L'Insurrection [En correction !!]

Chapitre 4

1334, Allemagne, Cologne.

Le Saint Empire romain germanique dominait une puissante partie de l'Europe. Au sein de ce vaste territoire, la ville de Cologne prospérait et s'épanouissait au fil des siècles, résistant aux griffes du temps. Les Horline - la mère et la fille - accostaient en France, lorsque la nouvelle d'une construction de chartreuse s'était élevée parmi les plus informés. Certains nobles s'étaient même invités en Allemagne afin d'assister à son inauguration. Il suffisait de peu pour que les riches ne sortent de leur tanière et ne viennent exhiber leur argent aux yeux de tous. Une famille en particulier avait retenu l'attention de Cordélia Horline.

La mère de famille, veuve depuis des décennies, ne s'était jamais remariée et ne le désirait pas. Courtisée pour son illustre beauté, son raffinement et son or qu'elle destinait aux rares occasions, elle désespérait de rencontrer les Eston, famille française qui l'avait enfin invitée après d'innombrables efforts. Mais, voilà que cette chartreuse finissait de se bâtir et que ses hôtes décidèrent de s'y rendre afin de l'admirer. La vampire eut du mal à contenir son rage et sa frustration, mais un brin d'espoir réapparut quand ils la convièrent à un bal, organisé dans leur domaine secondaire, situé à quelques lieues de Cologne.

Ainsi, Irène, traînée par sa génitrice, rouspétait intérieurement du temps horriblement long de trajet. Sa jument fatiguait également. Heureusement, elles entrevirent la demeure au bout de plusieurs interminables heures. Cordélia souriait allégrement, visiblement enjouée par sa future rencontre avec les Eston, tandis que sa fille ne comprenait pas du tout son état. Qui étaient-ils ? Et surtout, pourquoi sa mère l'avait-elle réclamée alors qu'elle effectuait son service de Protectrice ? La raison devait être suffisamment importante pour que l'Assemblée la décharge de ses fonctions durant un moment indéterminé.

Le pire dans toute cette sordide histoire, c'est que Délia avait insisté pour qu'elle porte la plus belle et attrayante de ces tenues. Irène était donc malheureusement vêtue d'une robe en mousseline de soie noire, un accoutrement qui ferait pâlir les nobles et bourgeois puisqu'Irène se présentait à l'inverse de la mode actuelle. Cependant, elle se dévoilait sublime et cela constituait l'essentiel pour sa mère. Des jarretières blanches dissimulaient une dague sur chaque jambe, prête à être sortie à tout moment. La jeune femme avait insisté pour enfiler ses bottes en cuir auxquelles elle était habituée, et ses domestiques lui avaient soigneusement ramené ses cheveux en arrière, les tressant et formant un chignon, afin de laisser une cascade de souples cheveux roux ondulés sur ses épaules. La coutume était apparemment de se couvrir le crane avec des crépines, des barbettes ou des guimpes, mais elle avait catégoriquement refusé. Ces instruments d'esthétique n'apportaient que lourdeur, et elle n'appréciait point ceci.

- Je tenais à vous prévenir, très chère, souhaita informer Cordélia, arrivant près des portes de l'immense manoir. Maintenant que nos montures sont à l'écurie et que nous avons été annoncés à nos hôtes, il nous est impossible de reculer. Faites-moi le plaisir de vous tenir correctement et de ne pas causer d'ennui quelconque. Je dois m'entretenir avec les Eston, contente-toi de sourire à ces Seigneurs et d'acquiescer bêtement à tout ce qu'ils racontent.

Irène accepta, puisqu'elle ne détenait d'autre choix, et suivit sa mère à l'intérieur où un gigantesque banquet les accueillit. Les Eston n'avaient lésiné sur la diversification de la viande et des mets plus alléchants les uns que les autres. L'alcool coulait à flot, hydromel, liqueur, hypocras, les possibilités se multipliaient. Des troubadours jouaient des rythmes entraînants que la vampire n'écouta pas une seconde. Elle se glissa au milieu de la foule, des danseurs et parvint à atteindre une terrasse. Sa mère lui avait ordonnée de ne pas se faire remarquer. Elle demeurerait dehors, là où nul ne viendrait l'agacer.