Chapitre 48. « Le tête-à-tête »

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~ Liam ~

Il ne me restait plus qu'une poignée d'heures avant le début du Bal de la Sélection, pourtant j'avais encore un millier de choses à régler pour espérer avoir la conscience un minimum tranquille.

Devant moi, l'Union des Dons vibrait d'excitation face à l'un des plus importants évènements de l'année scolaire et tous les étudiants, ou presque, se bousculaient ou se marchaient sur les pieds pour s'occuper le plus rapidement possible de leurs achats de dernière minute. Quant à moi, dissimulé dans un coin discret, j'observais depuis un petit moment la foule qui grouillait d'énergie dans les rues marchandes du centre-ville, à la recherche d'une personne en particulier.

Au bout d'un moment, la silhouette que j'attendais avec impatience apparut dans mon champ de vision et tourna finalement la tête dans ma direction. Il trottina jusqu'à me rejoindre, visiblement en plein footing, mais brisa malgré tout son rythme pour venir s'arrêter devant moi. Une vague de rage m'envahit brusquement en réalisant que l'on faisait la même taille. Putain, ma fierté m'empêchait même d'avouer qu'il me dépassait probablement de quelques bons centimètres.

— Wow, ça fait trois fois que je fais le tour du quartier en cherchant partout où tu aurais pu te cacher. La prochaine fois, essaie de faire davantage d'effort sur la description du lieu du rendez-vous parce que, là, crois-moi que c'était franchement limite, déclara Jay après avoir retiré son casque de ses oreilles et essuyé la fine particule de sueur sur son front avec son t-shirt.

— Il n'y aura pas de prochaine fois.

Il continua de me regarder droit dans les yeux sans jamais flancher, ignorant à la perfection mon ton sec. Soit il s'était entraîné à l'avance en apprenant notre entrevue, soit il était naturellement très fort à mon petit jeu de déstabilisation.

— Bon, apparemment tu as remué ciel et terre pour trouver mon numéro de téléphone, chose qui, je pense, n'est pas si difficile à se procurer, mais, bref, d'après ce que j'ai compris, tu voulais me parler en tête-à-tête de toute urgence. Eh bien, me voilà devant toi, annonça-t-il en écartant les bras de chaque côté de son corps. Par contre, si tu pouvais te dépêcher de parler, ça m'arrangerait grandement. Vois-tu, j'ai des choses à faire et perdre mon temps dans une ruelle louche en ta compagnie n'en fait pas partie.

Son audace réussit à m'arracher un sourire. Aucun autre élève avant lui n'avait osé me provoquer de la sorte, encore moins un étudiant en première année. Tout le monde savait qu'il fallait me respecter ou bien l'apprenait à ses dépens au cours de l'année scolaire. Pourtant, personne n'avait jamais, en connaissance de cause, cherché à me pousser dans mes retranchements, à tester les limites de ma patience et de ma diplomatie.

— Ah, je vois. Tu dois passer ton après-midi à te faire beau pour le Bal de la Sélection, c'est ça ? lui demandai-je, mon plus beau sourire hypocrite étirant mes lèvres.

— Je n'ai pas besoin de me faire beau, je le suis déjà.

J'éclatai de rire en réalisant que l'expression sérieuse sur ses traits ne pouvait pas être plus authentique. Ses yeux d'un bleu clair presque translucide me dévisageaient avec attention, impassible face à mon amusement. Puis, sans prévenir, il fit mine de reculer, comme pour s'en aller.

— Écoute, je n'ai pas envie de m'amuser avec toi. Si tu ne comptes pas cracher le morceau, je...

Je levai deux doigts en l'air pour le réduire au silence et en profitai pour reprendre mon sérieux, décidant qu'il était temps d'abandonner mes distractions pour me concentrer sur ce qui était le plus important. Je pris une profonde inspiration avant de prendre la parole, repoussant chaque goutte de fierté qui inondait mon être pour prononcer ces quelques mots :

— J'ai un service à te demander.

Pour la première fois depuis le début de notre tête-à-tête, le visage de Jay laissa entrevoir une émotion. Ses yeux étaient écarquillés et n'importe qui aurait pu croire qu'il venait tout juste de voir un fantôme. À vrai dire, après avoir entendu ces stupides mots sortir de ma bouche, je comprenais ce qu'il ressentait.

Je ne savais plus faire la différence entre celui que j'étais réellement et celui que j'étais censé être.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant