Chapitre vingt

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Je peux te parler ?

La jeune femme avait longuement hésité avant de se décider à lui parler. Elle ne savait pas si elle prenait la bonne décision en le prenant à part de la sorte, seulement elle ne voyait pas d'autres solutions. Les évènements avaient pris trop d'ampleur pour qu'elle continue à se terrer dans le silence. Même Yugyeom ignorait tout de cette mystérieuse conversation qu'elle avait eu avec l'inconnu dans la bibliothèque.

Il était temps que sa déclaration sorte de sous le tapis. Bien qu'elle ait essayé de résoudre ce problème seule, aucune réponse n'avait été apportée. Ysabeau avait été claire au sujet de Ruth et Abrahel : certaines choses restaient secrètes, et ce pour de bonnes raisons. Et ça, la rousse ne parvenait pas à l'accepter. Pourquoi conserver tant d'énigmes ?

J'arrive, répondit le vampire en se levant de sa place.

Beaucoup de choses s'étaient passées durant les derniers jours et l'étrange lettre reçue après la disparition de la petite fille avait ébranlé les peuples de la nuit. Certaines phrases faisaient étrangement écho à l'étudiante, sans vraiment se souvenir où et quand elle avait entendu parler d'un jardin. En revanche, cette histoire de cauchemars devenus réels lui retournait l'estomac. Comme si à travers les lignes, l'auteur cherchait à lui parler. Encore une fois il ne s'agissait qu'une impression, mais elle ne parvenait pas à se détacher de ça.

Ils s'installèrent à l'abri des regards indiscrets, dans un coin du hall d'entrée. Edenn se mordit la lèvre inférieure, nerveuse au possible. La réaction de Jaebeom était imprévisible, il pouvait tout aussi bien s'énerver que se montrer aussi doux qu'un agneau. Il s'adossa contre le mur, attendant qu'elle parle.

Tu te souviens quand tu m'as rejointe à la bibliothèque la dernière fois ? commença l'auburn.

Oui, t'étais en train de lire je sais pas quel bouquin sur les animaux nocturnes.

Elle haussa un sourcil, il se souvenait de ce détail si infime ?

Peut-être, je me rappelle pas tout ce que j'ai pu feuilleter. Dans tous les cas, ce n'est pas ça qui est important...

Sa voix s'éteignit dans un souffle alors que des bribes remontaient à la surface. Les iris écarlate de l'inconnu qui la scrutaient, malsains, son sourire pernicieux...

Le type qui est venu me taper la causette, je ne le connaissais pas. Je t'ai menti.

Le brun s'immobilisa. Avait-il bien entendu ? Aussitôt, un tas de scénarios possibles se dessinèrent dans son esprit et il tenta de chasser ses mauvaises idées, bien que le pire s'imposât à lui.

Comment ça tu ne le connaissais pas ? Tu ne l'avais pas jamais vu de ta vie ? glissa-t-il, le sang battant à ses tempes.

Elle secoua la tête, la gorge sèche. Rien qu'avec cette confession, il semblait entrer dans une colère noire, alors qu'est-ce qu'il allait dire lorsqu'elle lui avouerait le contenu de la discussion... Dans quel pétrin t'es-tu encore mise ma pauvre, songea-t-elle en se dandinant, mal à l'aise.

Il s'est pointé comme si de rien était, son odeur était... Étrange. Tu sais, comme du charbon, chargé de métal, c'était très bizarre. J'ai tout de suite compris que ce n'était pas un élève, qu'il venait de l'extérieur. Il paraissait bien connaître les lieux en tout cas, continua la rouquine, prête à se livrer complètement.

Par où commencer le récit ? Tout s'enchevêtrait, créant un méli-mélo impossible à dépêtrer.

Il a commencé à me parler de choses très bizarres, à me poser des questions sur un fruit que je n'aurais pas encore croqué...

Le prix de ton âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant