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Carmen :

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Carmen :

Je fermai difficilement les yeux. Le léger clapotis que provoquaient les filets d’eau coulant au mur jusqu’au sol me rendait folle. Ce bruit me harcelait, à tel point que je frisais l’hystérie.

Je dormais sur un matelas gonflable déjà crevé, sans couverture et encore moins de vêtements, exceptés ma culotte et mon soutien-gorge. C’était aussi inconfortable que de dormir sans rien à même le sol. Au moins, ça me protégeait un peu du froid et de l’humidité… mais à peine.
Je fermai à nouveau les yeux en frissonnant. Je n’arrivais pas à dormir avec ce maudit clapotis...

Clic-clac.

Je sursautai brusquement au cliquetis de la serrure et me redressai soudainement. La porte s’entrouvre pour laisser entrer Richard. Il portait une caisse en carton dans les mains, qu’il déposa sur le côté avant de fermer derrière lui. Aussitôt, je redoutai la raison de sa venue.

Il m’adressa un sourire mauvais avant de s’approcher lentement de moi. Il s’abaissa à ma hauteur et je fus incapable de retenir un mouvement de recul. Il me frappa, une gifle qui me brûla la joue et me propulsa sur le côté. Je m’effondrai sur le matelas en réprimant le cri qui courait sur mes lèvres. 

— N’essaie pas de me fuir ! rugit-il. Tu ne bouges pas sans un ordre de ma part, tu as compris ?

Je baissai des yeux que je sentais s’emplir de larmes de seconde en seconde. Je les retins comme je pus, je savais que si je pleurais devant Richard, il me ferait un plaisir de me rappeler brutalement qu’il n’aimait pas quand je me comportais comme une pleurnicheuse.

Il se redressa et se retourna pour tirer la caisse en carton vers lui. Toujours accroupi, il la posa sur ses genoux puis au sol, entre nous. Je la fixai avec terreur.

— J’aime te voir essayer de dormir. Le sommeil est tellement naturel, c’est un droit inné. Tu vois, Carmen, notre relation est très simple : si tu me satisfais, je t’épargnerai momentanément ; dans le cas contraire, je te punirai. Tu m’as beaucoup énervé et j’ai le pouvoir de t’empêcher de dormir, donc je vais l’utiliser.

— Je… vous, balbutiai-je sans comprendre de quoi il parlait.

— Corka m’a affirmé que tu avais essayé de te défendre contre lui la dernière fois. Est-ce vrai, Carmen ?

— Oui.

— Tu sais bien que je ne veux pas que tu désobéisses, que ce soit à moi ou à mes hommes. N’est-ce pas ?

— Oui...

— Tu sais aussi que je ne le supporte pas.

— O… oui.

— Tu ne dois pas lutter contre qui que ce soit ni nous refuser ce que nous voulons. Tu ne dois pas non plus essayer une quelconque action contre nous. Je te l’ai déjà expliqué. Tu t’en souviens ?

Sa voix était d’une douceur trompeuse et je savais qu’il allait exploser. Paralysée, ma bouche s’ouvrit mais aucun son n’en sortit. Une gifle éclata sur ma joue qui se mit à cuire.

— Réponds !

— O… oui.

— Oui quoi ?

—  Je… je ne dois rien vous refuser… je sais.

Une nouvelle claque atterrit sur mon visage et cette fois, une larme s’échappa de mon œil en roulant sur ma peau meurtrie.

— Alors pourquoi as-tu tenté de repousser Corka ?

— Je… je ne sais pas…

— Tu n'as que deux règles à retenir, DEUX ! Obéir et ne rien refuser, c’est tout ce que je te demande ! Il me semblait t’avoir fait comprendre ce que je te ferais si tu désobéissais. Je croyais pourtant que tu te souviendrais de la leçon, que tu aurais compris les conséquences de ta désobéissance, mais visiblement je me suis trompé. Tu es encore plus conne que ce que je pensais !

Je baissai la tête pour seule réponse. Comment aurais-je pu oublier ce qu’il m’avait fait subir ce jour-là… Comment aurais-je pu oublier cette immonde bestiole ?

— Tu ne me donnes pas le choix, Carmen chérie. Je suis obligé de te punir, et peut-êtr que cette fois, tu te rappelleras que tu n’as pas droit à l’erreur. Fais ce qu’on te demande de faire et c’est tout. Tu t’en souviendras ?

— S’il… s’il-vous-plaît, je suis désolée, je ne...

— Assez ! C’est de ta faute, Carmen, tu n’avais qu’à réfléchir avant de faire une telle connerie ! La prochaine fois, tu y passes, tu as compris !? Remercie-moi d’être aussi clément avec toi !

Il pivota et ouvrit la boîte en carton. Il y plongea les mains et lorsqu’elles en sortirent, elles portaient un gros rat balafré couleur pétrole, avec des petits yeux rouges rusés. La peur bouillonnait dans mes veines lorsque la bête émit un petit grincement en me fixant droit dans les yeux. Il fallait me croire : cette bestiole était votre pire cauchemar.

— Tu te souviens d’elle, Muerta, n’est-ce pas ? C’est la petite pouilleuse que nous avons ramenée d’Amérique, susurra Richard au rat en lui prodiguant des caresses. J’aimerais que tu lui rappelles ce qu’il ne faut pas faire. Interdiction de la mordre au visage, ma belle.

Il se leva alors, Muerta toujours dans les mains, et m’adressa un sourire cruel. Je savais déjà ce qui m’attendait.

— Je vous laisse une heure rien que tous les deux. (Il approche ses lèvres de la tête du rat et lui chuchote :) Amuse-toi bien, ma chérie. Ne me la démolis pas trop. 

Il lâcha la bestiole qui retomba souplement sur ses pattes et s’en alla sans se départir de son sourire. Je déglutis péniblement alors que Muerta s’avançait déjà vers moi. Les larmes dévalaient mes joues et je ne fis plus rien pour les retenir. Je bondis vers la petite table en fer et m’apprêtai à m’asseoir dessus lorsque cette satanée bête se mit à me poursuivre.

Elle poussa un cri en me sautant dessus. Je l’esquivai de justesse mais le mouvement m’envoya loin de la table. Mon corps perclus de douleur n’apprécia pas le geste trop brusque.

Ce fut à mon tour de crier lorsqu’une Muerta planta ses dents dans mon mollet. Je tombai au sol en hurlant de tous mes poumons. Je ne pus réagir alors qu’elle me sauta au visage.

Loin d’écouter les consignes de Richard, elle me griffa violemment la joue.

Mes cris devinrent hystériques, mon corps remuait dans tous les sens pour chasser la bestiole qui s’agrippait à moi de toutes ses forces. Je tremblais, je hurlais, je ne contrôlais plus rien.

Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et claque contre le mur dans un fracas de tous les diables. Léandre Castavovitch apparut dans l’embrasure et se figea en m’apercevant. Ma figure était souillée de pleurs. Mon angoisse fit un bond en avant à la vue de cette homme qui n’était qu’à quelques pas de moi.

Muerta continuait de m’assaillir et s’acharnait sur ma poitrine, déchirant ce qu’il me restait de vêtements. Je posai mes mains sur la blessure et me pliai en deux, simple victime sans défense.

Je n’avais même plus de voix pour appeler à l’aide...

𝕊𝕒𝕦𝕧é𝕖 𝕡𝕒𝕣 𝕦𝕟 𝕚𝕟𝕔𝕠𝕟𝕟𝕦 ⁽ᴿᵘˢˢⁱᵃⁿ ˢᵃᵍᵃ ²/ᵀᵉʳᵐⁱⁿé⁾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant