Léandre :
Je soupirai en entrant à l’intérieur, bien chauffé et empli de bavardages aimables. Je me dirigeai vers le bar avec Carmen, qui ne se détendit pas en apercevant le serveur qui essuyait quelques verres devant nous. Je lui pressai tendrement la main pour la rassurer.
Je m’accoudai au guichet. Le serveur, surpris de mon irruption, releva les yeux puis sourit sans prêter attention à Carmen.
— Bonsoir, monsieur Castavovitch ! Comment allez-vous ?
— Très bien, merci.
— La table habituelle ? Demanda-t-il en consultant son ordinateur.
— Non, j’ai changé de table pour ce soir. J’avais demandé une table un peu plus à l’écart.
— Je vois ça. Sourit-il. La table 16, près de la cheminée, ambiance romantique au menu ! (Soudain, il réalisa ce qu’il venait de dire et jeta un regard à Carmen.) Oh, je suis désolé ! Je n’avais pas compris que vous étiez accompagné. Bonsoir, madame.
Carmen ne parvint pas à articuler un mot.
— Je sais. Répondis-je alors. J’ai réservé cette table pour cette raison.
— Bien sûr ! Suivez-moi, je vous la montre.
Je souris calmement à Carmen puis nous emboîtâmes le pas au serveur. Celui-ci nous conduisit à une table effectivement séparée du reste de la salle, et tira une chaise pour que Carmen s’y assoie. Visiblement, il devait se sentir coupable de ne pas l’avoir saluée plus tôt. Malheureusement pour lui, Carmen n’était pas réceptive à l’idée. Sa main enserrait la mienne comme un étau.
— Excusez ma femme. Dis-je au serveur. Ces derniers jours ont été compliqués. Carmen ?
— Euh, oui, oui… merci.
Nous nous assîmes et l’homme nous distribua les menus avant de nous laisser seuls, un peu penaud.
Les joues de Carmen arboraient une belle couleur cerise. Je lui souris doucement.
— Excuse-moi pour tout à l’heure, Carmen.
Elle releva lentement ses yeux émeraude et les plongea dans les miens. Un léger soupir effleura ses lèvres et elle murmura :
— Tu aurais pu essayer de lui faire comprendre autrement… avec calme et patience… Tu n’étais pas obligé de le menacer, Léandre.
Je secouai la tête et lâchai un bref rire sec.
— Crois-moi, dulce mía, il n’est pas le genre de gars à écouter les leçons gentiment assis sur son banc. C’est un petit chef qui a l’habitude d’être obéi directement, il fallait lui remettre les idées en place. Il n’est pas le patron du monde, non plus.
— Mais...
— Je n’ai pas l’intention de laisser un gamin me marcher sur les pieds. La coupai-je. Je déteste que l’on hausse le ton avec moi, tu le sais.
— Oui, mais sortir ton arme… Il avait compris la leçon, Léandre, ça, c’était… c’était trop. À partir du moment où tu l’as attrapé, crois-moi, il avait déjà compris son erreur. C’était inutile de le menacer, il avait déjà perdu...
— Non. Répondis-je sèchement. Ce n’étaient pas des menaces en l’air. Je compte réellement retrouver ce gosse pour lui faire définitivement passer l’envie de se moquer de toi.
— Il ne faut pas que tu te mettes dans un tel état pour moi. C'est inutile.
Je posai la main sur la table un peu trop fort. Carmen tressaillit.
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𝕊𝕒𝕦𝕧é𝕖 𝕡𝕒𝕣 𝕦𝕟 𝕚𝕟𝕔𝕠𝕟𝕟𝕦 ⁽ᴿᵘˢˢⁱᵃⁿ ˢᵃᵍᵃ ²/ᵀᵉʳᵐⁱⁿé⁾
RomancePendant trois longues années, elle fût torturée par Richard Pendez. La russe se devait de supporter les coups et viols de celui-ci. Elle subissait alors, se terrant dans le silence, lutter ne lui servait à rien contre ce monstre. Le temps passait et...