Chapitre 15

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Ne se décrivant que par son parcours scolaire, Angelina lui raconta à quel point elle se frustrait de ne jamais parvenir à une moyenne générale plus haute que seize, et Andreas l'écoutait. Bien qu'elle use de ce discours tel un bouclier afin de ne pas en révéler trop sur elle, la nouvelle-née devra redoubler d'efforts la prochaine fois. Parce qu'elle lui avouait beaucoup sans le vouloir. Des traits de personnalité, des manies, des tiques, un esprit complexe qu'il découvrait progressivement au fil de sa tirade floue. Elle continua ainsi pendant quelques minutes, avant de ressentir le silence pesant et de tourner son visage dans sa direction. Mauvaise idée.

Le vampire la dénudait entièrement, la fixant impunément. Il scrutait en premier lieu son visage, chaque pli, chaque détail, puis il tomba sur son corps caché par des vêtements ennuyeux. Un pantalon marron clair large et une chemise à fleur qu'elle rentrait dans son bas, des sandalettes complétaient sa tenue. Des tissus interminables qui le gênaient dans sa contemplation. Elle pâlit brutalement, et, par la suite, se teinta d'un rouge écarlate.

Soudainement, le regard de l'homme se métamorphosa. Personne. Personne ne pourrait le surprendre s'il décidait de l'embrasser éperdument. Rocklow était retourné au Burning Moon, en compagnie de Démettra, Stanislas rencontrait ses bêtas dispersés dans toute la France, et les monarques de l'Assemblée du Nord visitaient incognitos les villages environnants. Irène n'était plus vraisemblablement parmi eux, ils étaient voués à rester isolés. Et Angelina eut l'air de le comprendre brusquement. Elle se leva et s'apprêta à rentrer à l'intérieur, lorsque Andreas la rattrapa et glissa leurs mains ensemble. Rougissant davantage si possible, il l'entraîna dans les couloirs de la villa.

- Pour ma part, je viens d'une famille riche, mais humble. J'étudiais, mais nous étions bien loin des apprentissages d'aujourd'hui. Le latin, et un peu de mathématiques, principalement. Sans compter, les espèces de cours de bonne conduite, de danse et de chasse dont mon précepteur se chargeait. Et l'Insurrection est advenu. Mon père s'est allié à la Trinité et il en est mort. Ce soir-là, j'aurais pu le sauver. Vraiment. Une lance empoisonnée s'était élancée droit sur lui. Je possédais toutes les secondes pour me ruer sur l'arme et la dévier. Ce soi-là, je ne l'ai pas sauvé et mon camp s'est démontré. Son décès m'a permis de me rendre compte que je le haïssais, lui et la Trinité, et que mon unique moyen de vivre dans un monde si pourri de l'intérieur était d'aider Irène. Si elle trépasse, je quitte cette terre, parce que je refuse de souffrir encore.

La jeune femme le suivait en intégrant tous ses mots. Elle décelait une nouvelle partie de lui qu'elle n'avait pas détecté pour le moment. Un homme foncièrement loyal et attaché à ses convictions. Un homme dont la simple idée faisait gonfler son palpitant. Elle aimait tout ce qu'il lui montrait.

Cependant, elle ne put y méditer plus. Andreas les menait dans sa propre chambre et, quand elle le réalise, il était déjà trop tard. L'Ambassadeur ouvrait la porte et les fit entrer vivement. Ses joues menacèrent d'exploser, tant la gêne s'y stockait. Spécialement à l'instant où il déposa sa veste sur une chaise et qu'il déboutonna sa chemise. Incapable d'amorcer un pas pour sortir, elle se figea, avant de pivoter abruptement. Le dos tourné, son ouïe nouvellement performante lui indiqua un tissu chutant au sol, et ensuite un froissement et un tintement. Son pantalon ?

- Mais à quoi jouez-vous ?! beugla-t-elle, sans retenir son vouvoiement profondément embarrassé.

Un rire lui rétorqua et Andreas apparut dans son champ de vision. Il n'avait pas ôté son bas, mais seulement sa ceinture. Dorénavant, torse nu, elle ne saisissait pas du tout cette initiative. Il souriait de toutes ses dents, visiblement fier de la pousser dans de telles réactions. La mâchoire serré, elle ne contrôla plus sa force et, puisqu'il s'était planté trop près de son corps, elle le chassa sauvagement. Il faillit tomber à la renverse, ne s'attendant pas à ce qu'elle utilise ses dons vampiriques. En revanche, le blond ne se laissa pas faire. Pire, il contre-attaqua méchamment. D'un bras, il attrapa ses hanches, de l'autre, ses genoux, et il la porta jusqu'au lit sur lequel il la jeta pratiquement, sans grande douceur. Et, ne l'autorisant nullement à s'enfuir, il grimpa sur le matelas moelleux et plaqua ses mains de part et d'autre de son visage, les jambes entres les siennes. Cette position pulvérisa sa pudeur. Troublée au plus profond de son être, elle ne cherchait plus à discerner le monde qui tournait toujours.

- Pour information, petite dévergondée, j'ai délaissé ma ceinture parce qu'elle ne servait pas véritablement à tenir mon jeans, donc autant l'enlever directement. En ce qui concerne, ma chemise, il vaut mieux ne plus la porter, au moment où vos crocs s'ancreront dans mon cou. Vous risqueriez de la salir ! accusa-t-il, renfrogné.

- D-Dans ton...cou ? balbutia l'adolescence indécise. Dévergondée ?! gronda-t-elle immédiatement après.

- Oui, dévergondée ! Vous êtes celle qui a cru à je-ne-sais-quoi ! Je souhaite exclusivement vous nourrir, voilà tout, rien de plus.

Elle détourna subito-presto la tête, agacée par son sourire attendri. Elle adorerait le gifler pour son insolence, mais redoutait d'engendrer le moindre geste. Andreas le perçut et il choisit de prendre les choses en main. C'est donc, dans une démarche entièrement bienveillante - et quelque peu sensuelle, remplie d'un désir obnubilant -, qu'il allongea ses canines et qu'elles transpercèrent la chair pale de la châtaine. Cette dernière couina, pas d'inconfort, au contraire, et elle s'arqua, donnant plus de place au blond. Il but à sa fin, et mit en pratique ce qu'il lui avait enseignée. Il mordilla sa langue et caressa sa blessure avec, pour qu'elle cicatrise rapidement.

- A toi, maintenant. Vide-moi s'il le faut, mais tu dois combler ta soif, ou tu demeureras à jamais dans un état d'épuisement intense... Par ailleurs, souffla-t-il dans son oreille, cela serait gravement dommage, puisque je prévois de m'appuyer sur ton endurance pour une activité qui - sois-en persuadée - te plaira. Elle te satisfera pleinement.

N'en pouvant plus, Angelina le mordit à son tour et but aussitôt, assoiffée. Elle remarqua peu à peu les effets du manque de sang. Elle se sentait finalement à son aise, ne demandant rien d'autre. De plus, le sang du blond atténuait toutes ses envies, elle n'en désirait plus qu'une, c'est-à-dire se nourrir sur lui pour l'éternité. Ses mots précédents lui revinrent à l'esprit. Si Irène meurt, il part aussi. Alors, elle s'en irait avec eux. Ces pensées étaient évidemment altérées par l'affluent de sang dans sa trachée, mais elle ne voulait pas séparer son instinct de sa conscience. Une fois que sa soif fut étanchée, elle rétracta ses canines et le soigna. Même s'ils guérissaient seuls, elle accepta de faire courir sa langue sur son épiderme.

Il en frissonna. Comment résister face à ce péché vivant ?! Il devint fou, enivré par sa passion, et il quitta définitivement son pantalon. Elle recommença à rougir, mais n'eut pas le loisir de le repousser. Andreas se montra plus rapide. Son chemisier, son bas large, ses chaussures, elle finit en sous-vêtements sans même s'en apercevoir. Et de la même brutalité, il l'embrassa.

La novice cligna plusieurs fois des paupières, mais se détendit considérablement quand il ralentit son ardeur et apposa des baisers langoureux sur ses lèvres. Il décida aussi de prendre son de sa langue, les mêlant ensemble. Elle suivait à peine la cadence de l'étreinte, mais tout s'embua. Il s'agissait-là d'une réaction normale d'un récent vampire. Elle ne s'était pas encore habituée aux dons de ses sens, et il les stimulait farouchement. La passion se bouleversait en douleur, mais un mal auquel elle adhérait volontairement.

- Aujourd'hui, tu es mienne. Demain, et les autres jours, tu m'appartiendras, mon ange.

Un gémissement rétorqua. Sans tarder, il se positionna correctement et se faufila en elle. Bien sûr, la connaissant un minimum, il s'était douté de son inexpérience et il se réfrénait grandement. Andreas renvoya uniquement de la douceur, son bas-ventre débuta des va-et-vient lascifs au début, afin qu'elle s'accoutume à sa présence. Angelina glapissait, ferma fortement les yeux et s'accrochait solidement à son dos, les jambes nouées autour de ses reins. Ses hoquets, surprise par l'envie qui pénétrait son corps, se chargèrent bientôt en sensualité et elle gémissait de plus en plus bruyamment. Il accélérait impétueusement et elle subissait sa ferveur furieuse.

- N-N'ose pas nier ce que nous...ce que nous créons ! avertit Andreas, entre deux baisers fougueux. Notre merveilleux incendie, celui qui gronde en nous. N'ose pas l'oublier !

L'Insurrection [En correction !!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant