4. L'Arrestation

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Virus l'avait encore tabassé. Mais contrairement aux fois précédentes, il avait eu des regrets. Une petite voix qui lui était complètement inconnue lui disait qu'il avait mal agi, qu'il n'aurait pas dû s'emporter pour si peu. C'est la première fois de sa vie qu'il avait de l'empathie pour un individu autre que sa mère. Olivier était décidément assez particulier. Qu'avait-il de si spécial pour lui faire ressentir ce genre de sentiments qui lui étaient totalement étrangers ?

-Je t'avais bien prévenu de ne plus me traiter de pédé, lança Virus. Tu l'as bien cherché.

Olivier, debout face au miroir des toilettes, ne le calculait même pas. Il tentait de nettoyer les blessures que Virus lui avaient infligées au visage.

-Laisse-moi t'aider, tenta Virus.

-Ne me touche pas ! hurla Olivier.

Virus pouvait bien percevoir la colère dans les yeux de son interlocuteur. Pour une fois dans sa vie, il éprouvait de la culpabilité. Il essayait de se convaincre que tout était de la faute de sa victime mais cette théorie ne passait guère. Entendre les hurlements de douleur d'Olivier qui s'aspergeait d'eau afin de nettoyer ses plaies lui faisait ressentir une sensation étrange. Il prononça alors les trois mots magiques. Trois mots qu'il alla chercher au plus profond de ses entrailles. Trois mots qu'il n'avait encore jamais articulé dans sa vie.

-Je suis désolé.

Olivier se retourna avec étonnement. Il croyait avoir mal entendu les paroles de celui qui venait à peine de lui foutre une raclée. Mais, le Microbe répéta beaucoup plus fort ce qu'il avait affirmé. Il ignorait ce qui l'avait fait changer de la sorte, mais il était bien déterminé à se faire pardonner. Le poids de la culpabilité commençait à le ronger.

-J'accepte tes excuses ! Tu t'appelles bien Virus n'est-ce pas ?!

-Oui Olivier.

-Je suis content que tu aies retenu mon prénom. Tu sais, on pourrait repartir sur de nouvelles bases, proposa Olivier.

Virus le dévisagea. La dernière chose dont il avait envie, c'était d'être ami avec quelqu'un comme Olivier. Il le trouvait tellement fragile qu'il ne supporterait pas de le brutaliser à nouveau.

-Je t'ai présenté mes excuses parce que je reconnais que j'y suis allé un peu fort. Crois pas que toi et moi, on va devenir potes.

Olivier lui sourit hypocritement et passa délicatement sa main droite sur le torse de son interlocuteur. Virus eut la chair de poule. Il n'aimait pas le jeu auquel Olivier s'adonnait subitement sur son corps.

-Et après, c'est pour me traiter de pédé, déclara-t-il. Tu fais quoi comme ça ?

Olivier fit comme s'il n'avait pas entendu. Il rapprocha lentement son visage de celui du dénommé Virus si bien que l'air qui s'échappait de leurs narines s'entremêla. Virus de façon instinctive rapprocha aussi sa face. Leurs bouches étaient sur le point de se joindre quand Olivier s'empara discrètement d'un objet dans la poche du Microbe. Il s'agissait d'une clé USB. Lorsqu'il eut mit en cachette la clé dans sa poche, Olivier stoppa Virus qui s'apprêtait à l'embrasser.

-Euhhh... Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il pour le bloquer dans son élan.

Virus était gêné. Il ne comprenait pas ses agissements quand il était avec Olivier. Il n'avait jamais rien ressenti pour les hommes. Pour lui, il était hétérosexuel à 100%. Et pourtant si le jeune homme ne l'avait pas arrêté, il lui aurait donné un baiser des plus passionnés.

-Mon pote Bactérie a été incarcéré ici depuis hier. Ils l'ont attrapé alors qu'il faisait du trafic de drogue. Je suis donc passé pour le voir. Et toi ?

-Je suis venu en visite avec des étudiants de mon université.

-Ah ! Peut-être que la fille dont Bactérie est tombé amoureux est parmi vous. Il m'a dit que c'est une gosse de riche, précisa Virus.

-Mais de quoi tu parles ?

-Bactérie est tombé raide dingue d'une bourgeoise de ton genre. Il voulait l'impressionner en l'invitant dans un coin chic. C'est pourquoi il a fait ce trafic de drogue.

-Rectification : je ne suis pas un bourgeois ou encore un gosse de riche. Je suis juste Olivier. Et puis, ton ami n'avait pas besoin de faire ça. Si cette fille ne l'aime pas pour ce qu'il est, alors elle ne le mérite pas.

À peine Virus avait ouvert la bouche pour répondre que la voix d'un gardien se fit entendre.

-Monsieur Olivier LOU-COULIBALY, votre groupe vous attend. Dépêchez-vous ! ordonna-t-il.

-Olala, y'a ta nounou qui est venue te chercher, murmura Virus.

Olivier faussement énervé le bouscula et se dirigea vers la porte de sortie.

-Olivier, attends !

-Quoi ?

-C'était cool de discuter avec toi, avoua Virus. Je crois bien qu'on pourrait être de bons potes, dit-il en tendant sa main au jeune homme.

Olivier eut un pincement au coeur. Cette poignée de main le dissuada pendant un moment d'accomplir son plan de vengeance. Mais, lorsqu'il fût hors des toilettes, ses projets remontèrent à la surface. Virus devait payer pour tout ce qu'il lui avait fait subir. En effet, il fonça précipitamment vers le bureau du directeur de la prison.

-Monsieur, il y'a l'un de mes agresseurs qui se trouve en ce moment même dans cette prison. J'ai récupéré discrètement cette clé de sa poche. Elle pourra peut-être constituer une preuve pour l'incriminer.

Le directeur, sans poser de questions prit automatiquement son PC et y inséra la clé USB. Il y avait un dossier qui révélait tous les braquages des Microbes. Le directeur était sous le choc. Olivier, lui, vivait le meilleur moment de sa vie. Son agresseur allait enfin pourrir derrière les barreaux. Il s'était peut-être joué des sentiments de ce dernier, mais c'était pour la bonne cause.

Après quelques minutes de recherches intenses, les agents de police arrivèrent à mettre la main sur le Microbe. Lorsqu'on lui montra la clé qui avait servi à l'inculper, il comprit aussitôt comment il s'était fait avoir.

Olivier était avec les étudiants de son groupe de TD quand Virus passa près de lui, escorté par des agents de police.

-Tâche de ne plus jamais recroiser mon chemin, chuchota-t-il à son oreille. Mais si t'as la malchance de me revoir un jour, sache que je ne te laisserai pas la vie sauve, ajouta-t-il avant de se faire tirer le bras par l'un des agents qui le conduisait dans sa cellule.

Amoureux d'un Microbe [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant