L'Insurrection [En correction/PAUSE !!]

Chapitre 18

- Massacrez-la.

La Trinité n'ajouta rien de plus et avait parlé sourdement. Tant que ses démons doutèrent de ce qu'ils devaient faire. Toutefois, ne recevant pas davantage de précision, ils se lancèrent des regards entendus et se ruèrent immédiatement sur la noiraude. Celle-ci, au dépourvue, ne songea plus à un détail, et se prépara à se défendre. Mais, ce détail prit soudainement possession de son corps. Ses propres démons s'agitèrent violemment en elle et, sans qu'elle ne se contrôle, Irène tendit ses bras vers les ennemis. Sur sa peau, les lignes identiques à des tatouages d'encre, serpentèrent et se modélisèrent. De simples traits sur son épidermes devinrent des ombres virulentes qui se précipitèrent brutalement sur les choses de Mélissandre, bloquant leur avancée.

La sorcière écarquilla les sourcils. D'une part, elle reconnut la forme humaine d'Infantatë, l'ancien démon de Cordélia, et elle se demandait pourquoi Irène la possédait-elle. Mais, d'autre part, elle se rendit compte qu'elle détenait également ses deux précédents démons. Elle ignorait qu'il s'agissait de Cerbère et, heureusement, sinon elle aurait piqué une crise. Fulminante, elle se redressa et s'imposa d'exterminer elle-même la vampire.

- Seulement trois démons contre une cinquante, et les miens gagnent largement. Quand tu as usé du Daemonica, tu aurais dû t'assurer de la fiabilité des cadeaux du Diable. De ce que j'ai retenu, il me soutient. Tu devrais donc te poser quelques questions et probablement abandonner ta vaine quête, qui te conduira au gouffre... Je débarrasserais la terre de ton insupportable présence. Sauf si tu te transformes en gentil petit agneau.

- Me suggérerais-tu un marché ? Un compromis ? Avec moi, ta pire ennemie depuis des siècles ! gronda Mélissandre, à qui la colère ne seyait clairement pas. Ses traits se tiraient en expression de pure rage et elle paraissait hideuse de la sorte.

- Je te propose effectivement de te donner la mort, avant que je viennes t'y contraindre ! assura de sa voix déterminée la noiraude, fière de son effet. La sorcière se courrouça encore plus et semblait s'impatienter grandement. Voilà comment elle lui ferait commettre une erreur fatale. Je te prêterais mon épée, si tu le souhaites !

Les murs tremblèrent et la poussière se déposa sur le haut de leur crâne, prouvant que ce renforcement tenait pas le saint esprit. Mélissandre laissait sa magie se répandre autour d'elle et voulait plus que tout la tuer. Irène n'eut aucun mal à le deviner et se douta que le combat commencerait véritablement dans peu de temps. Tandis que ses démons se chargeaient de retenir ceux de la Trinité, elle se retrouva dans la position qu'elle désirait éviter. Seule contre une sorcière expérimentée. La bataille se révélait déloyale et, si une autre personne se tenait devant elle, l'individu mourrait à coup sûr. La noiraude tacherait de se battre férocement, mais l'incertitude la rongeait.

- En réalité, déclara l'aînée, tu affirmes que Cordélia ne méritait pas mieux que son triste sort. Mais, elle méritait assurément mieux qu'une ingrate et perfide enfant comme toi. Sale immondice !

A cet instant, Irène sentit son destin basculer. Son adversaire envoya une onde de choc qui la fit pratiquement tomber dans le trou gigantesque. Elle se rattrapa de justesse aux bordures, la pierre grattant sa peau, et elle se hissa durement. Mélissandre n'en resta certainement pas là et en renvoya une seconde. Cette fois, la vampire se déplaça vivement et atterrit derrière elle, la propulsant d'un coup de pied ferme plus loin. La sorcière s'écrasa lourdement et se téléporta sur le champ.

La Paix, la Guerre et la Désolation eut quelques difficultés à accuser les coups. Les poings enflammés de Mélissandre la cognaient de tous les côtés. Grâce à sa téléportation, elle pouvait frapper à tout instant et Irène ne savait plus comment répliquer. Elle tentait de se protéger fébrilement, mais faiblissais à vue d'oeil, ce qui réjouissait bien trop la sorcière.

Soudainement, elle en eut assez et s'empressa de renverser la situation. Lorsque la Trinité se téléporta à nouveau, Irène attrapa son bras à la volée et, sans qu'elle ne réagisse, déboussolée, la vampire glissa une main derrière sa tête, effectua un croche-pied brusque et fit percuter sauvagement son front contre le sol gelé. Plusieurs fois, elle la heurta de cette façon. Mélissandre, désorientée, ne parvenait plus à faire fonctionner son pouvoir de téléportation. Elle voulait inutilement pousser sur le côté, afin qu'elle se relève, mais la noiraude la tenait trop fortement.

C'est pourquoi, elle puisa dans ses dernières ressources et d'un coup spontané, Mélissandre libéra la plus colossale boule d'énergie maléfique qu'elle n'ait jamais crée et la dirigea sur la vampire. Cette dernière fut non seulement projetée des mètres derrière, rencontrant une paroi abruptement, mais elle perdit aussi connaissance une poignée de secondes. Longtemps, assez pour que la Trinité reprenne ses esprits et ne rampe jusqu'à Irène. Elle la retourna sur le dos et ignora son grognement de douleur. Assénant une multitude de coup de poing, la noiraude s'épuisait grandement, tellement qu'elle n'arrivait plus à l'en empêcher. La sorcière, puissante vainqueur de cette ridicule bataille, s'acharnait sur notre protagoniste. Quand, subitement, un ange gardien apparut.

- Il suffit, Mélissandre ! vociféra une voix qu'Irène identifia sans peine. L'interpellée cessa tout mouvement et se redressa. Il suffit ! Pourquoi t'en prends-tu à Irène ? N'as-tu toujours pas sais ?! Tout ceci ! Ce n'est pas une guerre pour du pouvoir ou pour la vengeance ! Tout ceci, c'est une guerre entre la Trinité. Une guerre qui ne s'est jamais achevée. Moi courant après l'affection de Cordélia et elle la rejetant, toi essayant de la consoler, mais te faisant rejeter. Ton ennemi, le vrai, ce n'est absolument pas Irène. Elle ne l'a jamais été. Celui contre qui tu dois te battre, c'est moi ! Et, je te le promets, je ne me laisserais pas faire ! Il y a trois cents, je t'ai abandonné dans ton illusion, aveuglée par l'amour que tu offrais corps et âme à Délia, mais tout se termine ce soir. Mélissandre, je serais personnellement ton guide pour les Enfers.

- Ainsi soit-il, murmura la Trinité, bouillonnante de rage.