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Carmen :

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Carmen :

Ma sieste touchait à sa fin. Encore ensommeillée, je me tournai sur le côté et regardai le réveil : cela faisait deux heures que j’étais au lit. Je soupirai avant de repousser les draps. Mes yeux se posèrent sur une chaise abandonnée dans le coin de la pièce : je constatai avec surprise qu’elle était inoccupée.

Habituellement, Léandre se tenait là, m’observant pendant que je dormais. Pour la première fois, il n’est pas là à mon réveil, or je m’étais faite à sa présence dès que j’ouvrais les yeux. Il était toujours là, peu importait l’heure.

Il avait toujours été là...

Un peu triste, je sortis du lit et me dirigeai vers la salle de bain, décidée à profiter de son absence pour me laver. J’ouvris le robinet de la baignoire avant de me planter devant le miroir. J’observai longuement le reflet de cette drôle de femme dans la glace.

J’avais tellement changé. Lorsque Léandre m’avait trouvée, je ne ressemblais plus à rien : je n’avais plus pris de douche depuis des semaines, mes cheveux étaient gras, emmêlés, immondes ; mon corps était maigre, affaibli ; mon visage émacié, couvert d’hématomes hérités de Richard et ses hommes… Mais jamais je n’oublierais la peur que j’avais lue dans mon propre regard lorsque j’avais découvert mon apparence à mon arrivée chez Léandre.

Désormais, j’avais retrouvé la jeune femme en bonne santé que j’étais avant de tomber entre les mains de Richard. C’était un renouveau : mes cheveux avaient retrouvé leur éclat et leur ondulation naturelle, mon corps avait retrouvé ses formes, malgré les nombreuses cicatrices qui marqueraient ma peau à jamais et surtout, mes yeux brillaient d’une étincelle nouvelle.

Je me sentais de nouveau revivre.

Je devais tout à Léandre et jamais je ne pourrais le remercier, lui exprimer assez ma gratitude. Non seulement il m’avait rendu ma confiance en moi-même mais surtout, il avait acquis la mienne. Je n’avais plus peur de lui, plus peur de faire face à Richard à nouveau.

Bien que je ne sois pas encore sortie de son appartement, ça me soulageait d’avoir dépassé ces peurs. Je ne tremblais plus devant Léandre, je n’appréhendais plus ses prochains mouvements, je me sentais bien, avec lui. Même, je me sentais...

Protégée...

Protégée, c’était le mot. Comment pourrait-il en être autrement avec lui ? Il n’avait jamais fait mine de me blesser ou d’outrepasser mes limites. Il avait respecté mes barrières, dès le début.

Un bruit en provenance de la baignoire me poussa à me retourner. Oh là là, l’eau était beaucoup trop haute ! Je me précipitai pour couper le débit puis me déshabillai rapidement, impatiente de me mettre au chaud. Je plongeai un orteil après l’autre dans le bain, puis m’y immergeai entièrement. Je soupirai, me détendis complètement et fermai tranquillement les yeux.

Plus jamais je ne quitterais la baignoire...

Léandre :

Ma visite à l’hôpital n’avait pu étancher ma colère. J’arrivai devant mon immeuble et pris une grande inspiration pour essayer en vain de calmer la rage qui bouillonnait dans mon sang. Je m’étais dépêché de rentrer afin de ne pas laisser Carmen seule longtemps, d’autant qu’elle ignorait que j’étais parti, mais je ne pouvais pas la voir dans cet état.

Je sortis de la voiture, encore agacé, et m’arrêtai devant Paolini, mon garde. Celui-ci m’apprit que rien ne s’était passé en mon absence et je l’informai qu’il pouvait donc reprendre son poste habituel. Il s’exécuta sans broncher.

Une fois à l’intérieur, je déposai mes clés sur le plan de travail de la cuisine et ôtai ma veste. Je retroussai les manches de ma chemise et me fis couler un café noir. Je l’engloutis en quelques secondes puis grimpai deux par deux les marches menant vers la chambre qu’occupait Carmen.

Lorsque j’ouvris la porte, ne trouvant qu’un lit vide, une brève panique parfaitement irrationnelle m’envahit. Elle s’estompa aussitôt après lorsque je perçus du bruit venant de la salle de bain attenante. Lentement, à pas de loup, je me dirigeai vers celle-ci et l’ouvris. Ma mâchoire se crispa dès que jevis la scène.

Carmen était plongée dans un bain, se lavant à l’eau claire. Elle se tordait le bras pour atteindre son dos avec le gant de toilette. Ses lèvres pincées étaient la seule preuve de sa douleur.

Son dos était meurtri, couvert de cicatrices qui ne partiraient jamais tout en lui rappelant chaque jour ce qu’elle avait traversé.

— Carmen. Murmurai-je pour l’avertir de ma présence.

Elle hoqueta de surprise et s’engouffra dans l’eau, ne laissant que son visage au-dessus de la surface. Son regard se riva au mien.

— Lé… Léandre... Tu es rentré ?

— Comme tu peux le constater.

— Qu’est-ce que tu fais dans… enfin… ici ?

— Je voulais vérifier que tout allait bien pendant que j’étais parti. Je pensais que tu dormais encore.

— Je… et bien...

Elle ne termina pas sa phrase, la laissant en suspens. Une folle envie de me joindre à elle me gagna.

— Je peux ? Demandai-je soudainement.

— Quoi ? Répondit-elle, étonnée.

— Je peux venir avec toi ?

— Je… euh… (Elle baissa la tête, les joues enflammées.) D’accord.

Je lui souris tranquillement, ravi de sa réponse, et commençai à déboutonner ma chemise.

Elle me faisait confiance… entièrement.

𝕊𝕒𝕦𝕧é𝕖 𝕡𝕒𝕣 𝕦𝕟 𝕚𝕟𝕔𝕠𝕟𝕟𝕦 ⁽ᴿᵘˢˢⁱᵃⁿ ˢᵃᵍᵃ ²/ᵀᵉʳᵐⁱⁿé⁾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant