Fleur de Soie

Chapitre 38 : Langue étrangère

2120 mots

Par cette journée ensoleillée, je décide de m'enfermer dans un studio afin de coucher sur papier les paroles que j'ai en tête. Je ne me souviens plus de ce qu'il y avait dans ce verre que j'ai partagé avec Yoongi hier, mais ça m'a donné une vague d'inspiration. Malgré mon mal de tête persistant, je me suis levé à l'aube afin de ne pas perdre mes idées. Même avec seulement trois heures de sommeil, je bouillonne d'imagination. Les strophes, les métaphores et les rimes me viennent instinctivement.

Je devrais aller boire avec Yoongi plus souvent, surtout lorsque l'inspiration ne vient pas.

Curieusement, aujourd'hui, personne n'est venu me déranger. Seul Hoseok a eu le courage de m'amener deux pilules contre les migraines ainsi qu'un verre d'eau et une barre tendre, sans plus. Probablement que Yoongi leur a fait part de mon état, mais je n'ai qu'à faire s'ils s'inquiètent. Ils savent que ces moments sont cruciaux pour la suite des choses, alors je prie de tout cœur pour que personne n'interrompt ce profond moment d'inspiration.

Dans le rêve que j'ai fait cette nuit, j'ai entrevu un magnifique futur vert et flamboyant. Il y avait un soleil étincelant et de nombreux arbres fleuris. La nature s'épanouissait librement sous mes yeux ébahis avant que les humains ne viennent tout saccager. Machinerie lourde, voitures, déchets et bruits incessants venaient polluer cet endroit auparavant magnifique. En me réveillant, je savais que je tenais là notre chanson sur l'environnement que j'avais promise à Na-Yung - autrement dit, notre prochain succès.

Je mets de côté la romance et le rêve pour dénoncer une situation qui, maintenant, me tient à cœur.

Ce rêve m'a si profondément troublé que je ne peux pas imaginer vivre dans un tel futur. Même si les garçons ne veulent pas me soutenir dans mon initiative, je ferai un solo avec cette chanson. Peu importe, je tiendrai ma promesse. Ce n'est pas mon genre de ne pas honorer ma parole.

J'espère sincèrement que tout ce que j'ai écrit tient la route... Plus que tout, j'espère que Na-Yung en sera fière. C'est pour elle que je fais tout cela.

Or, avant de réviser ce gigantesque poème, je décide de prendre une pause. En effet, mes yeux sont lourds et mon ventre crie famine : en jetant un coup d'œil à l'heure, je remarque qu'il est presque midi. Ai-je travaillé pendant cinq heures sans m'arrêter? Après coup, je crois que j'ai bien inquiété les garçons... Ils méritent des excuses.

Je sors du studio en mode « zombie » afin de descendre jusqu'à la cantine. Comme prévu, tous les gars du groupe m'y attendent, partageant un joyeux repas. À eux s'est exceptionnellement jointe Na-Yung. Je suis surpris qu'elle ne soit pas à l'université en cette journée. Lorsque mes compagnons me voient, ils sourient et ils m'envoient la main.

- Enfin, le monstre est sorti de sa caverne, plaisante Hoseok.

- Comment ça va, hyung? me demande le maknae alors que je m'assois en bout de table.

- Je suis étourdi et fatigué... réponds-je tout en massant mon front.

- C'est parce que tu as faim. Tiens, mange ça.

Aussi soucieux qu'une mère, Seokjin me fait une grande assiette avec un peu de sa nourriture. Comme toujours, il s'avère que tous les membres du groupe - même Na-Yung - ajoutent quelques bouchées afin de mieux garnir mon plat. Je les remercie chaleureusement avant de me mettre à engloutir ce qu'ils m'offrent généreusement. Taehyung affiche un large sourire avant de me poser une question.

- Alors, pourquoi étais-tu enfermé dans le studio?

- J'écrivais, lui dis-je entre deux bouchées.

- Il a eu une soudaine vague d'inspiration, continue Yoongi. Vous savez comment il est, huh?