Chapitre 9. « Livrée à moi-même »

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~ Leah ~

L'immense porte se referma derrière moi en un bruit assourdissant. Puis, je devins complètement aveugle. L'obscurité s'était engouffrée avec moi dans l'arène et, à partir de cet instant précis, l'unique chose que je pouvais constater aux alentours était les battements effrénés de mon cœur contre mes tempes. Il faisait beaucoup trop sombre pour que je puisse observer quelque chose d'autre.

Rapidement, je sentis ma respiration s'accélérer dangereusement. Mes pensées se mirent à s'enchainer dans mon esprit, toutes plus incohérentes les unes que les autres, quand je me rendis compte que la lumière ne se mettait toujours pas en marche pour éclairer les lieux.

Que pourrais-je bien faire en pleine obscurité, d'ailleurs ?

Comprenant que paniquer et attendre sur place ne me mènerait à rien, je fis prudemment quelques pas en avant, les bras tendus devant moi pour ne rien percuter par mégarde. Grâce à la semelle plate de mes bottines, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que le sol n'était pas lisse mais qu'il résultait plutôt d'un mélange entre de nombreux gravillons et peut-être même du sable. Je me laissai alors pousser par un élan de curiosité et m'accroupis de façon à pouvoir laisser mes mains toucher ce qui se trouvait sous mes chaussures ainsi qu'autour de moi. Sans grande surprise, mes doigts rencontrèrent de nombreux cailloux de tailles différentes avant de frôler quelque chose de froid et d'étrange qui manqua de me faire perdre l'équilibre et de basculer en arrière.

Une fois que je réussis à calmer mes membres qui tremblaient de peur, je tendis de nouveau ma main et fis de mon mieux pour contrôler ma respiration lorsque cette sensation de froid particulière réapparut contre ma peau. Une poignée de secondes suffirent à la paume de ma main pour deviner qu'il ne s'agissait pas de quelque chose de dangereux mais seulement d'un buisson de feuilles, du moins telle était mon hypothèse.

Puis, je me relevai doucement tout en poussant un soupir de lassitude, ne sachant toujours pas ce que l'on pouvait bien attendre de moi. Ma tête bascula vers l'arrière et mes doigts vinrent s'aventurer sans but sur mon visage tandis que j'essayais de mon mieux de trouver une raison à toute cette obscurité. En vain.

De longues minutes s'écoulèrent sans que la moindre chose ne vienne déranger le sombre silence de l'arène. Dans un geste nerveux visant à me changer les idées, je grattai encore et encore du pied droit les pierres sous mes talons pour les envoyer voler un peu plus loin, assez loin pour que j'entende le bruit qu'elles faisaient lorsqu'elles rebondissaient.

Alors que j'allais abandonner cette vaine distraction, une lumière violente jaillit soudainement de terre à quelques mètres à peine de là où je me tenais. En effet, au contact du sol, une flèche bleuté fluorescente apparut comme par magie, provoquant un faisceau lumineux si soudain que je dus plisser les yeux. Je retins de justesse une insulte, plaçant une main devant mes paupières. Pourtant, malgré la douleur au fond de mes globes oculaires, mon regard se mit machinalement à détailler les environs, qui, désormais, étaient plutôt bien éclairés.

Tournant la tête dans tous les sens, je me rendis rapidement compte que j'étais encerclée, comme livrée à moi-même. Des haies impeccablement taillées formaient un cercle autour de moi. Je comptai quatre sorties pour en sortir, celles-ci paraissant toutes être parfaitement perpendiculaires les unes aux autres dans une harmonie aussi stupéfiante qu'impressionnante. Au-delà, la seule chose que je pouvais apercevoir était une forêt d'immenses sapins qui semblait se propager à l'infini.

Comment un tel lieu peut-il se trouver aussi près et à la fois aussi loin du hall richement décoré dans lequel je me trouvais une trentaine de minutes plus tôt ?

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant