Chapitre 14: La Lune Sanglante (Partie 1)

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Julian se leva à l'aube. Lui-même ressentait les effets de la Lune Sanglante, mais il préférait garder pour lui ce qu'il ressentait. Sa priorité était de tout faire pour que la nuit se passe bien pour toute la meute. C'était bien plus facile pour lui de se maîtriser, puisque cela faisait bientôt cinq ans qu'il s'était transformé en loup pour la première fois.

L'arrivée de ces symptômes chez son frère et ses amis l'avait poussé à beaucoup réfléchir. Il ne savait pas pourquoi ça lui était arrivé si tôt, il ne l'avait jamais su. Il avait cherché des réponses dans les notes de sa mère, mais tout ce qu'il était parvenu à trouver, c'était que sa mère avait consulté une amie sorcière qui lui avait affirmé que Julian était victime d'une malédiction. La malédiction du loup, comme elle avait dit. Cela dit, Julian n'avait cessé de se demander si ce n'était pas que le fruit de l'interprétation de cette sorcière. Peut-être que la vérité était différente.

À présent que l'histoire allait se répéter, il avait le sentiment que le destin l'avait poussé à se transformer en premier afin qu'il puisse guider les autres dans ce processus. Et puis, cette pensée était plus réjouissante que la perspective d'une simple malédiction injuste. Car Julian n'avait pas toujours apprécié sa capacité de se transformer en animal. Au tout début, la douleur, surtout pour le corps d'un jeune garçon de quatorze ans, était tout simplement insupportable. Il détestait les nuits de pleine lune, car il lui était alors impossible de contrôler sa transformation.

Puis, il a vieilli et apprit à se contrôler. À ce jour, il pouvait décider de se transformer quand il le souhaitait, y compris lors des nuits de pleine lune.

Julian prit une douche bien chaude, s'habilla et se rasa avant de descendre pour faire le petit déjeuner. Alors qu'il remplissait le compartiment à eau de la cafetière, son regard croisa le panneau « À vendre » qui trônait fièrement, bien droit, devant la maison.

—Merde! Il l'a remis, j'y crois pas! marmonna-t-il en traversant la cuisine à grands pas.

Il monta l'escalier trois marches à la fois et ne prit même pas la peine de frapper avant d'ouvrir bien grand la porte de la chambre d'Evan, qui alla claquer fortement contre le mur. Ce-dernier dormait à poings fermés, mais Julian ne s'en souciait guère.

—DEBOUT! hurla-t-il en allant ouvrir le rideau qui laissa filtrer un rayon de soleil directement sur le visage de son frère. LÈVE-TOI ET EXPLIQUE-MOI CE QUE CE PUTAIN DE PANNEAU FAIT DEVANT LA MAISON ?

N'ayant aucune réponse, il ferma les yeux et se frotta le front à peine trois secondes, mais en les ouvrant à nouveau, il crut apercevoir quelque chose par la fenêtre. Cela dura une fraction de seconde. Il croyait avoir vu le bout de quelque chose de noir et se dit qu'un oiseau devait probablement avoir passé devant la fenêtre. Il n'étendit pas plus sa réflexion et posa les yeux sur Evan qui émergeait enfin.

—Quoi ? ..Quel panneau... de quoi tu parles ? grogna-t-il en passant la main dans ses cheveux déjà bien en bataille.

—Le panneau «À vendre», bon sang! Le foutu panneau que je me souviens très bien avoir abattu à coup de pieds il y a trois jours ! Tu l'as remis ? Je t'ai pourtant dit que j'allais revenir vivre ici et que je t'aiderais à payer!

Evan semblait de plus en plus déboussolé. Il regarda autour de lui et se redressa de façon à s'asseoir sur le côté de son lit. Il se frotta les yeux.

—Vendre la maison ? AH! Oui, c'est vrai...

—T'avais oublié ? Comment tu peux oublier ça ? T'es sûr que tout va bien, frangin ?

—Ouais, désolé. J'ai fait un rêve très étrange, vraiment perturbant. Bon, peu importe. Le panneau, je.. oui, je vais l'enlever.

Cette réponse semblait rassurer Julian qui se calma.

—Ok. Bon, viens prendre le petit-déjeuner, t'as besoin de prendre des forces pour ce soir!

Lorsqu'il déposa sur la table deux assiettes contenant des oeufs brouillés aux épinards, du bacon, et des toasts, ainsi que deux tasses de café noir, Evan le rejoint, douché et habillé. Il s'installèrent tous les deux à table et Julian commença à feuilleter la pile de notes qu'il avait descendu du grenier.

—Pourquoi ce soir? demanda Evan en prenant une bouchée de toast.

Julian l'interrogea du regard.

—Ben t'as dis.. «Prendre des forces pour ce soir». Pourquoi, il se passe quoi, ce soir ?

Julian déposa sa fourchette et observa son frère d'un air incrédule.

—Tu te fiches de moi, là ? C'est la lune sanglante!

—Quoi ?! Mais.. mais je croyais que c'était dans une semaine!

—C'était quoi, ce rêve ? Le rêve que tu trouves très perturbant, c'était quoi ?! demanda Julian avec insistance.

—En fait, il ne se passait pas grand chose.. j'était enfermé dans.. Ça ressemblait à une cage. Ou une prison, je ne sais pas. Tout était très sombre, en fait.. tout était noir. Oui, c'est ça. Noir. Et silencieux, et j'appelais à l'aide, mais personne ne me répondait. J'ai appelé Lauren.. et quelqu'un d'autre, mais je ne me souviens plus. Et puis, il y a eu ce grand bruit de fond qui m'a fait flipper, c'était comme un mélange entre un sifflement et un hurlement. Ça a duré un bon moment, du moins c'était l'impression que j'avais.

Julian hocha longuement la tête, analysant ce que son frère venait de lui raconter.

—Je pense que ce rêve t'a perturbé plus que tu penses, si tu as oublié la lune sanglante. C'est la première fois que ça t'arrive ?

—Oui.

—Bon, n'y penses plus. Manges, bois un grand café ou deux et ça passera, tout te reviendra. J'ai prévenu tout le monde pour ce soir, ils arriveront tous aussitôt que les cours seront fini. Tu vas au lycée aujourd'hui ?

Evan secoua la tête.

—Non, j'ai congé. Enfin, je crois.

Julian se leva pour aller porter son assiette vide dans l'évier.

—Si tu veux mon avis, tu devrais prendre ton job un peu plus au sérieux. T'as raté plusieurs jours ces derniers temps. T'es assistant-coach, mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas besoin que tu sois ponctuel, réprimanda-t-il.

Evan fronça les sourcils et finit sa tasse de café.

—Tiens, mon frère qui veut me faire la leçon maintenant. Je te signale que t'as jamais été le roi de la ponctualité, Jul.

Julian eut un petit rire.

—Vrai, dit-il en se dirigeant vers la porte. Bon, je dois finir de tout préparer pour ce soir, tu viens m'aider ?

Evan acquiesca et ils sortirent tous les deux.

Mia Wolf - Tome 2 - La dague sacrée [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant