Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 3. « Le sablier qui ne s'écoulait plus pour lui »

~ Liam ~

— Est-ce que tu es sûr de toi ? Est-ce que ce serait vraiment elle ? résonna la voix de mon interlocuteur dans mon oreille.

La tête penchée vers le sol, mon esprit s'amusa à me faire repasser pour la énième fois des images de son visage. J'avais beau essayer de m'en convaincre du contraire, toutes les preuves étaient là pour jouer contre moi.

— Ouais, c'est bien elle, déclarai-je tout en serrant plus fermement la hanse de mon casque de moto entre mes doigts.

— Merde.

Un silence insupportable s'installa de l'autre côté de la ligne téléphonique et, sur le coup, je crus que j'allais exploser sur place.

Lorsque je repensai au comportement que j'avais eu quelques minutes plus tôt, je sentis ma mâchoire se contracter violemment. J'eus envie de vomir en me revoyant sourire comme un idiot, en m'entendant de nouveau lui dire toutes ces paroles réconfortantes comme si je pouvais ne serait-ce qu'un instant m'inquiéter pour une fillette comme elle. Pourtant, j'aurais été capable de m'enterrer six-pieds sous terre si elle avait gardé cet air triste une seule seconde de plus sur son visage.

Mes doigts s'agrippèrent davantage autour de mon téléphone quand je pris conscience qu'une telle absurdité avait traversé mon esprit, que j'avais pu penser une telle chose. Une rage monta en moi avec une vitesse si fulgurante que j'en perdis presque le souffle et une unique question hanta mes pensées : comment avais-je pu perdre à ce point la raison ? Comment avais-je pu devenir quelqu'un d'autre aussi vite ?

— Qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?

— J'en ai pas la putain de moindre idée ! m'écriai-je, jetant mon casque de moto sur le sol où il se fracassa en mille morceaux.

Une mère de famille me dévisagea avec des yeux ronds avant de prendre précipitamment la main de son fils et de s'en aller à grands pas le plus loin possible, pourvu que ce ne soit pas près de moi. Je poussai un soupir d'exaspération et passai une main dans mes cheveux blonds.

— Calme-toi, Liam... Nous trouverons une solution, nous avons tout le temps devant nous pour en trouver une et...

— Arrête de te foutre de moi, le coupai-je en haussant la voix pour l'empêcher de continuer à me rassurer d'une piètre manière, tu sais autant de moi que le temps imparti vient tout juste de s'écouler. Je n'aurai plus jamais de répit, maintenant. Ma vie est foutue, c'est tout.

— Écoute-moi...

Je mis fin à l'appel avant d'avoir à écouter davantage ses conneries.

Après avoir jeté un bref regard autour de moi pour m'assurer que personne ne s'intéressait à moi, je tendis mon bras là où reposait les débris de mon casque de moto. Un battement de cœur plus tard, celui-ci apparaissait accroché autour de mon poignet, plus neuf qu'il ne l'avait jamais été auparavant, comme s'il n'avait pas explosé contre le sol quelques instants plus tôt.

Sans perdre une seconde de plus, j'allumai le moteur de ma bécane et enfilai mon casque à la hâte. Puis, je m'éloignai le plus vite possible de cet endroit avant que les circonstances ne fassent que je devienne incapable de rester loin d'elle très longtemps, avant que ma vie ne vole finalement en morceaux.