Chapitre 17

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De l'autre côté, la situation se corsait. Démettra prenait beaucoup de coups, elle encaissait sans crier, sans attirer l'attention de ses camarades, mais elle souffrait amèrement. Contrairement à Angelina qui, malgré son ignorance en terme de combat, se battait avec un don vampirique, la blonde n'avait rien. Hormis sa guérison rapide et sa connaissance approfondie en matière de guerre, elle était clairement défavorisée. Une épée et une dague empoisonnée ne suffisaient pas à contrer les pouvoirs d'une sorcière. Elle combattait au corps à corps, tandis que les mages n'avaient qu'à soupirer pour l'abattre.  Alors, elle jouait au jeu du chat et de la souris, se dissimulant derrière des individus au hasard et avançant tant bien que mal.

Elle n'oubliait pas l'objectif premier : briser toutes les défenses ennemies. Cependant, elle s'essoufflait et perdait patience. La bataille s'éternisait et les camps demeuraient à une égalité désarmante. Exténuée, elle tuait autant que ses adverses assassinaient froidement. Cela ne les menait à rien, mis-à-part un bain de sang.

- Besoin d'aide, princesse ?! intervint la voix particulièrement rauque d'un de ses amis.

Rocklow fondit au centre d'une tornade de poussière qui visait à l'aveugler et il anéantit le sortilège avec une arme étrange. Une sorte de glaive, orné de rubis et d'émeraudes, plusieurs saphirs et améthystes, il brillait, mais pas à cause des pierres, grâce à une magie. Démettra s'étonna, mais elle écarquilla brusquement des yeux quand elle se rendit compte d'un détail important. L'alpha venait de lui parler ! Cela signifiait qu'il ne s'était pas transformé, mais se battait toujours dans sa forme humaine. Ce qui le désavantageait. Courroucée, elle s'apprêtait à lui hurler les pires reproches, mais une sorcière lui lança un sort qui l'envoya valser sur une dizaine de mètres. Elle s'écroula lourdement au milieu d'ennemis qui se précipitèrent sur elle, profitant de sa faiblesse.

L'Immortelle roula sur elle-même et rampa à la vitesse de l'éclair, cogna des parties intimes au passage, afin de s'éloigner un minimum des  charognards. A peine eut-elle le temps de se redresser qu'une épée vola jusqu'à son visage. Elle se rabaissa, esquivant, puis se leva définitivement, et frappa à mains nues les viles assassins. Elle se demanda si elle valait mieux qu'eux, se dit que oui, mais oublia son débat interne à la vision d'un loup majestueux, la gueule ouverte, sautant sur elle. La blonde l'observa passer par dessus sa tête et atterrir sur un ennemi. Rocklow qui redevint humain la seconde d'après.

- Pourquoi te transformes-tu ?! beugla-t-elle, couvrant les bruits de la bataille.

- J'ai découvert ce machin entre deux têtes arrachées ! exposa-t-il, désignant son arme. Je présume qu'elle provient de l'Ordre Blanc. Une invention merveilleuse, puisqu'elle défait tous les sorts des sorciers. Mais, tu as raison ! Je préfère ma forme lupine. Cadeau !

A ce dernier mot, il se changea et jeta l'arme qu'elle réceptionna, avant qu'elle ne tombe en de mauvaises mains. La testant, Démettra confirma les effets prodigieux de cette magie militaire. Pour une fois que l'Ordre Blanc leur facilitait la tâche, involontairement. Elle put plus facilement purifier son environnement, exterminant tous ses ennemis. Rocklow traversait le terrain en quelques enjambées, emportant sur son sillage une flopée de morts. Avant qu'il ne s'éloigne trop de son champ de vision, elle lui adressa une ultime remarque.

- Tu sais parfaitement que je ne suis pas une princesse, mais une mamie. N'est-ce pas ?

S'il avait été humain, Rocklow aurait ricané et aurait répondu comme Andreas. Par ailleurs, elle s'inquiéta pour lui, mais n'y réfléchit pas trop. Elle ne détenait pas le luxe de s'angoisser pour chacun de ses alliés. Ainsi, elle priait juste pour qu'ils survivent et qu'ils parviennent à former un passage sûr, afin qu'Irène décime irrévocablement la Trinité. Elle se plongeait corps et âme dans la bataille, exactement tel que Stanislas.

Le vieil homme pensait ne plus revivre une guerre de cette ampleur. Des centaines de cadavres par minutes, une véritable boucherie. Elle se terminait probablement par la défaite des deux camps, puisque, démunis de leurs forces militaires, l'Ordre Blanc et les mortels prendraient le pouvoir sur eux et le Monde Obscur serait réduit en cendre. Il se désespérait de cette situation, mais espérait une bonne fin.

- Maintenant ! s'égosilla une voix qui résonna dans la plaine.

Stanislas, suivi par tous les têtes présentes, pivotèrent vers la provenance de cet ordre. Sans que les ennemis ne réagissent, ou n'aient le temps de comprendre ce qu'il se produisait, un cabot se situant derrière, aux côtés d'Irène, venait de percevoir une ligne plus ou moins droite qui la dirigeait directement vers le renforcement dans la montagne. Saisissant le message, la noiraude s'activa sur le champ et, semblable à une bourrasque, elle se hâta de franchir les défenses opposées. Celles-ci ne sentirent qu'un coup de vent et continuèrent à combattre, n'ayant pas d'autre choix.

Ils avaient réussi. Irène était passée. Stanislas souhaita subitement la joindre, mais se ravisa quand une plainte d'un de ses cabots parvint à ses oreilles. Il retourna à sa principale préoccupation et commença à prier. Il appela le Tout-puissant pitoyablement, l'implorant de sauver cette femme de Mélissandre. Toutefois, il se souvint de quelque chose. Un élément qui manquait à leur plan. Gabriel Eston.

Irène ne pouvait décemment pas se battre contre la Trinité, et son ancien amant. Ce serait trop ! Elle s'écroulerait. Stanislas, paniqué, amorça un mouvement dans l'espoir d'atteindre le renforcement sous peu, mais trébucha sur une jambe mise là exprès. Il grogna, mais ne s'intéressa pas à son assaillant. Ceci parut ne pas plaire, puisque qu'un son rocailleux, rempli de malices, s'éleva dans les airs.

- Pourquoi me fuyez-vous ? Alors que je suis celui que vous cherchez. Affrontez-moi, Stanislas !

L'alpha ferma doucement ses paupières. Irène n'aurait pas à le tuer, mais lui le devait. Inspirant difficilement, il fit volte-face et obtempéra au commandement de Gabriel Eston. Le sorcier l'observa curieusement. Il ne semblait pas réellement vouloir le battre, mais jouez avec ses nerfs. Il se téléporta autour du loup, tentant de le désorienter, mais n'attaquait jamais. Il gaspillait son temps. Dans un but bien précis. L'écarter de la Trinité.

L'Insurrection [En correction !!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant