Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 5. « La coïncidence qui n'en était pas une »

~ Leah ~ 

Je n'étais pas parvenue à fermer l'œil de la nuit, trop excitée par la découverte de cette académie appelée l'Union des Dons et intriguée par les paroles de mes parents, qui me paraissaient dénuées de sens. À présent, installée dans la voiture de Papa en direction de la capitale où se déroulait l'examen d'entrée, je regrettais amèrement d'avoir troqué mes heures de sommeil contre des questions auxquelles je n'avais toujours pas de réponse.

Pourquoi tous ces mystères autour de moi ?

Lassée de ne trouver aucun indice pouvant me mener sur le chemin de la vérité, je soupirai en silence. Plus j'observais le trafic chargé de Paris qui se déchaînait autour de nous et plus mon état émotionnel se dégradait. J'avais beau me convaincre que j'allais faire de mon mieux, que j'avais toutes mes chances d'intégrer l'Union des Dons, cela n'empêchait pas la boule d'anxiété envahissante dans mon ventre de me rappeler qu'il existait bien un risque pour que je n'y sois pas acceptée, pour que je ne parvienne jamais à maîtriser ce que j'étais.

Chacune de mes pensées négatives ne faisait que faire trembler davantage mes mains alors je décidai de me concentrer sur la personne à ma gauche pour me changer les idées. Les mains crispées sur le volant, Papa ne relâchait pas une seule seconde son attention du paysage environnant de peur de ne pas voir une voiture débouler devant lui au dernier moment, une habitude très fréquente chez les conducteurs dans la capitale. Il ne voulait même pas mettre la radio de peur de se déconcentrer, comme s'il y avait un quelconque risque qu'il se mette à se déhancher sur le dernier hit de Beyoncé.

Dans tous les cas, le silence pesant qui s'était confortablement installé sur la banquette arrière depuis notre départ me prouvait que Papa n'avait pas l'intention d'engager la moindre conversation avec moi.

Ou est-ce encore la faute au trafic routier, Papa ?

Je ne pus m'empêcher de le dévisager quelques secondes de plus, me demandant comment il pouvait rester aussi calme et indifférent après la conversation que nous avions eue la veille. Son mutisme ne pouvait être qu'une ruse ayant pour but de prétendre que les précédents évènements n'avaient jamais eu lieu pour empêcher mon esprit de vouloir y trouver davantage de sens.

Comprenant que je ne parviendrai pas à tirer la moindre chose du conducteur de la voiture, je n'eus pas d'autre choix que de m'intéresser aux paysages urbains s'étirant au-delà de la fenêtre pour passer le temps. Des touristes asiatiques s'extasiaient et photographiaient tout ce qui se trouvait sur leur passage, demandant à des passants s'ils pouvaient les prendre, eux et leur famille, en photo. Plus loin, je remarquai un couple qui s'embrassait passionnément sur un banc sans se préoccuper le moins du monde du regard des passants. Si Roxane avait été là, elle se serait sûrement plainte du manque d'action dans sa vie amoureuse durant une bonne dizaine de minutes avant de finalement décréter qu'elle n'avait pas besoin d'homme dans sa vie pour être heureuse.

Les jointures des mains blanchies par la tension, Papa tournait, accélérait, ralentissait, sans jamais poser les yeux sur moi. Visiblement, il prenait trop à cœur son rôle de conducteur pour se rendre compte de ma présence à ses côtés.

Autant qu'il se concentre sur la route, je n'ai pas envie de mourir tout de suite. Encore moins aujourd'hui.

Tout à coup, la voiture se mit à ralentir jusqu'à finalement se garer près d'un imposant et magnifique bâtiment, au milieu des beaux quartiers de la capitale. Fronçant les sourcils, je jetai un coup d'œil à Papa pour m'assurer que nous étions bien arrivés au bon endroit mais il était trop occupé à s'assurer qu'il avait bien réussi son créneau pour me remarquer. Ce ne fut qu'au moment où il rangeait ses clés qu'il se décida à m'accorder un regard, le premier de la journée.