Chapitre 13 - 2 : Dépôt de plainte (Edward)

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Faire tomber le masque aurait permis de tout simplifier, mais la nausée me venait à cette simple idée. Quel genre de regards devrais-je subir si on apprenait qu'Edward Elric et Iris Swan étaient une seule et même personne ? On me reluquerait encore comme l'avaient fait les clients le soir de la première, on commenterait mon apparence en permanence... Et si ça arrivait, les gens lisant le rapport n'auraient pas de mal à deviner que... que mon corps avait été transformé.

Et je préférais mourir plutôt que de laisser Mustang et sa clique savoir que j'avais dansé en petite tenue sur une scène de cabaret, même pour le bien de la mission. Je n'avais pas envie de les entendre se moquer de moi sur les trois prochaines générations.

Je réalisais que, en proie à mes débats intérieurs, j'étais incapable de répéter ce qu'avait dit l'homme en face de moi.

- Est-ce que vous pouvez répéter ? Je suis désolée, je suis épuisée, murmurai-je en pressant mes paumes sur mes yeux fermés, surjouant un peu une lassitude pourtant bien réelle. Je dois remonter sur scène ce soir, et... Je ne sais pas si j'en serais capable...

- Allons, mademoiselle. Le danger est passé maintenant, fit-il avec une sollicitude mêlée d'impatience.

Si seulement...

Je hochai la tête sans dévoiler mon visage. Si mes intonations étaient artificielles, mon épuisement était bien réel. Je mourais d'envie de m'effondrer dans un lit et de savourer une nuit de sommeil réparatrice qui effacerait peut-être le mal de tête et la nausée qui me suivaient depuis que j'avais été chloroformé.

- Après vous avoir libéré, que s'est-il passé ?

- Ils ont demandé comment j'allais, s'il m'avait fait mal... J'avais les jambes coupées, je ne me sentais pas capable de repartir avec eux. Ils m'ont confié le pistolet que Landry portait sur lui, et Edward a réparé la porte pour que je puisse la refermer derrière eux et me protéger... Je les ai attendus. Et puis Edward est revenue me chercher. Il m'a dit que tout était fini, que je pouvais rejoindre les autres en bas pendant qu'il vérifiait une dernière chose.

- Une dernière chose ?

- Il n'a pas été plus précis que ça, répondis-je tout en songeant qu'il allait falloir inventer un truc plus précis pour mon deuxième témoignage. J'ai descendu l'escalier, et les autres étaient dans l'entrée. Puis Roxane m'a dit de venir, et je suis rentrée en voiture avec elle, Edward, et un militaire.

Cette dernière phrase était globalement vraie. J'aurais sûrement dû ajouter des détails, mais je n'avais pas le courage de mentir plus longtemps. Je voulais juste retrouver le confort de mon apparence masculine et en finir avec cette histoire.

- Vous savez qui c'était ?

- Je ne sais pas son nom, mais je pourrais le reconnaître si je le voyais, mentis-je simplement.

- Écoutez, vous avez l'air assez secouée par les événements, je pense que ça suffira pour aujourd'hui. Si on a encore besoin de vous, on vous demandera de revenir témoigner, d'accord ?

- D'accord.

- Allez vous reposer maintenant.

- Je vous remercie, soufflai-je d'une voix un peu faible.

Je quittai la pièce d'un pas presque chancelant, enserrant la bandoulière de mon sac comme si elle m'empêcherait de tomber. Comment étais-je devenu une fille aussi convaincante ? Par épuisement sans doute...

Mais, pas de fatigue qui tienne,maintenant que cette épreuve était terminée, il était temps qu'Edward revienne en scène. Je bifurquai dans les toilettes du bâtiment pour me changer dans une cabine. Je repris ma tenue habituelle avec un soupir de soulagement, et me frictionnai le visage à l'eau pour en faire partir le maquillage, ce qui me redonna un petit coup de fouet après cette nuit blanche. Enfin, je me rattachai les cheveux en tresse, et adressai un regard soulagé à mon reflet. J'étais redevenu moi-même.

Bras de fer, Gant de velours - Première partie : LacostaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant