Chapitre XXV

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Je poste maintenant parce que je ne pourrais sûrement pas demain. Enjoy!

- Avez-vous perdu la tête ?!

Amusant de voir à quel point ce qu'il me reprochait aurait pu s'appliquer à lui aussi.

- J'aurais pu vous tuer !

- Que suggérez-vous que je fasse à la place ? Demandai-je calmement en m'asseyant sur le sol de la cellule afin de reposer ma cheville.

Il ouvrit la bouche, la referma. Bien. Discussion close.

- Je n'ai pas peur de vous, Targen.

- Vous devriez.

- Je n'en ai pas besoin. Vous le faites à ma place. Et croyez-moi quand je vous dit que je sais ce que c'est que... De se haïr soi-même.

Il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais ce fut à ce moment que mes deux sœurs déboulèrent dans la pièce, Earine avec les poings brandis pour prévenir une attaque. Targen réagit aussitôt en se plaçant en position de défense, et j'intervins avant de me retrouver avec une bagarre sur les bras.

- Earine ! Grondai-je avec une fureur jouée pour la faire réagir plus efficacement. Baisse tes bras immédiatement. Targen, vous aussi.

Les deux elfes obéirent, leurs regards oscillant entre moi et l'un et l'autre.

- Ce n'est pas possible d'avoir des présentations civilisées avec moi, pas vrai ? Soupirai-je.

- Tu as rencontré Aggur dans les règles de la bienséance, si je me souviens bien, remarqua Earine.

- Faux. Je vous ai surpris en train de vous embrasser, rétorqua-je, faisant rougir ma sœur.

- Qu'est-ce que j'ai fait, cette fois ? Demanda Targen, nous interrompant dans notre conversation.

- Je vous demande pardon ? Répondit Nessimelle, à la fois intimidée et confuse.

- Il demande s'il a tué quelqu'un, traduisai-je. Vous avez essayé d'assassiner le prince Legolas.

- Mais ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas le premier, ajouta Earine.

Targen se passa les mains sur le visage.

- Je vous avais dit que je risquais de vous mettre en danger ! M'accusa-t-il.

- Je m'excuse, dis-je. Je n'aurai pas dû vous laisser seul.

- Tu ne l'as pas fait exprès, me contredit Nessimelle. Tu t'es évanouie.

- Il n'empêche. Cela ne se reproduira plus.

Il hésitait, je le voyais bien. Je décidais alors d'user de mon plus grand, mon plus immense pouvoir par-dessus tout : mes yeux. Horriblement expressifs, je le savais. Je n'eus qu'à croiser son regard pour qu'il se fige presque. Il avait un air étrange que je n'aurais su déchiffrer. Il semblait... Perdu.

Ce fut à ce moment que Tauriel, Aggur et le prince Legolas décidèrent d'arriver. Leurs regards passèrent la scène en revue, entre mes sœurs débattant si l'évanouissement pouvait être contrôlé, moi -assise sur le sol- et l'ex-assassin nous fixant comme si nous nous s'apprêtions à s'égorger.

Le regard de Targen se détacha du mien pour venir observer les nouveaux arrivants. Je le vis analyser Tauriel, qui semblait toujours prête à le tuer au moindre geste suspect, passer sur Aggur dont le regard furetait un peu partout, et enfin le prince Legolas qui avait retrouvé son calme.

- Lequel de vous est le prince Legolas ?

C'était étrange de le voir interagir avec d'autres personnes que moi, comme si cela ne lui était pas naturel. Le prince répondit froidement :

- C'est moi.

- Je m'excuse de vous avoir attaqué. Ce n'était pas mon intention, dit-il.

Je crains un instant qu'il ajoute qu'il ne s'en souvenait absolument pas, alors je lui lançai un regard qui lui indiquait clairement de ne rien ajouter. J'avais besoin de réfléchir avant de décider ce qu'il pouvait révéler sur son passé, on n'était jamais trop prudent.

- Ce n'est plus que du passé, répondit le prince, ne manquant tout de même pas de m'adresser un regard noir.

Après tout, je l'avais explicitement défié. Je n'aurais pas aimé être à sa place. Je m'excuserais plus tard, je me le promis.

Nessimelle s'agenouilla sur le sol et examina ma cheville avec sérieux.

- Que fais-tu ? Demandai-je.

- Je réfléchis.

Earine haussa un sourcil et je retins un rire face à son expression perplexe.

- C'est moi qui ai guéri ta blessure, ajouta ma sœur. Avec l'aide de Váne.

- La guérisseuse, articula Earine en silence face à mon incompréhension.

- Tu dois te reposer, Laurelin, décida ma petite sœur. Si tu continues à courir d'un bout à l'autre des cavernes, tu ne tiendras pas trois jours.

- Soit. Mais vous venez avec moi. J'ai beaucoup de choses à vous dire.

Mes sœurs me lancèrent des regards emplis de curiosité et de surprise.

Il était temps que la vérité éclate. J'avais le cœur serré jusqu'à m'en faire mal, mais je n'avais plus le choix. Il était temps.

Mes sœurs m'aidèrent à me relever, chacune passant un de mes bras autour de leurs épaules. C'était extrêmement humiliant et la situation était des plus étranges, mais je n'en avais cure.

J'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée d'enfin dévoiler une vérité que j'avais mis toute ma vie à leur cacher. Est-ce que cela signifiait que ma vie était terminée ? Qu'une autre commençait ? Je n'en savais rien. Je l'espérais. Mais cela voulait-il dire que je devais lâcher mes sœurs. Jamais, jamais je ne pourrais m'y résoudre.

- Et après cela ? Demanda le prince Legolas, les bras croisés.

- Après ? Répétai-je. Oh...

J'eus un sourire, malgré moi.

- Après, on frappe.

Trois paires d'yeux... BleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant