Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 30. « La sincérité de ses émotions »

~ Leah ~

L'espace d'un instant, je crus qu'il avait arrêté de respirer. Le visage de mon mentor avait perdu toute couleur. Sa pomme d'Adam tressauta nerveusement durant de nombreuses secondes. Puis, ses yeux, qui étaient restés fixés sur sa main autour de ma cheville, remontèrent jusqu'à moi. Ils brillaient d'émotions, toutes plus complexes les unes que les autres.

— Te prouver que je suis sincère ?

— Oui.

— Comment suis-je supposé faire une telle chose ? murmura Liam si bas que j'eus l'impression qu'il se parlait à lui-même.

Il était méconnaissable. Son visage était devenu un tragique tableau où chaque couleur terne correspondait à une émotion négative, les pires qui pouvaient exister dans ce bas monde. Pendant une seconde, je doutai même d'avoir déjà aperçue cette moue narquoise sur ses traits, ses lèvres ne semblant plus capables de s'étirer pour former le moindre sourire.

Doucement, je sentis ses doigts quitter ma cheville pour aller trouver le poignet de ma main gauche. Il semblait si effrayé à l'idée de me refaire peur avec ses puissantes mains, celles qui avaient serré si fort mon cou la nuit précédente, qu'il frôlait à peine ma peau, guidant lentement mon avant-bras jusqu'à ce que ma paume touche sa joue droite. Et là, au contact de ma main sur son visage, il ferma les yeux et pris une profonde inspiration.

Une vague d'émotions m'envahit brusquement, comme si nos cœurs s'étaient soudainement synchronisés. Liam appuya davantage son visage contre ma main et le lien entre nous parut s'amplifier. D'un coup, je me mis à ressentir des choses que je n'aurais su expliquer. Une bourrasque de sentiments vint combler un vide au plus profond de moi et je me surpris à rapprocher ma paume du visage de mon mentor, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ouvre finalement les yeux. Son regard me fixait tranquillement tandis que cette impression d'apaisement dans mon cœur s'épanouissait au reste de mon corps mais également à mes pensées. Je ne savais pas ce qu'il me partageait à travers cette connexion qui nous liait mais cela était l'une des plus douces sensations qu'il m'avait été donné de ressentir de toute ma vie.

Puis, toujours avec cette prudente lenteur, Liam guida ma main jusqu'à ce que mes doigts atteignent l'endroit où se cachait son cœur. Contre son torse, je le sentais battre à un rythme régulier, telle une mélodie réconfortante à laquelle nous pouvions nous rattacher, sachant qu'elle ne nous trahirait jamais. Les yeux aciers de mon mentor qui étaient d'habitude froids et calculateurs semblaient avoir fondus pour arborer une chaleur, un apaisement qui, dans une certaine mesure, parvint à me faire fondre un peu, moi aussi. Son regard me dévisageait avec un calme déconcertant mais il ne fallait pas longtemps pour apercevoir cette once d'agitation qui y brillait sans faire le moindre bruit, rappelant silencieusement ce qu'il avait fait, ce qu'il m'avait fait.

— Oui, je te crois, parvins-je finalement à articuler.

Je sentis le cœur de Liam manquer un battement sous ma paume alors qu'un petit sourire de soulagement faisait son apparition sur son visage. La pression de ses doigts sur les miens s'accentua un bref instant, comme pour me remercier d'avoir attesté de la véracité de ses paroles. Il passa rapidement sa main libre sur son visage, détendant ses muscles crispés par ce même geste. Cependant, durant tout ce temps, ses deux genoux restèrent fermement à terre.

— Laisse-moi passer la journée avec toi, demanda Liam au bout d'un moment, une note d'espoir résonnant dans sa voix. Laisse-moi veiller sur toi pour que tu ne puisses pas faire du mal à quelqu'un par ma faute, s'il te plait. On irait manger chez toi au calme et je demanderais à Evans de déjeuner avec ta copine à notre villa. Puis, on partirait à la bibliothèque pour faire connaissance et repartir de zéro, si tu le souhaites, parce que notre relation a clairement débuté sur de mauvaises bases. Il n'y aura personne là-bas à une telle heure, alors tu pourras m'insulter autant que tu le voudras, Leah. Enfin... si c'est ce que tu désires, bien sûr.