Chapitre 4 - 1 : Découvrir une alliée (Edward)

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Enfin, je commençais à y voir plus clair. Depuis mon arrivée à Lacosta, j'avais eu le temps de visiter la ville, le nez au vent, pour me faire une idée de l'ambiance qui y régnait. J'avais repéré les lieux qui avaient été le théâtre des événements qui m'avaient fait venir ici et constaté que les gens n'étaient plus très bavards dès que l'on abordait des sujets gênants. Il suffisait d'évoquer le nom de Fanny Wilder pour que tous les visages se ferment et que l'on regarde ailleurs.

Puis j'avais eu la chance de rencontrer Roxane. Non seulement elle ne m'avait pas fait sortir quand je lui avais posé des questions, mais en plus, elle avait accepté de me voir après son spectacle. Même s'il fallait avouer que j'avais vraiment beaucoup de mal à la regarder en face après l'avoir vu danser nue ou peu s'en faut sur la scène du Angel's Chest, j'étais content d'avoir trouvé quelqu'un qui acceptait enfin de répondre à mes questions. Elle m'avait taquiné en me voyant rougir jusqu'aux oreilles alors que je la voyais arriver, disant que ça n'était qu'un métier parmi d'autres et qu'il ne fallait pas s'embarrasser comme ça. Puis elle m'avait proposé de venir chez elle pour discuter en tout discrétion.

Elle m'avait fait descendre un grand escalier de pierre qui se frayait un chemin sinueux entre des maisons à la rectitude relative, laissant entrevoir des rues étroites aux enseignes vives, la plupart très animées, certaines décorées de lampions. L'ambiance était tellement festive que je peinais à croire que le contenu du dossier était vrai quand je voyais comme les lieux étaient animés. C'était une belle ville, les bâtiments du centre-ville étaient particulièrement spectaculaires, mais même ceux des autres quartiers avaient du charme ou de l'élégance. Difficile de croire, en voyant les passants joyeux discuter un verre à la main, que les lieux avaient été le théâtre de meurtres et de disparitions depuis plusieurs mois.

- Dans le pays, on dit que si on se force assez à sourire, on finit par être vraiment heureux, expliqua la rouquine comme si elle avait deviné à qui je pensais. Alors, même quand ça va mal, on chante et on danse.

- Et ça marche ?

- Je ne sais pas si je suis heureuse, mais ça serait pire si je ne savais pas sourire, répondit-elle évasivement.

Elle m'avait mené dans un quartier plus pauvre, là où les immeubles bas s'adossaient les uns aux autres, toutes les façades barrées par les mêmes escaliers de secours. Certaines portaient encore des traces d'un incendie ancien, des fissures, et même des explosions. Des murs écroulés avaient été réparés à la va-vite, certains étaient restés en ruine, simplement bâchés ou remplacés par de la tôle ondulée. Je ne pouvais m'empêcher de fixer les bâtiments couverts de cicatrices, me mordant les lèvres.

- C'était durant la rébellion ishbale. Beaucoup d'entre eux sont venus jusqu'ici dans l'espoir de passer la frontière d'Aruego. Je suppose que quelques-uns ont réussi, mais la plupart sont morts ici.

- Je vois... Ils n'ont jamais reconstruit cette partie de la ville ? demandai-je, le regard triste.

- Avec quel argent ? demanda la rousse avec un sourire désabusé.

- Il me semblait pourtant que l'Etat avait débloqué de l'argent pour la reconstruction des villes touchées par la guerre. Lacosta n'a rien reçu ?

- Non. L'Armée n'a aucune raison d'aider une ville qui ne reconnaît pas son autorité, lâcha-t-elle d'un ton sarcastique avant de sortir son trousseau de clés. Ici, l'autorité du Maire est plus respectée que celle des Généraux. C'est la principale raison pour laquelle des choses interdites ailleurs sont considérées comme légales ici.

- Comme la prostitution, par exemple ? demandai-je.

Elle se figea un instant, puis confirma d'une voix creuse.

- Oui, comme la prostitution.

L'immeuble où elle avait son appartement faisait partie des mieux lotis de la rue, mais le papier peint de l'entrée était tout de même assez miteux. Elle me fit monter les quatre étages avant de pousser la porte du bout du couloir.

- Voila, c'est un peu minable, mais bienvenue quand même.

Elle avait dit ça du ton de celle qui prend la situation avec philosophie. Je jetai un coup d'œil circulaire à la pièce. Un grand lit au pied duquel se trouvait un vieux réveil, une table sur laquelle était posée une radio, deux chaises, un coin cuisine minimal, et une porte qui donnait sans doute sur une salle de bain.Les murs étaient sérieusement défraîchis, mais les lieux étaient plutôt bien tenus. 

Pour cacher le papier peint jauni qui se délitait presque par endroits, elle l'avait recouvert presque intégralement d'affiches de chanteuses et danseuses de l'Opéra de Central-city, de coupures de journaux sur des spectacles et de cartes postales présentant des femmes élégantes aux tenues extravagantes. Sur son unique étagère, on voyait surtout des partitions et des livres de chants. Manifestement, Roxane avait une passion et la suivait avec acharnement.

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Voilà, nouveau chapitre, on revient au point de vue d'Edward après s'être un peu baladés. J'espère que vous prenez plaisir à découvrir ou redécouvrir cette histoire. N'hésitez pas à donner votre avis dessus, qu'elle vous ai plus ou non, les retours sont toujours instructifs ! ;) 

Bras de fer, Gant de velours - Première partie : LacostaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant