Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 68. « La fumée qui voile tes yeux injectés de sang »

~ Leah ~

Je m'avance d'un pas dans une pièce qui s'apparente à un gigantesque bureau, puis referme les doubles portes en bois derrière moi en un grand bruit qui détonne dans l'affreux silence. Je m'approche doucement du bureau en chêne massif qui est positionné au fond de la salle, près d'une grande fenêtre, et m'arrête finalement devant les deux imposants fauteuils en cuir placés devant le meuble. Derrière celui-ci, Liam est confortablement installé sur un énorme siège, en cuir lui aussi, les pieds nonchalamment posés sur le bureau. Quand il se rend enfin compte de ma présence, son regard s'obscurcit de façon considérable.

— Ah ! s'écrie-t-il en levant les bras vers le plafond. La personne que je préfère plus que tout au monde vient me rendre une petite visite !

Son ton ironique ne m'échappe pas mais je ne lui fais aucune remarque. Je sens ses yeux mauvais sur moi tandis que je me laisse tomber dans l'un des deux fauteuils en face de lui.

Lorsque je m'apprête à lui dire quelque chose, Liam m'arrête d'un geste agacé de la main avant de me montrer une ligne de poudre blanche devant lui. Un sourire carnassier étire doucement ses lèvres.

— Attends un peu avant de venir me péter les couilles avec tes histoires de merde.

Je secoue la tête avec dégoût.

— Te défoncer ne te permettra pas de résoudre tes problèmes.

— Eh bien, regarde-moi le faire quand même, me rétorque-t-il en plantant ses yeux brillants de provocation dans les miens.

Liam commence à rouler un billet de cent dollars américains d'un geste précis qui me confirme que ce n'est pas la première fois qu'il fait ce genre de chose. Sans détourner son regard supérieur du mien, il sniffe lentement toute la rangée de poudre blanche aux reflets dorés et violets. Après avoir terminé, je le regarde sans rien dire tandis que sa tête se lève vers le plafond et qu'il prend une profonde inspiration en secouant la tête de droite à gauche. Ensuite, il se tourne vers moi, l'air encore plus perdu qu'auparavant.

J'aurais pu faire un geste pour l'empêcher de renifler cette substance blanchâtre mais Liam doit assumer les conséquences de ses actes tout seul. Ce n'est plus un enfant que l'on doit protéger coûte que coûte.

— C'est bon, je suis prêt à t'entendre raconter des conneries.

— Tu n'aurais jamais dû partir.

Son rire hystérique résonne immédiatement dans la pièce, sûrement accentué par sa petite défonce. Il ne semble même plus être lui-même.

— Putain, tout le monde ne fait que me dire la même chose.

Du coin de l'œil, je remarque soudainement la présence de nombreuses liasses de dollars américains sur le bureau qui doivent probablement former au total une belle somme. Une carte de crédit de couleur noire est posée à côté d'un sachet rempli de la même poudre blanche qu'il a sniffé quelques instants plus tôt. Je comprends alors qu'il n'a pas commencé sa petite fête à cause de mon arrivée, mais bien avant ça.

— Tu as été un lâche de t'enfuir comme ça, je déclare brusquement d'une voix calme.

Mes paroles ont tant d'effet sur Liam que je vois ses yeux s'assombrir d'un coup.

— Les responsabilités qui pèsent sur moi sont si lourdes que j'ai bien le droit d'être lâche.

Sa voix est devenue forte et sèche, signe que le sujet de discussion que nous abordons ne lui convient pas.