Je poussai un cri. De terreur, de nervosité, de surprise et d'effroi mêlés.
Targen et moi trébuchâmes et tombâmes dans les hautes herbes. Le feu et les cris étaient tout autour de nous, remplissant mes oreilles et mes yeux d'horreur. Malgré tout, je fis preuve du plus grand sang-froid que je pus et me tournais vers l'homme que j'avais "libéré" de l'emprise des assassins.
- Qui servez-vous ? Criai-je.
Il parut confus, sembla lui-même se poser la question. Moi qui m'attendait à quelque chose d'un peu plus... Romanesque, je fus un peu perdue.
- Je ne sais pas, répondit-il.
- Si je vous le demandais, m'aideriez-vous ? Enchaîna-je.
Il hôcha la tête. Bien, je n'étais donc plus seule. Un poid immense se retira de mes épaules.
- L'homme aux yeux d'or. Il ne faut pas laisser s'échapper.
- Le souhaitez mort ou vivant ? Demanda-t-il.
- Cela m'est égal. Mais ne le sous-estimez pas.
D'un bond, je me redressais.
Le feu, le feu partout. Heureusement que j'avais noué mes cheveux pour éviter qu'ils me gênent, j'aurais déjà été transformée en torche vivante si ça n'avait pas été le cas.
Je distinguai quelques corps étendus sur le sol mais je ne m'attardai pas sur cette vision, bien qu'horrible. Ils avaient tués mes parents, ils avaient tués bien d'autres gens. S'ils avaient été humains, la culpabilité les auraient écrasés, s'ils ne l'avaient pas été, la mort n'était que leur ultime châtiment. Je n'étais pas un ange, je le savais mieux que personne. Et contrairement à ce qu'on le pensait, tuer n'était pas si difficile. Tout n'était qu'une question de... Motivation.
Que les Valars puissent me pardonner.
J'inspectai les environs, cherchant du regard l'homme aux yeux d'or. Jamais, tant que je n'aurais vu son cœur sans vie, je ne pourrais reposer en paix. Il me traquerait toujours.
Avant que je n'ai pu esquisser un seul geste, je fus heurtée avec une violence inouïe qui me coupa le souffle. Je tombai, le corps de mon agresseur m'écrasant sur le sol. Poussant un hurlement, j'entrevis un éclat d'or entouré du rouge sanguin qui coulait sur le visage de l'assassin. Il était blessé, mais avait tout de même la force de me tuer.
Je me débattis comme un diable, hurlait, frappait. Je tentais d'appuyer sur sa carotide, le seul endroit susceptible de lui causer du mal qui m'était accessible. Rien à faire, il me saisit par le col et brandit sa dague. À présent, je la voyais. La folie le dévorait, elle avait toujours été présente dans son esprit et ne le quitterait jamais.
- Vous n'êtes qu'une petite putain, gronda-t-il, son souffle contre mon visage. Tout comme vos parents. Oh oui, je les revoie en vous. Un visage d'ange et un sourire à faire tourner des têtes, et l'opiniatreté et la fichue manie de toujours vous sortir de toutes les situations...
Incapable de bouger, je vis le souvenir de ma mère défiler devant mes yeux. Ma chère mère, douce en apparence, mais une force et un courage comme on n'en avait jamais vu chez une femme. Mon père, son comportement parfois enfantin, mais des nerfs d'aciers et une colère déstructrice.
Je fus prise d'une folle envie de les revoir. Ils me manquaient tant ! J'avais vécu tant d'horreurs sur cette terre que je voulus accueillir la mort comme une vieille amie. Qu'on me libère de cette douleur, j'avais assez donné.
Après tout, c'était pour cela que j'étais venue. Pour mourir.
- Au nom de mon cœur,
Je marcherais,
Pour ceux qui m'ont précédée,
Je marcherais.
Calie se tourna vers moi avec un sourire doux.
- Au nom de mon cœur,
Je marcherais,
Pour l'espoir du monde,
Je me lèverais...
Calie se passa la langue sur les lèvres, haussa un sourcil en m'observant de haut en bas.
- Je t'avais dit que je serais avec toi. Ce n'est pas ici que tu meurs, Laurelin.
- Me diras-tu jamais comment notre histoire se termine ? Demandais-je.
Calie se contenta de sourire.
Je me débattis de toutes mes forces, me tortillai comme un diable. Jamais cesser de se battre, je m'en souvenais à présent. Mon serment, ma promesse.
Je frappai partout où je le pouvais, mais cela ne suffit pas. Je ressentis soudain une vague de douleur à la cheville qui m'arracha un cri. Je ne contrôlai plus rien. L'assassin m'attrapa par le cou, me faisant suffoquer.
- Rien ne pourra sauver vos sœurs, princesse. Jamais, dit-il en se dressant, sa dague brandie.
Alors que j'essayais de briser son emprise sur ma gorge en frappant son bras avec mon coude pour le faire plier, je vis clairement le feu se refléter sur l'arme, tel un éclat chatoyant qui allait inévitablement m'oter la vie.
Et, soudain, une lame traversa son torse et il laissa échapper un croassement. Sa prise sur moi se relâcha, je toussai. Il mit un long moment à tomber, regardant la lame qui le transperçait avec stupéfaction. L'assassin laissa échapper un souffle surpris avant de tomber sur le côté. Choquée, je le regardais s'écrouler face contre terre. Je n'étais pas horrifiée, cependant, il n'avait que ce qu'il méritait. Il avait tué ma maman.
Deux mains m'attrapèrent par les bras et me forcèrent à me relever, Targen, en meilleur état que moi, m'aida à me tenir debout.
- Êtes-vous blessée ? Demanda-t-il.
Aucune considération dans sa voix, il agissait en soldat. Il devait savoir et agir en conséquence. Bien, pas de pitié.
- Ma cheville, répondis-je en tentant de m'appuyer dessus, chose que je regrettai aussitôt.
Je faillis tomber à la renverse. C'était presque aussi douloureux que la piqûre d'araignée. Le corps de l'assassin de mes parents était toujours là, à côté.
- Vous l'avez tué ? Demandai-je.
- Oui.
- Bien.
Targen me saisit par le bras, me le serrant à m'en faire mal.
- Venez. Le feu brûlera leurs corps.
- Il risque de se répandre, remarquai-je.
- La rivière le stoppera.
Nous nous dirigeâmes à la hâte vers les bois, l'Elfe me tenant si fort que je posais à peine le pied sur le sol. Je voulais qu'il me lâche, je ne voulais pas qu'il soit si proche de moi, mais je n'avais pas d'autres choix. Toussant à cause de la fumée, je franchis la lisière de la forêt.
Puis mes nerfs lâchèrent et je m'écroulais sur le sol en fondant en larmes, terrorisée.
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Trois paires d'yeux... Bleues
Fanfiction"Je marche dans la nuit. J'ai froid et j'ai faim. Dans mes bras dort ma petite sœur, si petite et si fragile que j'ai peur de la briser. Elle est plongée dans le sommeil, tout comme mon autre sœur, sanglée dans mon dos. Elle aussi s'est endormie, ap...