Chapitre huit

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Lorsqu'Edenn pénétra dans l'enceinte de l'université, une étrange sensation traversa son corps. L'ambiance n'était pas comme d'habitude, une espèce de tension pesait dans les couloirs. Aucun élève ne braillait à l'autre bout du corridor, on pouvait presque entendre les mouches voler. Les étudiants passaient près d'elle sans faire attention à sa présence, un courant d'air au milieu de l'allée, plusieurs néons clignotaient en grésillant.

On se croirait dans un film d'horreur, songea la jeune femme sans faire plus attention que cela à son environnement. Elle ignorait la cause de ce climat particulier mais tout ce cirque ne la concernait pas. S'ils avaient décidé de faire le silence, tant mieux, ils remarqueraient très vite que leurs prétendues migraines étaient surtout liées au vacarme incessant qu'ils produisaient.

Elle continua sa route, le menton baissé vers le carrelage sans se soucier de ce qui se passait autour d'elle. Alors qu'elle grimpait une première session d'escaliers, une discussion entre deux adolescents la fit s'arrêter sur une marche, un pied suspendu en l'air.

Tu as vu dans le journal ?

– Oui... Ils partaient en randonnée ce week-end, sa mère a été retrouvée égorgée mais Steve... Il a disparu...

Son sang se glaça dans ses veines. Steve... Ce nom lui disait quelque chose. Il lui semblait qu'il y avait quelqu'un de sa classe qui s'appelait comme ça, Steve ou Steven, elle ne se souvenait plus – rien d'étonnant à ça, Edenn ne communiquait avec personne hormis Noah. A quoi ressemblait ce type déjà... Le néant de ses souvenirs s'imposa à elle et la rousse soupira face à sa mémoire de poisson rouge. Elle tendit l'oreille, souhaitant en apprendre plus sur ce fameux Steve. Visiblement, un incident s'était produit à la fin de la semaine.

Il a vraiment disparu ? Comme ça, sans laisser de traces ? demanda le premier universitaire, un grand gars tout maigre nageant dans un sweat et aux cheveux tirés en arrière.

Dans le journal ils disent que le corps de sa mère a été retrouvé gisant pas loin de la carrière, que sa carotide avait été tranchée... Mais lui, aucun chien n'a pu détecté sa trace. Il s'est volatilisé, et même les traces de sang retrouvées ne peuvent pas dire où est-ce qu'il a été emmené.

– Mon dieu... Quelle horreur. C'est encore un de leur coup...

L'auburn arrêta d'écouter leur conversation à cet instant précis. Elle avait obtenu els informations qu'elle recherchait – un élève avait disparu. Le corps de la mère balancé dans un ruisseau non loin de la carrière. Les corps ne cessaient de s'empiler dernièrement, les mortels se méfiaient et si ce cinéma se poursuivait, les morts s'accumuleraient encore et encore, sans fin. Un cercle vicieux se dessinait depuis plusieurs lunes, la roue infernale se relançait une nouvelle fois.

Edenn devait prévenir Ysabeau et Yugyeom qu'un nouveau crime avait été commis et qu'il ne pouvait s'agir que de ce groupe. Son intuition lui murmurait qu'ils avaient frappé, si elle accédait aux photos de la scène du meurtre, elle saurait s'il s'agissait du groupuscule ou non. Elle bifurqua dans une autre artère tout aussi déserte que les autres – à force de progresser, la goule ressentait un profond malaise. De nombreux regards se posaient sur elle, méfiants au possible et elle accéléra le pas, désireuse de gagner au plus vite sa salle de classe.

Cependant certains ne paraissaient pas de cet avis. Elle avançait tête baissée, si bien qu'elle ne se rendit pas compte qu'elle fonçait droit sur un peloton d'élèves aux visages fermés. Edenn allait changer de direction pour rejoindre Noah quand une poigne vigoureuse l'attrapa par le col, lui arrachant une grimace de consternation. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait ?

Le prix de ton âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant