Chapitre 15: Le lever du jour (partie 3)

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Trois jours s'étaient écoulés depuis la nuit de la Lune Sanglante. Evan s'était enfermé chez lui et ne parlait plus à personne sauf Julian, qui était rentré de l'hôpital. Simon passait beaucoup de temps avec Luna, dont la santé se détériorait toujours, et ils faisaient de nombreuses recherches sur les sortilèges. Brooke était chamboulée par sa récente transformation. Roby et Samantha avaient pris le temps de lui expliquer comment ils avaient su qu'elle était une sorcière Immortelle et ce que cette nature impliquait. Apparemment, Samantha aurait eu une vision l'impliquant et elle aurait fait la déduction en exécutant un tirage de cartes chez elle, entre deux séances avec des clients. Lauren ne la quittait plus et était aux petits soins avec elle, s'assurant que sa convalescence se passait bien et que son moral restait bon malgré sa nouvelle situation. C'était difficile pour Brooke et il allait lui falloir un certain temps d'adaptation pour accepter les faits.

Ce mardi-là, Julian eut beaucoup de mal à sortir de son lit. Il se remettait bien de ses blessures qui avaient cicatrisé, mais il se sentait patraque. L'énergie lui manquait, et les nombreux appels de Skander n'aidaient en rien. Apparemment, Merkus était furieux que Skander et lui aient laissé filer Asmodeus, et il exigeait que Julian rentre au temple des protegos afin d'en discuter. Julian lui avait répondu que pour le moment, il ne pouvait pas quitter son frère et qu'il viendrait dès qu'il le pourrait, mais la vérité, c'est qu'il n'en avait pas du tout envie. Il savait qu'il allait encore se faire réprimander comme un gamin et qu'il allait y avoir de graves conséquences, et il ne se sentait pas du tout dans le bon état d'esprit pour affronter ça.

Il passa devant la porte de la chambre d'Evan, qui était toujours fermée, et frappa. Pas de réponse, il décida de retenter sa chance plus tard. Julian soupira en descendant l'escalier, il avait la forte impression que toute la meute allait avoir besoin d'un moment pour digérer les événements du weekend.

Il se doucha rapidement et enfila un pantalon de jogging et un pull en coton noir avec des boutons défaits sur le bas de l'encolure. Il frotta vigoureusement ses cheveux avec une serviette et la sonnette de la porte d'entrée se fit entendre.

Il fut surpris de se retrouver devant une paire de jambes en jean avec un gros bouquet de fleurs à la place de la tête et eut un petit rire quand Meija baissa le bouquet en souriant.

—Ma mère disait toujours que les fleurs, c'est bon pour le moral. J'ai pensé que vous en auriez bien besoin, alors j'ai apporté un bouquet au refuge et un autre chez Brooke. Il ne manquait plus qu'Evan et toi.

—C'est bien pensé, merci, répondit-il tout bas.

Ils se dévisagèrent sans savoir quoi dire pendant quelques secondes avant que Julian ne lui propose d'entrer. Meija acquiesça avec plaisir et Julian se dirigea vers la machine a café pendant qu'elle déposait les fleurs dans un vase sur la table. Elle allait s'asseoir quand elle vit Julian presser son abdomen en grimaçant. Elle bondit vers lui sans attendre.

—Tu as mal ? Montre-moi. Est-ce que c'est guéri ? Tu es sensé avoir cicatrisé, non ?

—Tu veux pas te calmer ? Bien sûr que j'ai cicatrisé. Mais je pense que la Lune Sanglante a un effet plus intense qu'on le pense sur les blessures qu'on reçoit.

Meija ne l'écoutait qu'à moitié, elle avait déjà tiré sur son pull pour voir ses côtes. Elle sortit son étui à lunettes de sa poche et passa une main délicate sur la cicatrice. Julian frémit.

—Tu me chatouilles, là. C'est dérangeant.

—Oh, arrêtes un peu!

Meija le poussa à s'appuyer contre le comptoir tandis qu'elle examinait de plus près sa peau, tâtant et appuyant dessus de temps en temps, lui arrachant chaque fois une grimace de douleur ou une expression contrariée. Elle finit par se redresser et ranger ses lunettes.

—J'imagine qu'après quelques jours, ça ira mieux. Tu sais, ma mère avait une recette de pommade antidouleur imbattable. J'en ai toujours un pot dans mon sac.

—Oh.. merci, mais c'est pas nécessaire, répondit Julian en se frottant la nuque.

—Mais oui! Ça ne me dérange pas du tout. Attends... tiens, je l'ai!

Elle sortit de son sac un petit pot contenant une crème de couleur blanche qui avait l'air complètement ordinaire. Elle posa le pot sur le comptoir, à côté de Julian. Elle se pencha pour en prendre une petite quantité sur deux de ses doigts et souleva à nouveau le pull de Julian. Il suivait chacun de ses gestes des yeux avec la plus grande attention. Il tressaillit lorsqu'elle posa la pommade froide sur sa cicatrice, mais lorsqu'elle eut fini de l'étendre, la douleur se dissipa. C'était agréable.

—Tu as déjà l'air moins tendu, dit-elle avec un sourire.

—Ouais, c'est vrai. Ça fait un bien fou, ton truc. J'aurais bien aimé en avoir, la nuit dernière! J'ai très mal dormi, dit-il en bâillant.

—Tu devrais retourner te coucher, dans ce cas, conseilla Meija en remettant sa veste.

—Non, ça ira. Tu peux rester, si tu veux. J'allais prendre le petit déjeuner, et Evan ne sort plus de sa chambre, répondit Julian en détournant le regard vers l'escalier.

Meija hésita un moment avant d'enlever son blouson. Elle sautilla jusqu'à lui et le tira par la main.

—Dans ce cas, laisse-moi cuisiner.

—Hors de question! Tu es chez moi, c'est à moi de cuisiner.

—Tu es malade.

—Je vais très bien.

—Non.

—Oui!

—J'ai envie de le faire!

—Mais pourquoi ?

—Parce que.. J'en sais rien. Parce que tu te sens seul, et moi aussi. Et je sais combien la situation est difficile à vivre pour vous tous, et que j'ai envie de t'aider.

—En gros, t'as pitié de moi? demanda Julian d'un air espiègle. Sympa!

—Je n'ai pas du tout pitié de toi. Tu n'as aucune idée de tout ce que je pense à propos de toi!

Julian ricana et elle rougit en se retournant vers le frigo.

—Tu me fais dire des trucs stupides, encore ! Je.. ah! C'est si frustrant! s'exclama-t-elle en ouvrant le réfrigérateur.

Elle commença à faire cuire des oeufs, mais le regard de Julian lui transperçait le dos. Elle servit deux tasses de café et alla en déposer une devant lui.

—Pourquoi tu me fixes ? Tu trouves le spectacle amusant ?

—Je n'en sais rien. Oui, en fait.. c'est très drôle de te voir t'emmêler les pinceaux en rougissant. Mais tu ne devrais pas être aussi timide avec moi, Meija.

—Pourquoi ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils pendant qu'elle versait du lait dans son café.

—Parce que toi non plus, tu n'as aucune idée de tout ce que je pense à propos de toi.

Elle leva des yeux bien ronds vers lui et sourit en voyant qu'il souriait aussi.

Mia Wolf - Tome 2 - La dague sacrée [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant