Mia Wolf - Tome 2 - La dague sacrée [TERMINÉ]

Chapitre 8: Beltane (partie 2)

Le maire de Delta, M. Pendell, était homme à aimer la routine. Son réveil sonnait tous les matins à 5h34 précisément. Il sortait du lit et enfilait ses vieilles pantoufles marron, prenait deux oeufs brouillés avec du bacon en guise de petit déjeuner et s'installait à exactement 6h12 devant son journal, qu'il feuilletait tout en mangeant. Sa femme le rejoignait pour discuter et il sirotait son premier café de la journée tout en fumant sa pipe. Puis, sa femme lui demandait ce qu'il avait de prévu pour la journée au bureau.

—Paperasse et rendez-vous qui ne peuvent pas attendre, la routine, lui répondait-il chaque fois.

Ensuite, M. Pendell allait dans sa penderie et choisissait un habit à rayures. C'était chaque fois des rayures, parce qu'il en était fou. Et chaque fois, il choisissait une couleur de costume selon son humeur. S'il se sentait de bonne humeur, il choisissait un habit dans un ton de gris clair. S'il était plutôt maussade, alors il choisissait du noir. Et s'il avait besoin d'un costume de grande occasion, alors là, il sortait fièrement son fameux costume blanc.

Ce jour-là, c'était le gris.

Une fois vêtu, il allait dans sa section préférée de la penderie: les chapeaux. Il essayait presque tous ses préférés avant de trouver celui qui lui faisait le plus envie pour cette journée. Il faut dire que M. le maire possédait la plus impressionnante collection de chapeaux qu'on pouvait imaginer. Des haut-de-formes, chapeaux melons, canotiers, panamas, fedoras de toutes les couleurs, tous plus garnis les un que les autres de fleurs, rubans, plumes et autres accessoires plus fantaisistes encore. Il avait même quelques béret et un ou deux chapeaux de cow-boy qu'il se permettait de sortir de temps en temps, pour son simple plaisir. Pour aller avec son habit gris à rayures blanches du jour, il choisit un chapeau melon gris foncé sur lequel était posé une ribambelle de grosses plumes blanches qui lui donnait un air de poète du dix-huitième siècle.

Ensuite, M. Pendell était fin prêt à se rendre au travail. Il saisissait son attaché-case et enfilait ses souliers de cuir puis embrassait sa femme avant de partir.

Une fois à l'hôtel de ville, il était gratifié de sourires et de salutations toutes plus agréables les unes que les autres. Tous les jours, il se rendait à la salle commune des employés pour se servir un café et saluer ses conseillers et son assistante.

Il travaillait ensuite jusqu'à midi pile, heure à laquelle il retrouvait toute son équipe pour le lunch au bistro d'en face, où ils restaient pendant exactement trente minutes.

Un délai largement suffisant pour permettre à Lily de s'introduire discrètement dans le bureau du maire.

—Tu es sûre que c'est une bonne idée? demanda Tali pour la troisième fois depuis leur arrivée dans le bâtiment.

—Écoutes, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour en savoir plus sur ce Sheriff Young.

Tali ricana silencieusement tout en levant les yeux au ciel.

—C'est faux. Tu aurais pu très bien me demander d'utiliser la magie pour obtenir des informations.

—Oui, mais je ne veux pas que tu te serves de ton côté sorcière pour servir mes bénéfices personnels.

Tali voulu répliquer, mais Lily lui tourna le dos pour pénétrer dans le bureau.

—Et puis, qu'est-ce qui te fais penser que le maire garde des infos sur les gens dans son bureau ?

Mais Lily ignora la question et se concentra plutôt à faire une analyse visuelle rapide de ce qu'il y avait dans la pièce. Sur son bureau, près de son ordinateur, il y avait une grosse pile de papiers qui menaçait de s'effondrer à tout moment. Juste à côté, un cadre avec une photo de sa femme. Il y avait également un pot contenant des stylos de toutes les couleurs et une agrafeuse. Lily remarqua immédiatement que l'un des tiroirs du bureau était resté entrouvert. Elle fouilla rapidement à l'intérieur, mais il ne contenait que des documents auxquels elle ne comprenait rien et qui de toute façon lui étaient complètement inutiles.