Fleur de Soie

Chapitre 19 : Londres

2095 mots

Le voyage de l'Amérique à l'Europe est bienvenu. Ça nous laisse un moment de répit, aussi court soit-il, afin de reprendre des forces avant les prochains spectacles en Angleterre et en France. Somme toute, j'ai trouvé notre séjour aux États-Unis fructueux et magique, comme toujours. J'ai l'impression que je vis une utopie, un rêve fou qui devient soudainement réalité.

L'atmosphère dans l'avion est calme et détendue. Peu de personnes discutent ; la majorité des gens roupillent ou s'occupent en silence. Je suis assis entre Yoongi et Jungkook, qui sont exceptionnellement calmes en ce vol. Mon voisin de droite dort bien tranquillement, sa tête confortablement calée dans son précieux coussin de voyage, alors que le maknae observe silencieusement les nuages depuis le hublot. Il semble être parti dans son monde imaginaire, enfermé entre ses écouteurs. Il tape inconsciemment du pied le rythme de la musique qui joue dans ses oreilles. Son cahier à dessins repose sur ses genoux et il a encore son crayon entre les doigts : en attendant que quelques turbulences passent, Jungkook puise sans doute son inspiration en admirant la beauté du ciel pur.

Il reste encore deux heures de vol. Afin de me désennuyer, je repose ma tête contre le dossier et je ferme mes yeux, me rappelant les moments féeriques que nous avons vécus en Amérique. En bref, c'était un voyage exceptionnel, où chacun s'est bien amusé.

Il va sans dire que, pratiquement à chaque soir, Seokjin avait un air triste ou abattu. Il s'ennuyait souvent de sa sœur, alors nous essayions de lui faire penser à autre chose en l'impliquant dans des missions ou simplement en nous amusant avec les moyens du bord. Il retrouvait toujours le sourire et il se joignait à nos délires, mais parfois, il soupirait en souhaitant que Na-Yung soit avec nous pour rigoler. Ce n'est pas exceptionnel qu'une séparation de la famille soit douloureuse, mais jamais nous ne pouvons supporter que l'un d'entre nous ait le moral dans les talons.

Si l'un d'entre nous traîne un nuage gris, il pleut sur le groupe entier.

Je crois que je me suis endormi, car les deux heures avant l'atterrissage ont passé drôlement vite. En moins de vingt minutes, nous quittons l'avion et nous récupérons nos bagages. Tous les sept, nous partageons un même regard : nous savons que fans et caméras nous attendent de l'autre côté de la porte qui mène au débarcadère des taxis. Rassemblant notre courage d'une grande inspiration, nous arrivons enfin dans le hall, où des cris, des bourdonnements et des flashs nous assourdissent. En guise de prévention, nous portons tous nos masques hygiéniques. Nous saluons Londres à nouveau, tentant de nous montrer enthousiastes. En fait, Taehyung est le plus énergique d'entre nous : il va jusqu'à serrer les mains des admiratrices. Jamais il n'apprendra, lui...

Alors que nous tentons de nous frayer un chemin parmi la foule - quelques fois aidés par les gardes du corps -, je remarque que Seokjin, en avant de moi, semble plus pressé qu'à l'habitude. Pourtant, il est celui d'entre nous qui garde le mieux son sang-froid avec le public. Inquiet par son soudain comportement, je suis mon hyung de près. Sans prévenir, Seokjin laisse tomber ses valises alors que quelqu'un se jette furieusement dans ses bras.

Ne me dites pas que...

- Frangin!

- Na-Yung! Seigneur, que fais-tu ici?

Alors que notre hyung soulève sa petite sœur du sol et qu'il la fait tourner dans les airs tant il est heureux de la retrouver, le groupe entier s'agglutine autour d'eux. Je n'en crois pas mes yeux : comment Na-Yung a-t-elle fait pour se téléporter jusqu'en Angleterre? Il me semble que, la dernière fois que nous lui avons parlé, il y a de cela deux jours, elle était encore en Corée du Sud. Alors que je regarde la scène qui se déroule devant moi, subjugué, je souris en pensant que le lien entre Seokjin et sa sœur est si fort que pas même la distance ne peut les séparer ; tels deux aimants, ils finiront indéniablement par se retrouver.