Léandre :
Carmen ne pouvait plus avaler une bouchée de sa gaufre. La main sur le ventre, elle me regardait terminer le café que la serveuse venait de m’apporter, et je lui rendais bien son regard observateur.
Tout au long de la soirée, nous avions discuté de tout et de rien, peu du passé, beaucoup de l’avenir, de projets, d’expériences… Elle m’avait tant faire rire, à terminer en vitesse ses plats devenus froids. Ou, plutôt, à ne pas savoir terminer son assiette.
Cette soirée brillait par… son ordinaire. Curieusement, cette normalité me rendait parfaitement heureux. J’étais moi-même parvenu à faire rire Carmen Devis, même obtenir son doux sourire était une victoire. Elle avait besoin de cela. De revenir à la vie. De revoir le monde, même s’il l’effrayait encore. Quant à moi...
C’était la première soirée depuis longtemps que je passais en compagnie d’une femme. La première depuis Ava. D’ailleurs, en y réfléchissant, elle et moi n’avions jamais partagé un pareil moment. Ava avait plus été la femme populaire, préférant les galas où elle pouvait s’afficher dans de belles robes aux soirées intimes dans le salon. Elle avait toujours catégoriquement refusé que je l’emmène au restaurant rien que tous les deux. Le seul endroit où elle acceptait que nous soyons seuls était… le lit.
Elle arrivait si bien à attiser mon désir pour elle. Je pouvais lui reconnaître d’être la femme la plus séductrice de la planète. Comme ce jour, au travail… Je clôturais un contrat important de rachat d’une entreprise lorsqu’Ava avait fait irruption dans mon bureau, vêtue en tout et pour tout d’un fin peignoir de soie. Nous nous étions disputés quelques jours auparavant et elle avait tout essayé pour me ramener dans son lit, mais je lui avais résisté. Ava était une lionne. À la fois, elle détestait que sa proie lui échappe, mais d’un autre côté, elle adorait jouer. Plus que tout.
J’étais fou de rage contre elle, pour Dieu sait quelle raison. Ava était entêtée, bien décidée à me faire plié. Elle s’était approchée, contrôlant chacun de ses mouvements sensuels à la perfection, aussi ondulante qu’une vipère. Elle avait lâché son peignoir et s’était installée sur mes genoux.
Il ne lui avait fallu qu’une poignée de secondes pour que je cède, que je lui donne ce qu’elle voulait, lui donnant tout le pouvoir qu’elle désirait. Abusant aussi cruellement de tout l’amour que je pouvais ressentir pour elle.
Plus jamais je ne pourrais tomber sur son charme de nouveau. J’étais faible à cette époque, et ce temps était révolu. Si je la revoyais aujourd’hui, plus jamais je ne courberais l’échine face à elle.
Ce serait elle qui le ferait.
Elle méritait de souffrir. Après la façon dont elle m’avait trahi avec mon propre père, elle avait révélé son vrai visage. Ava était de ces femmes qui n’en avaient qu’après l’argent, le sexe et le pouvoir. Arrogante, narcissique, sûre de son charme, égocentrique sans mesure. Ses activités préférées étaient le shopping, les parties de jambes en l’air et vider mon compte en banque.
En pensant à elle, tout en faisant face à la femme devant moi, si pure, si innocente, j’avais envie de vomir.
Carmen Devis. Une femme si douce, si forte, au cœur d’or. Elle aimait les choses simples, savait apprécier un bon repas. Elle chantonnait quand elle cuisinait et était embarrassée qu’on lui offre des cadeaux sans raison. Elle rougissait non pas pour feindre une quelconque modestie, mais parce que ses émotions coloraient ses joues des plus belles nuances de vermeil.
À l’inverse d’Ava qui devait constamment se mettre en valeur pour attirer mon attention, Carmen avait éveillé en moi ce désir écrasant par sa simplicité éblouissante.
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𝕊𝕒𝕦𝕧é𝕖 𝕡𝕒𝕣 𝕦𝕟 𝕚𝕟𝕔𝕠𝕟𝕟𝕦 ⁽ᴿᵘˢˢⁱᵃⁿ ˢᵃᵍᵃ ²/ᵀᵉʳᵐⁱⁿé⁾
RomancePendant trois longues années, elle fût torturée par Richard Pendez. La russe se devait de supporter les coups et viols de celui-ci. Elle subissait alors, se terrant dans le silence, lutter ne lui servait à rien contre ce monstre. Le temps passait et...