Chapitre XXVI

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Un homme avait un jour dit que la vérité est une libération. Foutaises que cela. Je le savais depuis toujours, la vérité n'avait fait que m'enfouir sous une montagne de hontes et d'humiliation successives. Je devais être la seule à connaître la vérité, car c'était elle qui me faisait vivre. C'était de garder un secret qui me faisait survivre. Une fois exposée à la vision de tous, j'étais finalement plus faible et plus fragile que jamais.

Alors oui, j'avais peur de la vérité. Plus que de peur elle-même, plus que la douleur, plus que l'amour, plus que les gens, ça avait toujours été la vérité qui me terrorisait.

J'avais déjà coupé tout mes ongles, tic nerveux que je pensais pourtant avoir perdu. Je me mordais à présent la lèvre à m'en faire saigner. Face à moi, mes sœurs étaient assises au bout de mon lit, Earine avait une bras passé autour de notre benjamine. Comme si elle la protégeait. La protégeait de moi.

Je poussai un profond soupir pour m'aider à respirer plus profondément.

- Est-ce que vous savez qui étaient nos parents ?

C'était par là que je devais commencer, je le savais.

Earine hésita de la tête, Nessimelle la secoua.

- C'étaient nos parents, dit-elle avec un logique désarmante.

- Nessi, murmura Earine.

- Par rapport au monde elfique, précisai-je. Nos parents étaient les souverains d'un royaume, d'un royaume d'elfe qui s'établit au nord-ouest de la Forêt Noire. Un royaume dont le trône nous revient de droit.

Nessimelle cligna des yeux sans rien dire, Earine ferma les paupières.

- Savez-vous pourquoi nous avons quitté ce royaume ?

Je devais les garder attentives ou bien j'avais peur qu'elles s'évanouient ou manquent des informations capitales.

- À cause de revoltes, répondit Earine, les yeux clots. Une famille importante qui s'est soulevée contre nous. Qui ont menacé de nous tuer tous.

- Mais pas seulement.

J'entamais là la partie la plus désagréable et la plus surréaliste de mon récit. Celle qui me terrifiait le plus.

- Il y a une pierre, une pierre qui existe depuis la nuit des temps et qui sommeillait sous la terre de notre royaume.

- Ada et Nana l'ont déterrée, devina Earine.

Je hochai la tête, nerveuse.

- Oui. Il ont vite découvert que cette pierre, qu'on appelle la Pierre Bleue, conférait certains... Dons à ceux qui s'en montraient dignes.

Les yeux d'Earine s'ouvrirent, elle plongea son regard dans le mien.

- Il y a eu un accident, dis-je, restant évasive. Et nous sommes toutes les trois retrouvées avec les dons de la Pierre Bleue.

- Quel genre d'accident ? Demanda durement Earine qui se doutait visiblement de quelque chose.

Je ne pus lui donner la vérité. Elle en aurait rendu l'âme. Alors je modulai la vérité, la modifiai pour la rendre plus supportable.

- Nous étions enfants. Je nous ai amenée à cette pierre en pensant que c'était un jeu. Je suis désolée.

Je baissai la tête en prenant un air honteux, afin qu'elle ne voit pas la peur dans mes yeux.

- Qu'est-ce que c'est que ces dons ? Demanda Nessimelle.

Je relevai la tête.

- Je ne sais pas vraiment, répondis-je. Je sais que le mien est l'esprit.

Trois paires d'yeux... BleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant