Chapitre 10 - 1 : Entre deux eau (Riza)

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(Nouveau chapitre, nouveau personnage narrateur ! cette fois, on entre dans la peau de Riza Hawkeye. J'espère que la suite vous plaira, n'hésitez pas à le manifester par un petit vote ou commentaire si c'est le cas ! ^^ Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !)

J'avais repris conscience depuis le fond de mon lit, sentant l'atmosphère du matin, la chaleur du soleil filtrée par les interstices des volets de ma chambre. Je me retournai, enfonçant le nez dans les plis de mon oreiller. Ce matin, pour une fois, je ne voulais pas quitter mes draps, et le temps riant qui s'annonçait dehors n'y changerait rien.Ce n'était pas la fatigue, même si les dernières soirées passées à faire les cartons n'étaient pas des plus reposantes. Ce n'était pas la tristesse, même si la perspective de mon départ ne me réjouissait vraiment pas.

C'était un petit caprice que je m'offrais, un moment de faiblesse secret : pendant quelques minutes, je n'étais plus l'imperturbable lieutenant Hawkeye, militaire admirée et redoutée autant pour ses talents de sniper que pour son caractère peu avenant. J'étais juste une fillette résolue à ne pas quitter son lit uniquement parce que c'était ce qu'on attendait de moi, nichée dans ses draps, enfouie dans ses cheveux ébouriffés. Je me souvenais de mon enfance et de ces journées d'ennui passées à errer dans le parc avec les chiens et à lire dans ma chambre durant des heures, alors que ma mère n'était plus là, et que mon père quittait à peine son bureau.En bon enfant sage et solitaire, j'avais tâché de ne pas déranger,et j'avais appris à vivre en silence en trouvant seule mes distractions.

Et même si j'avais longtemps haï cette période de ma vie, en cet instant, je voulais redevenir cette gamine qui n'avait pas d'autre soucis que de ne pas traîner dans les pattes de son père, de trouver de la lecture, et d'étudier les oiseaux à l'aide de vieilles jumelles, ayant en tout et pour tout un secret à protéger. Les choses semblaient si faciles comparées à aujourd'hui, avec toutes les inquiétudes qui me taraudaient, la mort de Hugues, l'insensibilité choquante de Mustang lors de son enterrement, Scar dont on avait perdu la trace, la mutation pour Central-city qui m'était tombée dessus, et le jeune Elric qui était en si piteux état lors de notre dernière rencontre... Il avait l'air abattu et désorienté, presque fragile. Même si ça ne lui ressemblait pas, ça n'avait rien d'étonnant quand on savait qu'il avait vu de ses propres yeux la mort de notre ami, sans pouvoir l'empêcher. Le simple souvenir de son regard éteint me fendait le cœur. Pauvre gosse.

Je sentis un contact froid et humide sur le dos de ma main droite,suivit de quelques coups de langue râpeuse. Je poussai un petit soupir, un peu las, un peu réconforté, puis je me redressai,émergeant enfin de ma somnolence mélancolique, jetant un vague sourire à Black Hayatte qui était venu me réclamer sa promenade matinale en lui grattouillant le cou.

Pour cette journée de déménagement, rien ne m'obligeait à me lever sitôt. Je m'étais suffisamment bien organisée pour n'avoir qu'à récupérer quelques cartons déjà fermés au quartier général,superviser le chargement du camion de déménagement et redonner mes clés avant de me ranger moi-même dans le premier train en direction de Central qui me passait sous la main.

Mais Black Hayatte, qui était réglé comme une horloge, n'en avait rien à cirer. Je me levai donc pour prendre une douche et m'habillai rapidement d'une chemise bleue et d'un pantalon gris. Je l'avais élevé avec une régularité sans faille, je n'avais à m'en prendre qu'à moi-même si j'étais interdite de grasse matinée pour les années à venir. D'un autre côté, il représentait une bonne raison de se lever les matins où j'étais désabusée, et une source intarissable d'affection. Je m'attachai les cheveux en une sommaire queue de cheval et pris mes clés et un peu de monnaie dans ma poche avant d'ouvrir la porte et de lui faire signe de sortir.Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus besoin de laisse et qu'il revenait à mes pieds au moindre sifflement.

En descendant les marches, je croisai un de mes voisins que je connaissais de vue, lui lançant un « Bonjour » poli. C'était sans doute la dernière fois que j'allais le voir. Une fois au pied de l'immeuble, je m'arrêtai à ma boulangerie habituelle pour prendre un sachet de gougères que j'allais déguster sur le trajet en guise de petit déjeuner. En arrivant dans l'allée arborée, je songeai avec l'ombre d'un sourire que cette ville allait me manquer. Après tout, ça faisait des années que je vivais là, et quitter la région Est me rendait un peu nostalgique. Black Hayatte galopait en faisant des allées et venues entre des platanes dont il reniflait le tronc et les pièces d'écorce tombées et moi, comme s'il m'annonçait cérémonieusement que tout était à sa place.

 Black Hayatte galopait en faisant des allées et venues entre des platanes dont il reniflait le tronc et les pièces d'écorce tombées et moi, comme s'il m'annonçait cérémonieusement que tout était à sa place

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Bras de fer, Gant de velours - Première partie : LacostaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant