons pour passer la porte tandis que mes yeux humides laissent échapper les larmes que je retiens depuis tout à l’heure.

Comme un automate, je rejoins ma voiture, traverse la ville en essuyant mes yeux et en prenant sur moi pour ne pas me donner en spectacle aux yeux des gens qui m’entourent.
Je sors de la zone urbaine et une fois sur les routes de campagne, je m’autorise à m’arrêter dans un chemin caillouteux.

Mes sanglots crèvent le silence de l’obscurité quand je réalise que je ne reverrai plus.

Après deux heures à m’insulter en pleurant sur mon sort, mes larmes se sont enfin taries. Je piétine maintenant près de ma voiture dans le froid afin d’essayer de faire reprendre une allure correcte à mon visage. Après une rapide correction maquillage, je me regarde dans le rétro de ma voiture et me dis pour moi-même

- Allez ma vieille, tu vas faire ce que tu sais faire de mieux maintenant ! tu vas faire semblant que tout est ok !
Puis je me dis que ça devrait être facile, que personne ne sait ce je ressens pour Liam. J’en ai bien parlé à Mel et Andréa, mais elles sont loin de s’imaginer de quelle relation il s’agit exactement, elles pensent que c’est un ex revenu dans ma vie pour un peu de plaisir, sans plus.
Je souffle un grand coup et reprend le chemin de chez moi, la gorge serrée, le cœur brisé, mais les yeux secs.



La saint-valentin… Celui qui a inventé cette fête bidon a du bien se marrer à voir la moitié de la planète tirer la tronche le 14 Février… Il me semble que quand on aime c’est toute l’année non ? Voir toute une vie…

Trois semaines se sont écoulées depuis que Liam a mis un terme à notre histoire. Je suis relativement fière de ma performance, j’ai prétexté être malade pour justifier mon manque d’appétit, un trop plein de travail pour mes cernes, un faux sourire par ci par là et personne n’y a vu que du feu.

Les filles m’ont posé quelques questions alors je leur ai simplement dit que c’était terminé car Liam avait rencontré quelqu’un et qu’il voulait une chance de construire quelque chose avec une femme disponible.
Comme si cela pouvait être vrai…
Liam étant à l’opposé total d’une possible vie de couple. Je suis presque arrivée à me faire rire toute seule en disant ça, mais ma gorge était encore trop serrée pour y arriver.



Mars est arrivé et le froid est resté, aussi bien dehors que dans mon cœur. Mon artiste me manque terriblement, ne plus le voir, le sentir, entendre sa voix, sentir ses mains. Son absence est un supplice. Lucie me donne de ses nouvelles de temps en temps. Elle a fait comme si elle ne savait rien et m’a juste glisser que Liam avait une sale tête, qu’il ne chantait que des chansons tristes et que ses vieux défauts étaient revenus. J’ai faillis éclater en sanglot au téléphone en l’entendant, savoir que Liam ramène une fille différente tous les jours comme ça a pu être le cas lors de notre première séparation m’a mis un coup au cœur. L’imaginer avec d’autres me fait si mal… Mais je sais que c’est de ma faute si l’on est dans cette situation, alors je serre les dents et je continue d’avancer, parce qu’il le faut et parce que je n’ai pas le choix.



15 Mars
C’en est trop, je n’en peux plus de ce manque qui me noue la gorge. Je pensais que ça s’atténuerait mais c’est de pire en pire. J’en suis rendue à aller en parfumerie régulièrement pour renifler son parfum. Je vais devoir en acheter un flacon si ça continue car la vendeuse me prend pour une folle, et je crois bien que c’est ce que je suis, folle, oui, folle de lui.



20 Mars
C’est décidé, je veux le voir, mais je sais que si je l’appelle, il ne décrochera pas. Alors je ruse, j’appelle Lucie et lui dit que j’ai besoin de sortir et de voir du monde.
Elle me dit qu’ils ont prévus une soirée chez eux dans une quinzaine de jours, que tout le monde sera là et qu’elle serait ravie que je vienne. Puis elle me demande si je suis sure de vouloir venir car Liam sera accompagné. Je ravale la boule dans ma gorge et lui répond que ce n’est pas un problème. Je suis prête à tout pour plonger encore une fois au fond des prunelles vertes de mon artiste.

Appartiens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant