•Dëūx•

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Quand on arrive dans l'amphithéâtre, quelques personnes sont déjà là, placées au premier rang à attendre sagement que le cours commence. Je veux bien être un bon élève mais je ne pourrai jamais m'asseoir volontairement devant, il faudrait supporter les postillons du prof et les rires dans son dos, très peu pour moi.

Je me dirige vers le dernier rang mais avant d'y parvenir, je me sens tiré vers le côté et mes fesses se posent rapidement sur le bois froid ce qui me fait grimacer de douleur. Je jette un regard noir à Nora et lui demande une raison pour laquelle elle a agressé mes fesses sans raisons dès le matin.

— Désormais, notre place est ici, me dit-elle, sérieusement.

— Parce que tu as décidé d'écouter les cours maintenant ? En littérature en plus ?

— Non, bien sûr que non, tu me connais quand même. Mais regarde, elle me montre la place devant nous d'un mouvement de tête et je suis son regard.

C'est Liam Beck, le mec sur qui elle est depuis la quatrième. Et elle n'a jamais osé lui adresser la parole.

— Liam, t'es sérieuse ? Depuis quand tu as du courage toi ? je roule des yeux et sort finalement mes affaires.

— Et bien, j'ai décidé que cette année serait la bonne, je vais lui dire les sentiments que j'ai à son égard.

Je la regarde, blasé et constate malgré moi qu'elle est sérieuse.

— Attends, tu parles sérieusement ?

— Oui imbécile, et je veux que tu me soutiennes.

— Mais je te soutiendrais toujours ma belle, prouve-moi juste que tu ne vas pas te dégonfler comme les quatre dernières  années.

Elle fait une moue d'enfant battu et s'assoit lourdement, la tête dans les bras. Je rigole et lui fait un câlin pour lui montrer que je suis là, peu importe l'homme avec qui elle est.

Le bruit d'une porte qui claque me fait tourner la tête et je le vois arriver avec ses amis. Je le suis distraitement du regard et détourne immédiatement la tête quand j'aperçois qu'il m'a cramé et l'ignore, comme à mon habitude.

Sauf qu'il m'a vu et je suis sûr que maintenant, il va prendre la grosse tête.

Le prof arrive tout aussi blasé que nous et commence sa présentation. Il nous annonce qu'il y'aura deux grands projets cette année et qu'ils sont très important dans notre formation. Le premier devoir est un projet de groupe en association avec le cours de théâtre. Je regarde malicieusement Nora et elle hoche la tête, signifiant qu'elle a compris mon message.

— J'ai fais les groupes, écoutez bien je vais pas me répéter, dit-il un sourire malicieux prenant place petit à petit sur ses lèvres sèches.

Je soupire et il ajoute :

— Vous devrez réaliser un extrait d'une pièce de théâtre entièrement sortie de votre imagination et la jouer de la meilleure des façons. Chacun des groupes aura un sujet spécial et je veux que l'extrait soit centré sur ce sujet. Bien, Andrews et Johnson, vous aurez la joie...

Il continu et je pris réellement à l'intérieur de moi pour être dans le même groupe que Nora. Mais connaissant mon karma de merde c'est sûr que...

— Adams et Beck, la haine.

Nora me regarde avec des étoiles dans les yeux, la chance...elle va enfin avoir un prétexte pour lui adresser la parole. Je rigole lorsque je la vois déjà en train de prendre le numéro de son futur amoureux.

— Evans et Jefferson, vous aurez l'amour et pour finir Lancy et ...

Je n'écoute pas la fin de sa phrase et me fige.

Flûte.

Je me retourne et vois qu'il m'observe avec dégoût. Je penses « moi aussi je te déteste, connard » mais ne n'ose pas le dire haute voix, de peur.

— Fais chier.

De là où elle est, Nora me lance un regard comme pour me demander si ça va aller et je me contente de lui sourire en hochant la tête. Bien sûr que non ça ne va pas aller.

Pour finir, le prof annonce que c'est 70% de notre moyenne et que personne n'a intérêt à se louper.

Le voyage de fin d'année est le rêve de chaque étudiant et l'établissement à décidé l'année dernière que seul sont ceux qui compteront parmi les meilleures qui pourront le faire. Il est évidant que que c'est devenu notre objectif avec Nora dès notre première année.

La meilleure note définira sûrement les meilleurs élèves et je dois absolument en faire parti si je veux réaliser mon objectif, et en ce qui concerne Nora, je ne doute pas de son talent. Mon seul petit problème est mon partenaire. Flûte. Je déteste ma vie, enfin je le déteste. Je savais que quelque chose allait me faire regretter de m'être levé ce matin, néanmoins je n'imaginais pas une telle catastrophe. Et c'est exactement ça.

Une putain de catastrophe.

Nora m'a lâchement abandonné pour partir avec son mec et je me retrouve tout seul, planté devant les portes de la fac. Je ne sais pas exactement ce que j'attends, mais je reste quand même. Peut-être que si je persiste et que si je me concentre vraiment, un miracle tombera du ciel ?

Pleinement conscient de ma connerie, j'essaye quand même et me concentre pour que quelque chose, quoi que cela puisse être, soit capable de rattraper ma journée pourrie.
Sauf qu'à la place d'apercevoir un miracle, je le vois sortir, son chapeau sur la tête, le nez dans son téléphone, sûrement en train de poster une story sur son nouvel eye liner « carrément trop ouf ». Il ne m'a pas encore vu et je fais semblant d'être occupé par quelque chose devant moi.

— Ho, toi là, Jefferson, il faudrait peut être qu'on s'organise ?

Je suis complètement con. Si j'étais rentré directement chez moi, je n'aurais pas eu à supporter sa face de rat. Je savais qu'il fallait bien qu'on parle un jour ou l'autre mais j'avoue que je pensais que ça arriverai bien plus tard.

— Hum, ouais peut-être.

Il me regarde de haut en bas, comme il a l'habitude de le faire avec tout le monde et me répond, blasé :

— Bon écoute, on sait tout les deux qu'on ne se porte pas dans nos cœurs, mais sérieusement, arrête de faire ta timide et passe ton numéro qu'on puisse se parler, j'ai pas que ça faire.

Il prononce le mot « timide » avec plus de dégoût que le reste sa phrase mais je n'y fait pas attention. A la place, je lui tend mon portable et il enregistre son numéro. Je n'arrive pas a croire qu'à ce moment là, il parait carrément plus mature que moi. Il agit comme d'habitude, le menton relevé avec son air méprisant, alors pourquoi moi, je paraît complètement troublé ?

Argh.

Il me jette presque mon téléphone à la figure avec son contact désormais à l'intérieur.

— Bon bah tiens. Et évite de le donner à n'importe qui. Il roule des yeux en haussant un de ses sourcils sur-maquillés et se barre me laissant comme un con sur le trottoir.

Comme si j'allais me venter d'avoir son numéro. Je sers la mâchoire et soupire. Il n'en vaut pas la peine.

C'est génial, maintenant il va falloir que je me le trimbale tout le temps dans les pattes, mon année risque d'être excitante !

Just feel it ~ [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant