Chapitre quinze

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Je suis stupide. Stupide, abrutie, débile.

Edenn répétait ces mêmes adjectifs sans s'arrêter, tournant en rond dans sa chambre. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de dire tout ça à Jaebeom ? Sur le moment, elle n'avait pas réfléchi une seule seconde aux conséquences de ses actes. Elle n'avait pas tourné sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, comme lui avait répété tant de fois sa tutrice : son impulsivité lui avait de nouveau joué des tours.

Seulement, ses paroles n'étaient pas anodines. En repensant au regard du vampire, à ses prunelles d'obsidienne remplies d'étoiles, son estomac se noua. Elle prit son visage entre ses doigts en gémissant de désespoir, en proie à un remord si intense qu'il lui donnait la nausée. Jamais elle n'aurait dû agir de la sorte. Tout était sa faute, elle ne pouvait pas blâmer son camarade... La coupable dans l'histoire, c'était elle, et personne d'autre.

Si elle n'avait pas accepté son invitation, ils ne seraient pas allés boire ce café, ils ne seraient pas monté jusqu'à la cathédrale pour voir les étoiles filantes et elle n'aurait pas déblatérer toutes ces idioties. Edenn se recroquevilla sur son lit, épuisée par la multitude d'idées qui l'assaillaient. Depuis qu'elle était rentrée, la rousse n'avait pas bougé de son alcôve, fermant les volets et la porte à clef.

Sérieusement, qu'est-ce que je fous ? murmura-t-elle, étendue sur son matelas.

Qu'est-ce que tu fous ? Tu mets tout en échec. Aucune possibilité de t'évader, tu es prisonnière. Elle plaqua son oreiller sur son visage, les larmes aux yeux. Comment avait-elle pu commettre une telle hérésie ? Avouer à un membre du clan ennemi qu'elle aurait pu tomber amoureuse de lui ? Le secret devenait lourd à porter, combien de temps tiendrait-elle dans cette position plus qu'inconfortable ?

Deux choix s'offraient à elle. Soit elle avouait tout à sa famille et risquait de se faire exiler, soit elle continuait à progresser dans ce bourbier. La goule se tapa le front à plusieurs reprises, complètement perdue. Impossible de faire marche arrière à ce stade-ci, elle était allée trop loin pour faire demi-tour. Si elle se confessait, Edenn imaginait déjà la déception dans le regard de Yugyeom. Sans parler de la colère d'Ysabeau... Mais à côté de la désillusion de son meilleur ami, la fureur de sa garante ne lui faisait ni chaud ni froid.

Elle s'était tant confiée à lui lorsqu'elle était plus jeune. Elle lui avait tout raconté, y compris ses déboires les plus dangereux, ses escapades nocturnes... Elle n'osait envisagé sa réaction lorsqu'il apprendrait qu'elle côtoyait un buveur de sang. Une perle salée roula sur sa joue, réalisant à quel point elle abusait de la confiance de ses proches. Rien au monde n'était en mesure de réparer son erreur. L'étudiante était seule au monde.

C'est toi qui as voulu tout ça, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

Un sanglot la secoue et elle plongea son faciès dans sa peluche chauve-souris, en proie à une affliction qu'elle ne pensait jamais connaître. Son organe vital se contractait douloureusement dans son médiastin alors qu'un peu de morve coulait de ses narines. Elle renifla, roulée en boule sous son édredon, serrant son doudou contre elle. Edenn avait l'impression de détruire tout ce qu'elle touchait ; tous ses projets, tous ses espoirs s'anéantissaient toujours.

Comme si un être supérieur refusait qu'elle mène sa vie comme elle l'entendait. Une existence maudite certes, de part sa nature de goule, mais elle n'aspirait pas à réaliser de grandes choses, si ce n'était demeurer dans sa maison forestière et terminer ses études. Pas de projection lointaine, juste le strict minimum. Elle larmoyait en silence dans l'obscurité de sa chambre, plongée dans un profond désespoir.

Désespoir animé par sa déclaration à l'égard de Jaebeom. Elle se souvenait parfaitement des détails de son expression lorsqu'elle lui avait dit qu'elle aurait pu tomber amoureuse de lui. La surprise ponctuée d'une sorte de joie avait animé ses prunelles. En y repensant, la jeune femme fut traversée par une vague chaude, diffusant une douce chaleur dans son ventre. Qu'est-ce que...

Le prix de ton âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant