Chapitre 17. « Un monde nouveau »

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~ Leah ~

J'observais patiemment les paysages colorés de Provence qui s'étalaient devant mes yeux à travers la fenêtre ouverte de la voiture. La douce couleur violette des champs de lavande qui encadraient les petites routes de campagne de la région avait réussi à me rassurer, ce qui avait permis de réduire la boule de stress qui pesait dans mon ventre. Je pouvais facilement deviner la bruyante berceuse des cigales par-dessus le bruit du moteur de la voiture.

Une légère brise entrait par ma fenêtre baissée et faisait gentiment virevolter mes cheveux. Machinalement, je sentis mes yeux se poser sur le bout de papier que Grand-mère avait déposé dans l'énorme boîte que l'homme à son service avait livrée chez nous, tôt ce matin-là, et qui contenait la tenue pour mon entrée à l'Union des Dons. Je ne pouvais m'empêcher de m'accrocher à cette stupide petite feuille comme si elle allait, d'une manière ou d'une autre, m'aider à surmonter cette journée-là avec plus de facilité.

« Fais-moi plaisir et ne gaspille pas ta précieuse énergie à te plaindre de ta tenue. Que tu le veuilles ou non, tu sais très bien au fond de toi qu'elle est parfaite pour ton premier jour. Et n'oublie pas : l'apparence est primordiale à l'Union des Dons. Ne t'avise même pas de négliger ça, cette règle est beaucoup plus importante que tu ne le penses mais ne te laisse pas prendre au piège pour autant. Le monde dans lequel tu t'apprêtes à mettre les pieds est très différent de celui où tu vivais jusqu'à présent. Garde en tête que, si les apparences règnent à l'Union des Dons, elles peuvent être facilement falsifiées. Appelle-moi dès que tu en ressens le besoin ou que tu as des questions, mais ne m'harcèle pas non plus. »

Je me surpris à soupirer en lisant pour la énième fois ces quelques lignes. Cela devait être ce qui se rapprochait le plus d'un encouragement de la part de Grand-mère, qui avait toujours eu du mal à exprimer clairement des paroles bienveillantes ou bien simplement ses émotions.

Le temps commençait doucement à se faire long et une certaine forme d'impatience ne tarda pas à se développer au fond de moi. Comme quoi, même si j'angoissais depuis le petit matin, j'étais pressée de faire face à quelque chose que je pensais redouter.

Une trentaine de minutes plus tard, la voiture sortait de la route principale pour s'engager sur un étroit sentier de terre. Des allées de cyprès longeaient le chemin, assez hauts pour le cacher des yeux indiscrets qui auraient pu vouloir découvrir où il menait. Nous ne tardâmes pas à nous approcher d'un gigantesque portail doré qui nous empêchait d'avancer davantage. Lorsque Papa n'eut pas d'autre choix que de s'arrêter devant, j'étais convaincue que notre petit voyage allait se terminer là. Tout le monde retenait son souffle dans l'habitacle. Puis, tout à coup, nous faisant tous sursauter dans nos sièges, les portes s'ouvrirent avec une lenteur infinie.

Papa ne perdit pas de temps pour pénétrer dans l'enceinte de l'Union des Dons, enfonçant la pédale d'accélération comme si sa vie en dépendait.

***

Lorsqu'on imagine un lieu que l'on n'a jamais vu et que l'on s'apprête à découvrir, tout le monde rêve d'un endroit superbe, très souvent au-dessus de toute espérance. Ce lieu inconnu peut provoquer des envies inavouées, des fantasmes de luxe et d'élégance dans toute leur grandeur. Il faut préciser qu'aucun être doté d'un minimum de bon sens ne voudra visiter une habitation si, dans son esprit, cette dernière a l'apparence d'un taudis miteux et complètement en piteux état, ou bien d'une demeure hantée de petits rongeurs vivant parmi la poussière... parfois pire.

Peut-être faudrait-il penser au pire avant de pouvoir songer au meilleur, qui sait ?

Pour ma part, une chose était sûre : je n'appartenais pas à cette catégorie de gens-là. Mon intuition n'avait cessé de me souffler pendant le trajet que la décoration du bâtiment où s'était déroulé l'examen d'entrée n'était pas une façade dénuée de sens. Au contraire, elle avait probablement été méticuleusement étudiée pour montrer à quel point l'Union des Dons possédait des ressources financières impressionnantes et qu'elle cherchait délibérément à l'exposer aux yeux de tous. Par conséquent, je ne me faisais pas beaucoup de souci à ce sujet. Quelques vagues hypothèses toutes plus majestueuses et plus parfaites les unes que les autres sur ma future école trottaient évidemment dans ma tête.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant