Je ne vais pas vous mentir, je suis vraiment très incertaine par rapport à ce chapitre. C'est brouillon. Mais les explications approchent, vous comprendrez bientôt.
_____________________________________Le feu produisait un crépitement apaisant. J'avais toujours été effrayée par cette force douloureuse au touché, incontrôlable et instoppable. Les seuls feux qui ne me faisaient pas peur étaient ceux que j'allumais moi-même dans les cheminées de l'auberge. Ceux-là étaient ma production, j'estimais donc de mon droit d'y être insensible.
L'homme assis en face de ce feu, en revanche, me terrorisait profondément. À l'orée de la forêt, je l'observai attentivement, ne cherchant pas vraiment à me cacher. Je l'avais attendu. Il était simplement assis devant ce feu, le regard fixé étrangement sur les flammes. De ma position, je voyais distinctivement la couleur dorée de ses prunelles.
Je finis par m'avancer presque timidement, le menton levé. Je ne baisserai pas la tête. Il ne releva même pas le regard alors que je m'approchai, et pourtant il était parfaitement conscient de ma présence. Je m'arrêtai face à lui, le feu nous séparant malgré tout.
- J'avais raison en disant que vous viendriez de vous même, princesse.
Sa voix était calme. Il était sûr de gagner.
- Probablement.
Ma voix était trop faible à mon goût. Je me raclais la gorge, attrapai une brindille que je fis jouer entre les doigts.
- J'imagine que vous êtes venue marchander.
- Vous imaginez mal, répondis-je. Je suis venue vous prévenir.
- Voyez-vous ça, ricana-t-il. Vous croyez donc nous faire peur ?
- Ne devriez-vous pas ? Répondis-je, entendant dans mon dos ses acolytes qui se rapprochaient de nous.
Cela faisait partie du plan, me répétais-je. Cela faisait partie de mon plan. À moi seule. Une partie d'échec que je menais d'une main de fer. Que je devais mener.
- Je suis venue vous prévenir qu'il ne sert à rien de courir après mes sœurs, expliquai-je en faisant jouer la brindille entre mes doigts avec une fausse fascination qui me permettait de gagner une image d'assurance. Elles ne possèdent pas ce que vous cherchez. À vrai dire, elles sont... Inutiles.
- Que voulez-vous dire ?
Sa voix était nonchalante, mais j'avais retenu son attention. Parfait.
- Le... Pouvoir ? N'a pas été réparti en trois. Il a été transféré dans une seule personne. Une seule et unique personne qui maîtrise donc toutes les capacités de la Pierre Bleue.
- Et vous nous dites que vous êtes cette personne ?
Je marquais un temps d'arrêt délibéré, haussais un sourcil dans sa direction. Je n'étais pas si mauvaise comédienne. J'enflammais le bout de ma brindille et la regardais de consumer lentement et doucement, l'humidité que je lui avais transmise par mes mains moites faisant ralentir la progression de la flamme.
- Croyez-vous donc que mes parents ont réussi leurs manipulations ? Et vous pensez vraiment que la raison pour laquelle vous n'aviez pas réussi à nous trouver était une union parfaite entre moi et mes sœurs ? Elles sont bien trop jeunes.
Deux mains me saisirent par les épaules et me forcèrent à tomber à genoux. L'homme aux yeux d'or se leva.
- Qu'importe. Nous vous tuerons quand même. Bien tenté, princesse, mais rien ne pourra sauver vos sœurs à présent. Pas même vous.
Il dégaina une dague qu'il posa sous mon menton.
À toutes vitesse, je me mis à chercher. Mes yeux volaient dans tout les sens, passaient d'un visage à l'autre, y rencontrant toujours la même résolution déterminée. Un vrai lavage de cerveau.
Mon regard croisa alors un autre, plus sombre et qui me regarda moi, vraiment moi, pour ce que j'étais vraiment. Cet homme-là voyait. Il me regardait, l'air incertain. Je bloquai mes yeux dans les siens et fis instinctivement ce qu'il fallait.
Tendre mon esprit vers le sien, briser le mur heureusement très fin auquel je me heurtais. Moduler mon esprit autour du sien. Créer un cocon impénétrable. Surtout, ne pas rentrer dans sa tête. Je n'étais pas une voleuse. Insuffler la pitié. Le rappeler, encore et encore. Lui demander de l'aide. Je criai silencieusement autour de son esprit. Je ne voyais plus rien, je ne ressentais plus que le froid. La bande d'assassins de l'homme aux yeux d'or était embrigadée, persuadée jour après jour du bien-fondé de leurs actions. Mais celui-ci était différent. Il se débattait.
À ma voix s'ajoutant une seconde, une voix de jeune fille aux yeux sombres. Une voix qui faisait partie de son passé. J'ignorais complètement ce qu'il se passait, mais j'agissais comme si j'avais fait toute ma vie ce genre de choses. C'était instinctif. Je n'avais pas peur, j'étais intimement confiante. C'était grisant. Calie devait m'aider. Je sentis sa détermination céder, comme un barrage qui laissait couler à flots l'eau d'un torrent.
On me frappa au visage et je repris violemment pieds avec la réalité, poussant un cri de douleur.
- Targen ! Criait l'homme aux yeux d'or à celui que je venais de libérer. Ne laisse pas cette sorcière entrer dans ton esprit !
L'homme, Targen, apparemment, parut se reprendre, il hocha la tête, reprenant son masque d'impassibilité.
- Et vous, princesse, cracha l'assassin de mes parents en replaçant la dague sous mon cou, n'avez-vous aucune dernière parole avant de mourir ?
Je pris une profonde inspiration. Une des parties de mon plan venait d'échouer. Je devais passer à la suivante.
- Vous auriez jamais dû me laisser cette brindille.
Il sembla alors comprendre.
Cela faisait déjà deux jours que je l'attendais à l'orée de cette forêt, j'avais donc déjà placé mes explosifs et les traînées de poudre aux endroits stratégiques. Et alors qu'il était trop occupé à parler, les flammes avaient leurs petits chemin vers les petits bombes que j'avais posé un peu partout.
Et, avant que j'ai eu le temps de comprendre quoi que ce soit, on frappa l'assassin par derrière, l'écartant de ma vue. Puis ce... Targen m'attrapa le bras et me poussa sur le côté alors que tout explosait.
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Trois paires d'yeux... Bleues
Fiksi Penggemar"Je marche dans la nuit. J'ai froid et j'ai faim. Dans mes bras dort ma petite sœur, si petite et si fragile que j'ai peur de la briser. Elle est plongée dans le sommeil, tout comme mon autre sœur, sanglée dans mon dos. Elle aussi s'est endormie, ap...