• 33 •

22.9K 1.3K 53
                                    

Carmen :

En descendant de la moto de Léandre, je souris en apercevant Paola, non loin, attendant notre arrivée avec une impatience visible devant le magasin de robes de mariée. Elle me sourit à son tour. Vêtue d’une robe pull noire au col de dentelle, de cuissardes marron en daim et d’un long manteau rouge très chic, Mlle Lapierre était splendide. Subitement fébrile, je passai en revue ma propre tenue. Elle était bien plus simple que la sienne : un jeans noir, des bottines de la même couleur, tout comme mon manteau et la chemise que je portais dessous. Je me la jouais quelque peu gothique aujourd’hui, ce qui était loin de l’ambiance requise pour une journée essayage de la mariée.

Le casque sous le bras, je jetai un coup d’œil à Léandre, en train d’enlever le sien. Il secoua la tête pour écarter une mèche qui lui tombait sur le front, puis croisa mon regard et me sourit. Il déposa son casque sur le siège, me prit doucement le mien des mains et m’embrassa passionnément. Un flocon de neige se déposa sur mon nez.

— Les tourtereaux, on vous attend. Lança un homme au ton grognon.

Mes joues s’enflammèrent par automatisme et je reculai prudemment, gênée. J’eus le temps d’apercevoir le sourire tendre de Léandre avant que mon regard ne se pose sur l’origine de cette voix. Un homme aux cheveux ailes de corbeau plaqués en arrière, le regard dur et froid, se tenait non loin de nous, les mains dans les poches de son manteau. Il y avait quelque chose en lui qui fit se dresser mes cheveux sur ma nuque, quelque chose à vous donner la chair de poule.

Cet homme me faisait froid dans le dos.

— Vlad. Le salua cordialement Léandre. Je te présente donc Carmen. Carmen, voici Vlad, l’heureux futur époux de Paola.

Lui ! Je ne m’y attendais vraiment pas. Cet homme tient plus du gangster que du fiancé en ce moment, c’était hallucinant ! Pour autant, je souris et le saluai gentiment, avant de suivre Léandre qui me tirait par la main pour m’inciter à entrer dans le magasin. Je n’arrivais pas à quitter Vlad du regard, estomaquée.

— Léandre ! Vlad ! Mis gatitos ! Quelle joie de vous revoir, les garçons ! S'exclama une vieille dame au fort accent espagnol.

Elle se dirigea vers nous, plus précisément vers les hommes, avec un large sourire aux lèvres qu’agrémentait son visage rayonnant. Sa joie sincère faisait chaud au cœur.

— Negrita, oui, ça faisait longtemps. Murmura Vlad.

— Oh, Léandre, viens par ici, laisse-moi t’embrasser, mi sobrino !

Léandre sourit de plus belle et se glissa entre Vlad et moi pour venir enlacer Negrita. N’ayant aucune idée de ce que représentait Negrita pour Léandre, je restai prudemment en retrait, les mains dans le dos.

— Negrita Dossaïwest. Me glissa Vlad, ce qui me fit sursauter. C’est sa tante, la sœur de sa mère.

Ravie, Negrita tapota le dos de son neveu puis se retira en nous regardant tour à tour, Paola, Vlad et moi.

— Quién es la chica afortunada ?

— Soy yo, señora, y Vlad. Mi nombre es Paola. Dit Paola avec affection.

— Si me lo esperaba… ! Me alegro por ti. Felicidades !

— Gracias, Negrita, muchísimas gracias. Dit Vlad.

Negrita se tourna alors dans ma direction, avec le même sourire qu’à l’accueil.

— Y tú ?

Paniquée, je regardai Léandre. Je ne parlais pas vraiment espagnol. En fait, je ne le parlais pas du tout.

— Te presento a Carmen. Intervint tranquillement Léandre. No habla muy bien español.

𝕊𝕒𝕦𝕧é𝕖 𝕡𝕒𝕣 𝕦𝕟 𝕚𝕟𝕔𝕠𝕟𝕟𝕦 ⁽ᴿᵘˢˢⁱᵃⁿ ˢᵃᵍᵃ ²/ᵀᵉʳᵐⁱⁿé⁾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant