• Dïx-hûįt•

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La porte de mon studio s'ouvre en un grincement digne des plus grands films d'horreur et la vérité me fouette en pleine face : j'ai passé tellement de temps dans l'énorme bâtisse de Parker que mon appartement me semble minuscule, presque inexistant. Je veux dire, le studio entier fait à peine la taille de son lit. Et c'est peu dire. Tellement d'événements sont apparus depuis que j'ai quitté cet immeuble la dernière fois. Mais, je sais pas, depuis la semaine dernière, je ressens un truc au fond de moi. J'ai l'impression que pour une fois, j'ai le droit d'être heureux. J'ai le droit de me reposer un peu avant la prochaine catastrophe. Je sais mieux que personne que ces moments sont très courts, et que quand on y goûte, il faut en profiter au maximum.

Et c'est ce que je fais.

J'en profite un max. Parce que je sais que ça ne va pas durer. Parce que, si depuis qu'on a commencé, j'ai cette boule dans l'estomac, ce n'est pas pour rien. C'est pour me rappeler que ce bonheur, je n'y aurai pas le droit longtemps et que de toute façon, il ne faut surtout pas que je m'attache.

Mais je crois bien que c'est trop tard. Il a lancé comme un espèce de sortilège sur moi et je n'ai pas le remède. La seule chose que je peux faire c'est espérer. Espérer ne pas être déçu, espérer ne pas me tromper en me disant que c'est peut-être bien le bon ou encore espérer qu'on affrontera ensemble les problèmes qui nous tomberont sûrement dessus. En attendant, je me contente de relativiser. Après tout, il est possible que je m'invente une vie, si ça se trouve, aucune merde ne fera son apparition et on continuera à apprécier la vie comme elle vient plutôt que de flipper en imaginant le futur.

Je soupire.

Depuis le début, beaucoup de choses ont changés. A commencer par le fait que la personne la plus détestable du monde est devenu mon copain. J'ai assisté à mon premier enterrement qui plus est, celui de sa mère. Et puis, entre temps, j'ai perdu ma meilleure amie.

Fais chier.

Il faut vraiment que j'arrange ça. Pour l'instant, tout se passe bien. Et, insatiable que je suis, j'aimerais que ça se passe encore mieux. Et pour ce faire, il ne me manque qu'une seule chose : Nora Adams.

Pris dans un élan de bonne humeur, je me vois attraper mon portable pour lui souffler un rendez-vous. Elle ne se fait pas prier — secrètement, je suis sûr qu'elle n'attendait que ça — et me répond bien vite, presque immédiatement qu'elle sera présente avec plaisir.

Au moins ça c'est fait. J'ai plus qu'à tout lui expliquer. Je vais y arriver quand même.


Je lui ai enjoint de me retrouver dans un café pas loin de chez nous. J'ai pris la liberté de lui commander sa boisson préférée et de choisir une table plutôt à l'écart, il faut dire que que j'ai beaucoup de choses à lui raconter. Je me perds dans mes pensées un instant et, lorsque la porte coulisse, je l'aperçoit, je me met immédiatement à faire des gestes dans tout les sens pour lui indiquer ma présence.

Je la vois enfin s'approcher de moi et j'hésite à lui faire un câlin. Hésitation qui ne rime à rien puisque qu'elle se pose sur la chaise en bois après m'avoir salué.

Je cache ma grimace.

— Je t'ai commandé ton préféré.

Elle regarde le gobelet portant son nom, l'attrape puis y pose ses lèvres pour le goûter.

— Merci, c'est toujours aussi délicieux !

Elle me sourit et je fais de même. Sauf que je sais que ce n'est qu'une façade. Je lis en elle comme en un livre ouvert et lorsqu'elle triture son oreille comme maintenant, ça veux dire qu'elle est confuse. Et je confirme mes dires quand elle prend la parole :

Just feel it ~ [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant