Chapitre 1 - 1 : Découvrir Lacosta (Edward)

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- Jeune homme, nous sommes au terminus.

La voix grave et sévère du contrôleur m'avait tiré de mon sommeil, et j'ouvris péniblement un œil pour me heurter à un brouillard lumineux. Je repris conscience de la moiteur étouffante qui régnait dans le wagon et me sentis soudainement soulagé à l'idée d'en sortir.

Je me redressai, encore un peu abruti de chaleur et de sommeil, et remerciai l'homme aussi aimablement que possible tout en refermant ma besace avant de la passer à l'épaule. Je m'étirai, puis me levai, sentant un petit élancement dans ma jambe gauche, signe que je n'étais pas encore tout à fait guéri.

C'est donc à pas lents que je parcourus le couloir avant de sortir à l'air libre, accueilli par une bourrasque qui m'envoya les cheveux dans la figure. Le jour baissant, la température avait un peu chuté, mais c'était encore une chaude journée d'été qui se terminait. L'air lourd portait l'odeur du goudron, de la poussière, du métal brûlant du train, du cuir craquant des valises, mais aussi celle, plus lointaine, des herbes coupées, des plantes et des fruits.

Une odeur de paradis.

- Al, on...

Le mouvement de main que j'avais entamé machinalement pour toquer sur le torse de l'armure métallique de mon frère s'arrêta net. Je me sentis ridicule d'avoir momentanément oublié son absence, et douloureusement seul. J'avais beaucoup de mal à l'idée d'être séparé de lui comme ça. Mais dans l'état actuel des choses, on pouvait difficilement faire autrement. Il ne m'en manquait que davantage.

Je croisais mon reflet dans les vitres du train tandis que je remontais le quai à pas lents, perpétuellement surpris de m'y trouver seul, plus affecté par le vide laissé par mon frère que je ne pouvais me l'avouer. Me voyant dans les fenêtres du wagon, les cheveux blonds s'échappant de ma tresse après une longue sieste, portant mon habituelle tenue rouge et noire, je peinais à croire que tout ce qui était arrivé ces derniers jours pouvait être réel. Extérieurement, on aurait pu croire que rien n'avait changé. Et pourtant...

Je me concentrai sur les lieux pour ne pas formuler la pensée qui me hantait depuis deux semaines

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Je me concentrai sur les lieux pour ne pas formuler la pensée qui me hantait depuis deux semaines. Puisque je ne pouvais rien faire, pour l'instant au moins, autant ne pas se morfondre inutilement. J'arrivai dans le hall de la gare de Fenief, qui me parut étrangement petite et vide après mon départ de la gare centrale et mon escale à South City. Si j'en jugeais par l'unique guichet et le peu de sièges dans la bâtisse de pierre qui gardait agréablement la fraîcheur, Fenief devait être à peine plus grand que Resembool, ce qui me rassurait un peu. Je n'aurais sans doute pas de difficulté à trouver un hôtel où passer la nuit. En revanche, pour trouver comment aller jusqu'à Lacosta, cela risquait d'être une autre paire de manches.

Je profitai du fait que le guichet soit libre pour demander à la dame entre deux âges qui le tenait quelques renseignements.

- Bonjour.

- Bonsoir, répondit-elle d'un ton affable.

- Je me demandais comment atteindre la ville de Lacosta, je sais que nous n'en sommes pas très loin...

- Lacosta ? répéta-t-elle en plissant les yeux, tandis que son expression chaleureuse disparaissait soudainement.

- Oui, Lacosta, confirmai-je, sentant un regard désapprobateur me tomber dessus. Ce n'est pas très loin d'ici, n'est-ce pas ?

- Pour aller à Lacosta, il faut chercher des conducteurs sur la place aux poissons. Vous trouverez sûrement quelqu'un pour vous y emmener demain, mais...

- Très bien, merci beaucoup, fis-je en hochant la tête aussi poliment que possible, tentant d'ignorer le mépris dont je faisais l'objet.

- ... Vous m'avez l'air bien jeune pour aller là-bas... fit-elle à mi-voix.

- Qu'est-ce que vous dites ? demandai-je en me penchant vers elle.

- Vous ne devriez pas aller là-bas, chuchota-t-elle d'un ton mi-indigné, mi-apeuré. Ce n'est pas raisonnable.

- Pourquoi ?

- Je suis désolée jeune homme, les horaires sont les horaires, je dois fermer ce guichet ! coupa-t-elle d'une voix claire alors qu'elle s'était redressée sur son siège. Je ne peux pas vous aider davantage.

Je m'écartai et la vis descendre vivement le store d'une main un peu nerveuse. Manifestement, elle n'osait pas parler plus en détail. Je jetai un coup d'œil circulaire autour de moi, espérant trouver ce qui la menaçait, mais personne n'attira mon attention parmi les rares passants.

Dans quoi je me suis embarqué, encore ?  pensai-je avec une pointe d'inquiétude.

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Voilà, une nouvelle partie ! J'espère qu'elle vous a plu ! A la place d'Edward, à quel point seriez-vous inquiets ?

Comme vous pouvez le voir, après Alphonse, nous voici dans la peau d'Edward ! Le point de vue tourne à chaque chapitre, mais comme je les ai recoupés pour que ce soit plus agréable à lire, le changement de narrateur se fera tous les 4 chapitres en moyenne. J'espère que vous aimerez découvrir l'intrigue à travers le regard des différents personnages ! :) 

A vendredi pour la suite ! 

Bras de fer, Gant de velours - Première partie : LacostaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant