Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 4. « La lettre pour sa destinée »

~ Leah ~

Après avoir refermé la porte de l'appartement derrière moi, je regrettai amèrement de m'être dépêchée en entendant les voix de mes parents résonner dans le salon. Sans prononcer le moindre mot, je me contentai d'observer la scène depuis l'entrée.

— Je n'en peux plus de cette situation ! s'exclama Papa en levant les mains en l'air.

Il ne me fallut pas longtemps pour deviner qu'il parlait de moi. De toute manière, je me retrouvais toujours au centre de la conversation lorsqu'une dispute éclatait.

— Elle ne l'a pas choisi, tu le sais très bien ! Elle n'a rien à voir avec ça, s'apitoya Maman, qui était toujours présente pour prendre ma défense.

Comme d'habitude, mon don se retrouvait au cœur de la discussion. Mes parents s'obstinaient à toujours débuter leurs disputes par les mêmes répliques, comme s'ils jouaient une pièce de théâtre de mauvais goût.

J'entrai silencieusement dans le salon, décidée à ne pas les énerver davantage en interrompant leurs tirades.

Papa revêtait encore le costume qu'il portait habituellement pour aller à son travail, ce qui signifiait qu'il venait tout juste de rentrer. Une expression profondément agacée sur le visage, il était accoudé au comptoir de la cuisine, un peu plus en retrait, alors que Maman le toisait depuis le milieu de la pièce. Cette dernière portait son plus beau tailleur, celui avec le chemisier crème aux détails sophistiqués et la jupe crayon noire que je l'avais aidée à choisir durant les précédentes soldes, ce qui me montrait qu'elle aussi avait quitté son travail récemment. Pourtant, cela ne les avait pas empêchés de démarrer une scène aussitôt leur arrivée. Il m'arrivait souvent de me demander comment Maman arrivait encore à supporter Papa, pourquoi elle s'obstinait malgré tout à vivre avec lui. Il fallait croire qu'elle avait de meilleures raisons que moi pour s'infliger un tel calvaire au quotidien.

J'eus à peine le temps de franchir l'entrée de la pièce qu'un brusque silence s'y installa. Les têtes de mes parents s'étaient tout à coup tournées dans ma direction, un geste qui m'apprit que je n'étais peut-être pas la bienvenue dans la conversation alors qu'ils m'avaient demandés de laisser tomber tous mes plans pour les rejoindre.

Durant un petit moment, j'observai mes parents s'échanger un regard débordant de sous-entendus : celui de Papa intimait plutôt de se taire tandis que celui de Maman montrait le contraire. Malheureusement pour eux, mon intuition me souffla que, cette journée-là, personne n'était d'humeur à obéir.

— Ah, voilà l'heureuse élue ! ironisa Papa, coupant court Maman qui s'apprêtait à dire quelque chose. Tu as du courrier.

Avec une rage palpable, il jeta une enveloppe déjà ouverte sur la table basse en bois de notre salon. Quand je passai devant lui, il marmonna dans sa barbe un commentaire vicieux à propos de mes lunettes, m'ordonnant de ne les retirer en aucun cas en sa présence, une chose que, de toute manière, je n'avais pas l'intention de faire. Ignorant de mon mieux ses critiques offensantes même si elles me blessaient au plus profond de mon être, je pris le papier du bout des doigts en me demandant curieusement ce qu'il pouvait bien contenir pour mettre toute ma famille dans un état pareil.

Ce fut alors après le passage de deux paires d'yeux curieux que j'ouvris, à mon tour, la précieuse enveloppe, non sans la détailler du regard avant. Au milieu de celle-ci trônait un magnifique sceau doré au motif de fleur de lys qui lui donnait un aspect particulièrement solennel. Le papier, quant à lui, était très doux, presque aussi doux que la soie, bien qu'il possédait aussi une solidité que l'on ne pouvait déceler au premier regard. Sans pouvoir me l'expliquer, mes doigts s'accrochaient si fermement à la lettre qu'ils en tremblaient presque. Je ne pus m'empêcher de prendre une profonde inspiration avant de découvrir son contenu, trop tendue pour agir autrement.