Chapitre 19

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- Je n'ai jamais pu supporter vos yeux enjôleurs qui persuadaient Mélissandre de votre loyauté ! affirma une voix qui Gabriel redoutait. Tout chez vous me déplaisait. Vos manières ; vous vous comportiez en bon gentilhomme et accordiez une importance capitale aux valeurs morales, mais vous pactisiez avec la Trinité qui nageait contre ces principes. Vos regards ; enjôleurs et charmeurs, certes, mais toujours fourbes, à dissimuler quelque chose. Vos situations embarrassantes ; dès que nous nous croisions, vous vous situiez là où vous n'auriez pas dû être et vous déblatériez des excuses sans logique.  Ce papier ; je vous surprenais souvent en possession d'un papier que vous adressiez à on-ne-savait-qui et je soupçonnais qu'il allait à votre complice. Et pour finir, vos motivations ; un homme de votre trempe jubile à l'idée d'offrir un cadeau à sa bien-aimée, à promener au bord d'une rivière l'été, ou à danser des heures et des heures, et non pas à exterminer des villages complets pour une femme que vous ne connaissiez même pas. Vous n'aviez rencontré Mélissandre qu'une fois, quelques heures avant l'Insurrection, et vous avez intégralement changé de camp. Vous étiez éperdument accroché à votre Irène chérie, mais vous la trahissez si sauvagement... Non, Monsieur Gabriel Eston, je n'y ai pas cru et aujourd'hui vous confirmez tous mes doutes.

- De quoi m'accusez-vous exactement, Commandant Noir ?! interrogea, irrité par cette tirade, Gabriel.

- Je vous accuse d'avoir un jour ou l'autre décidé de soutenir Irène Horline, au lieu de Mélissandre. Cependant, je suis étonné que vous vous dénonciez volontairement en sauvant ces personnes sans importance.

- Elles ont de l'importance pour Irène, rétorqua-t-il, insolemment.

De son honnêteté ne découla que la fureur. Le Commandant Noir, ainsi nommé pour être l'assassin le plus performant de la Trinité, massacrant immortels ou mortels, arbora sa terrible aura et dirigea toute sa haine vers le traître. Gabriel se prépara à recevoir ses représailles, mais il comprit que la réalité dépassait ses présuppositions, lorsque l'homme souleva son corps et le jeta contre la montagne. Il s'y enfonça légèrement tant il y était arrivé à une vitesse impressionnante, et il tomba violemment par la suite.

De la poussière sortie de sa bouche, toussotant de douleur, il cracha même du sang. Mon dieu qu'il regrettait d'être intervenu ! Maintenant, il se battrait seul et contre un homme qui faisait deux fois sa taille. A ses côtés, Gabriel avait l'air d'un lutin. Roulant des yeux, il soupira dans l'espoir de retrouver son courage, mais celui-ci saisit ses bagages et bondit hors de son monde à la vue du Commandant Noir. C e dernier, à priori joueur, décida de lui ôter l'oxygène. Le sorcier ne respirait plus et s'étouffait lamentablement. Il voyait déjà sa vie défiler dans sa tête, une honte indescriptible le tourmenta à tous ses crimes, mais il gardait les yeux ancrés dans ceux du monstre. Il ne mourrait pas la queue entre les jambes.

- Pourquoi avoir préféré Horline, en dépit de la domination de Mélissandre ? demanda très sérieusement le tortionnaire. Vous rouliez sur une si bonne route, vous possédiez tout avec la Trinité. Il y a donc un détail que je ne comprends pas ! Pourquoi être retourné auprès d'Irène ? La culpabilité ? Un amour que vous n'aviez éteint ? Quoi ?! cria-t-il, vraiment désireux de connaître la réponse, et lui rendant partiellement le souffle.

- J-Je...ne l'ai p-pas abandonné ! brailla Gabriel, en retour. Voilà pourquoi ! P-Parce que j'ai toujours été dans son camps.

De ses ultimes forces, le brun se releva bravement et asséna une tornade enflammée qui manqua sa cible, affaibli, et le Commandant Noir se vengea sur le champs en retournant l'attaque. Sauf qu'il le percuta et Gabriel rencontra derechef la montagne. Le contact douloureux avec la pierre lui arracha un gémissement. En réalité, tous pensaient que, en tant que le bras droit de la Trinité, il symbolisait la puissance. Mais, absolument pas ! Ce colosse le maîtrisait totalement.

- Il faut l'aider ! indiqua Angelina à sa plus proche alliée, soit Keira, car elle venait de percevoir les mots de Gabriel. Il est innocent !

- Pardon ? Je suis un peu occupée, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Qu'avez-vous...? Mais, revenez ! brailla la reine, quand la novice eut la magnifique idée de se ruer vers Gabriel, qui s'écroulait perpétuellement au sol sous les coups précis de son adversaire. Aaron ! Ramène, Andreas. Vite !

Déboussolé, l'époux se retourna de justesse pour voir Keira suivre Angelina dans sa folie. Tout l'univers connaissait les pouvoirs illimités du Commandant Noir et l'évitait comme la peste. Tout l'univers, mis-à-part la châtaine visiblement. Il jura dans sa barbe imaginaire, mais se dépêtra de ses ennemis, afin de traverser promptement la plaine. Il rejoignit son Ambassadeur qui se battait contre un cabot qui refusait de le délaisser. Il lui infligea un coup de pied adroit qui l'envoya plus au loin.

- Merci, soupira le blond, épuisé. En quel honneur venez-vous ici ? Vous aussi avez-vous été bousculé, tel un ballon de football ?

- Non, mais ma femme court après votre copine qui se frotte actuellement au Commandant Noir. Peut-être la prévenir la prochaine fois qu'une guerre ne débute d'éviter les méchants imbattables. Maintenant, auriez-vous l'obligeance de la tirer par les cheveux si nécessaire, mais l'en écarter !

Dépité, Andreas assimila difficilement les paroles, blême, et fila en un éclair. Il arriva sans tarder sur les lieux du désastre et admira son ange sauter farouchement sur le dos du colosse. Keira lui ordonna de battre en retraite, mais la châtaine ne l'écouta guère, plantant sa ridicule dague dans la peau robuste du Commandant Noir. Ce dernier la fit basculer et elle finit par terre, en boule. La reine l'attaqua ensuite, mais ramassa la poussière aussi. Aaron n'hésita pas, avant de le cogner abruptement, mais l'ennemi se redressa sans une égratignure. Andreas le transperça, mais valsa, se présentant aux roches de la montagne.

Découragés, aucun ne discerna Gabriel se traîner jusqu'à Angelina, qui était allongée près de lui. Il attrapa sa dague et récita une formule démoniaque qu'il avait lue dans le Daemonica. Enfin, il ne perdit pas une seconde de plus pour la lancer sur le Commandant Noir. Le sorcier monstrueux fut transpercé par la lame, mais ricana ironiquement. Un sortilège lui permettait de survivre à ce genre d'assaut. Néanmoins, le sourire victorieux du brun l'inquiéta et il se concentra sur l'arme. Elle étincelait. Et il ne put agir assez rapidement. La dague ensorcelée explosa à l'intérieur de son anatomie et il trépassa sur le coup.

- Peut-on savoir quelle mouche t'a piquée, bordel ?! vociféra Andreas, fonçant sur Angelina, en rage.

- Mais, il le fallait ! insista la nouvelle-née, pivotant vers Gabriel qui n'osait les regarder dans les yeux. Cet homme est innocent, vous dis-je ! Il a risqué sa vie pour les nôtres et a reçu en remerciement la colère de ce géant !

- Est-ce qu'elle dit la vérité ? voulut s'assurer Démettra, fixant curieusement le sorcier. Soutenez-vous réellement Irène ? J'ai du mal à croire que vous avez abandonné la Trinité !

- Il n'a jamais abandonné qui que ce soit, exposa Angelina, à la place du brun. Puisqu'il ne cessait d'aimer Irène.

L'Insurrection [En correction !!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant