Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 71. « Pour empêcher l'inévitable »

~ Liam ~

Je n'accordais aucune attention aux nombreuses personnes qui se pressaient autour de moi pour que tout soit prêt pour le début de la Cérémonie. Mon regard était planté devant moi, sur le putain de vase en porcelaine qui était plus vieux que tous les domestiques du palais réunis et que je souhaitais briser en mille morceaux depuis la première fois que j'avais posé mes yeux sur lui, tandis que plusieurs membres du personnel s'arrangeaient pour que mon costume luxueux soit disposé de la manière la plus parfaite possible, que ma cape royale tombe impeccablement sur le sol, que mon allure soit d'une impressionnante noblesse.

Il ne me fallut pas longtemps pour que mon regard se perde dans le vague et que mes pensées dérivent pour la énième fois vers la seule personne qui hantait mes pensées. Mon corps tout entier était en manque d'elle, de sa présence, de son odeur.

Ma princesse...

Chaque nuit, je rêvais de son sourire insouciant et de ses cheveux blonds ondulés au vent. Les moindres détails de la nuit de l'after étaient encore profondément ancrés dans mon esprit : son corps dénudé sur le comptoir de ma cuisine, ma bouche sur sa peau ardente, ses ongles griffant mon dos, ses magnifiques lèvres sur mon cou... Mon subconscient s'amusait à me rappeler encore et encore ces scènes-là, comme si au fond de moi ça me plaisait de me faire volontairement du mal avec tous ces souvenirs que je n'échangerais pas même pour gagner ma liberté.

Chaque jour, je tâchais de rester calme, de me maîtriser, quand bien même je ne pouvais m'empêcher d'être un peu plus inquiet pour elle chaque heure qui s'écoulait car je savais qu'elle avait réussi à détruire le contrôle que j'exerçais sur son don. Je me souvenais encore de la puissance de sa volonté qui m'avait frappé sans prévenir, le vide qui s'était emparé de chaque parcelle de mon être au moment précis où le lien qui nous unissait avait été brisé.

Je mordis si violemment ma lèvre inférieure en repensant à cet instant-là qu'un goût métallique fit brusquement son apparition dans ma bouche. Je fus obligé d'utiliser mon don pour réparer les ravages de ma colère et faire disparaître toute trace de sang parce que je ne voulais pas que les domestiques s'affolent pour rien.

Je sentis mon regard devenir plus froid que jamais, animé d'une rage qui ne m'avait plus quitté depuis mon départ de l'Union des Dons.

Putain, je sais que j'ai merdé en partant comme ça, sans prévenir, mais c'était devenu trop lourd, trop dur pour moi de continuer ainsi. Il fallait que je mette une distance entre elle et moi, sinon j'allais faire une connerie.

En réalité, je l'avais déjà faite.

Pourtant, mon départ précipité n'avait rien changé à la situation, ça n'avait fait que la retarder de façon minime. Et, à présent, la chose que j'avais essayé d'éviter depuis ma naissance allait se réaliser. Je pouvais souhaiter m'échapper autant que je le voulais, je savais pertinemment que mon devoir ne s'effacerait jamais de moi. Merde, j'étais né pour ça.

Aujourd'hui, tout va changer.

Une voix m'arracha brusquement à mes pensées, me forçant à quitter la sécurité de mon esprit pour retourner dans le cauchemar ambulant dans lequel je vivais. Je me tournai vers l'origine de ce bruit parasite.

— La Cérémonie va commencer, Votre Majesté, m'informa un majordome après avoir fait la révérence de rigueur.

Je lui fis un signe de tête solennel tout en sentant le rythme des battements de mon cœur accélérer d'un coup. Je m'avançai machinalement vers le couloir qui menait à la salle où mon destin allait se jouer, tentant désespérément de refouler les pensées incohérentes qui tentaient de me déstabiliser. Au bout du corridor, je m'arrêtai devant deux immenses portes gardées et attendis que les soldats en poste m'ouvrent l'accès.