Le prix de ton âme

Chapitre vingt-et-un

« Dis Edenn, tu penses qu'il y a quelque chose après la mort ?

– Qu'est-ce que tu me racontes là ? T'as des idées vraiment bizarre des fois Noah. Ce qu'il y a après la mort ? J'en sais rien, puisque je le suis pas encore. Je vais pas me poser des questions sur un évènement que je ne connais pas et dont personne n'en a vraiment connaissance » répondit Edenn en haussant les épaules.

La brune rit à sa remarque avant de pointer la mine de son stylo dans sa direction. Décidément, les humains étaient des êtres surprenants. Elle lui adressa un grand sourire, geste que la goule ne comprit pas sur le coup, puis prit une position très sérieuse, comme si elle priait.

« J'espère que je mourrais vieille et entourée de chats mais si quelque chose doit m'arriver, si j'ai un accident, j'aimerais que vous ne soyez pas tristes. Je vous regarderais, où que je sois, alors... Ne soyez pas tristes, je ne veux pas qu'on s'apitoie sur moi. J'aurais vécu une vie calme mais remplie d'amour, entourée de gens que j'apprécie. Tu le promets Edenn ? Que tu ne seras pas triste si je viens à mourir. »

La rousse sortit de la maison, suivie par Jaebeom. Une bruine légère tombait sur le quartier, noyant dans une espèce de brume l'allée envahie de policiers et brigadiers anti-créatures. Elle battit des paupières, à la recherche d'un échappatoire. Son cœur battait au ralenti dans sa prison de chair, un peu comme le reste de son organisme. Ses poils se dressèrent sur ses avant-bras au contact de l'air glacé, cependant elle ne se couvrit pas davantage.

Son enveloppe ne se composait plus que d'un trou béant. Plus de sensations, plus de sentiments, juste une coquille vide qui se déplaçait sous la pluie battante. L'inspectrice qui lui avait ouvert la porte lui posa une question, ses mots la traversèrent sans la pénétrer complètement. Un cosmonaute à la dérive dans l'espace.

– Vous êtes pâle mademoiselle, est-ce que ça va ? Je comprends votre détresse et je vous présente une fois de plus mes condoléances, fit la femme avec un sourire qui se voulait réconfortant.

– Ça va... Enfin comme ça irait après avoir appris la mort d'un proche.

Son ton détaché fit tiquer la Sohei mais elle n'ajouta rien. Edenn n'avait pas la force de la contredire, d'aller à contre-courant. Son cerveau fonctionnait si lentement qu'on pouvait la frapper, elle ne serait pas sûre de sentir les coups qu'on lui portait.

– Prenez soin de vous mademoiselle, que les divinités vous accompagnent dans cette épreuve.

Elle esquissa le salut des militaires, penchée en avant et l'étudiante l'imite sans faire de vagues. Si cela permettait de quitter cet endroit au plus vite, elle ferait tout ce qu'ils lui demandaient. L'auburn s'apprêtait à tourner les talons, quand la chasseuse posa sa main sur son épaule et il fallut mobiliser toute sa volonté à l'universitaire pour ne lui coller deux baffes dans sa figure. De quel droit osait-elle la toucher ?

– Je vous promets que nous attraperons l'horrible créature qui a fait ça.

Une promesse qui sonna faux aux oreilles de la rouquine. Elle se contenta de lui lancer une œillade remplie de tristesse avant de se congédier. Une nuée de bourdons envahissait sa boîte crânienne, l'impression de progresser dans de la boue, la langue pâteuse et un goût de bile terrée au fond du gosier. Elle franchit les barrières de sécurité, secondée par un Jaebeom hésitant dans ses gestes, ne sachant pas s'il devait parler ou non.

Il préféra la laisser, conscient du traumatisme qu'elle venait de vivre. L'image figée du cadavre de Noah lui revint en mémoire et il serra les dents sous l'afflux de colère. Pour quelles raisons s'en étaient-ils pris à elle ? Il n'y avait aucune excuse pour ce crime, comme pour tous les autres certes mais celui-ci encore plus car cela touchait un proche.