Eternity [Poets Of The Fall] Français/English

[FR] 6 - Amitié (Roses)

Olli sentait son cœur faire des bonds dans sa poitrine. L'homme qu'il aimait depuis plus de dix ans venait de lui offrir le meilleur baiser qu'il n'ait jamais reçu. A vrai dire, c'était pour Jari un instant crucial, décisif. Il avait tellement peur de se tromper, de perdre définitivement le blond, qu'il avait tout donné, voulant profiter plus que tout au monde de ce contact tant espéré avec celui qu'il aimait. Quand il avait senti les bras du guitariste entourer sa taille, sans interrompre leur échange passionné, le batteur s'était senti voler davantage encore. Ce qu'il ressentait était réciproque. Ils partageaient le même amour. Et, si une décennie plus tôt, ils n'avaient pas cédé à leur envie des lèvres de l'autre, aujourd'hui, ils n'avaient pas résisté. Ils étaient prêts. Ils savaient ce qu'ils voulaient. Ils savaient ce qu'ils ressentaient. Le goût de la bouche du brun demeurait sur les lèvres du blond, aux anges. Jari sentait encore la pression délicieusement exercée quelques secondes plus tôt sur les siennes. Plus rien d'autre ne comptait. Ils auraient voulu y penser, encore et encore, ils auraient voulu recommencer, encore et encore, sans plus jamais se séparer. Cependant, leurs amis étaient près d'eux, et, incertains de leur statut exact, en plus d'un souci de préserver leurs retrouvailles, les empêchaient de se montrer devant les autres. Comme si les dix dernières années n'avaient jamais été qu'un mauvais rêve, ils avaient repris à l'instant où ils s'étaient quittés par le passé. Ils ne regrettaient rien à présent, bien trop heureux de vivre enfin dans une relation si amoureuse et partagée qu'ils attendaient depuis si longtemps.

Le bassiste et le claviériste posèrent délicatement l'énorme gâteau sur la table en bois en terminant les dernières notes de leur chant. A l'unisson, ils applaudirent et Jaska donna une accolada chaleureuse à son cadet. Jari, prenant enfin conscience de ce que ses amis lui avaient préparé, se mit à sourire de plus belle, l'air timide et touché. Olli le regarda, attendri. Il ne l'avait pas vu sourire ainsi depuis tellement d'années.

« - Je... Merci ! Fit le batteur entre deux sourires.

- Ces bougies ne vont pas s'éteindre toutes seules tu sais ? Lança Jani, amusé. »

Le jeune homme s'approcha de la table et se baissa, puis se mit à souffler sur les petites flammes qui dansaient devant lui. Les courbes longilignes de fumées qui s'élevèrent alors incitèrent les autres à applaudir de plus belle. Ils avaient voulu marque le coup, sachant qu'il y avait dix ans que le batteur avait perdu un certain éclat dans ses yeux, et finalement, il l'avait retrouvé, plus brûlant encore que par le passé. Ses amis en étaient profondément heureux pour lui. Il avait retrouvé la sérénité qu'il n'aurait pas du quitter en brisant enfin ce mur qui le séparait du guitariste blond. Jari rougissait. L'attention des autres hommes lui faisait tellement plaisir. Il prenait conscience que depuis tout ce temps, il n'avait jamais vraiment été seul, et à vrai dire, il leur était bien trop reconnaissant. Certes, il avait d'autres amis, rencontrés au fil de son existence, avec lesquels ils jouait dans d'autres groupes, mais la relation qu'il avait avec les membres de Poets of the Fall était plus forte qu'il n'avait pu l'admettre. L'atmosphère de cette journée semblait définitivement trop parfaite pour le plus jeune du groupe. Le blond glissa une main tendre sur le dos du brun qu'il sentit frémir sous ses doigts. Son propre cœur battait plus vite encore à ce toucher. Il ne pouvait plus détacher ses yeux et son attention du batteur empreint d'un certain embarras d'être le centre de tant de bienveillance dans ces égards. D'ailleurs, quand il vit ses amis récupérer des paquets qu'ils avaient dissimulé de l'autre côté de la porte, il sut que le brun allait déborder de joie et de reconnaissance. Celui-ci, en apercevant ses amis lui tendre ce qu'ils cachaient derrière leur dos, porta ses mains à sa bouche rentrant imperceptiblement le visage dans ses épaules, légèrement gêné mais heureux. Pour lui, son plus beau cadeau en dehors d'Olli était la simple présence de ses amis qui ne lui avaient jamais fait faux bond. Mais ceux-ci lui en offraient toujours davantage.