Chapitre XXX

446 45 12
                                    

Targen sembla alors reprendre ses esprits. L'urgence se peignit sur son visage.

- Laurelin, il y a-

Trop tard, la porte de l'auberge s'ouvrit à la volée, faisant sursauter toutes les personnes présentes. Un bras passé autour des épaules de Targen, je me sentis paniquer immédiatement, figée d'effroi. Les hommes qui m'avaient agressée avant notre départ. Ils se tenaient à l'entrée de l'auberge, observant l'assistance avec fureur. Du coin de l'œil, j'analysai le prince Legolas qui s'était levé lentement, conscient que la situation était possiblement dangereuse, Earine et Aggur, des sourires encore aux lèvres, qui s'étaient arrêtés, dans les bras l'un de l'autre, avant de se tourner vers la porte avec effroi. Et Nessimelle, ma jolie Nessimelle, debout sur la table, directement en face des nouveaux arrivants.

Le premier homme avait le nez déformé, sans doute encore brisé. Ses acolytes étaient tout aussi répugnants à mes yeux.

Il y eu un court moment pendant lequel aucun d'entre nous ne bougea, stupéfaits, puis tout se passa très vite.

Le premier homme voulut se précipiter en avant, vers moi ou Nessimelle, mais avant qu'il n'ait fait deux pas, Aggur avait dégainé une dague et l'avait lancée à toute vitesse. Elle vint clouer le tissu du chaperon de l'homme au mur, créant la panique parmi les spectateurs qui se mirent à hurler.

Je sautai des bras de Targen, désorientée, et avisai le prince Legolas qui allait attraper une flèche de son carquois.

- Legolas ! Hurlai-je. Baw ! Ego !

Il parut hésiter, l'arc à la main, puis finalement m'obéit et accourut, fendant la foule paniquée et évitant les clients qui couraient dans tout les sens.

- Faites sortir Earine et Aggur d'ici ! Lui criai-je.

Il hocha la tête et s'éloigna aussitôt en courant alors que je me tournais vers ma benjamine qui me cherchait du regard, tentant vainement de l'atteindre en traversant la foule à la suite de Targen.

- Nessimelle ! Lança-t-il en arrivant.

Ma petite soeur sauta au sol au moment où il passait devant elle, il l'aida à se réceptionner. Je me faufilai parmi les villageois, attrapai la main de ma sœur.

- Par ici ! Criai-je en la tirant avec moi, Targen suivant le mouvement.

Du coin de l'œil, je vis mon agresseur retirer la dague d'Aggur et s'avancer vers nous. Maura, à l'autre bout de la salle, nous cherchait du regard.

J'entrainai ma sœur et Targen avec moi, m'élançant vers la cuisine. Nous nous extirpâmes difficilement de la foule et passâmes devant le garçon que Maura avait engagé, il se plaqua contre le mur comme si nous avions la peste. J'évitai les meubles, soulevai ma lourde sacoche qui frappait contre ma jambe et enfonçai pratiquement la porte dans ma précipitation. Nous débouchâmes au dehors et, comme des semaines plus tôt, courûmes dans la plaine plongée dans la nuit.

Je poussai ma petite sœur vers Targen.

- Mettez la en sécurité coûte que coûte !

Il obéit et entraîna ma sœur avec lui.

Je me tournai alors vers la maison plongée dans la cacophonie, voyant du coin de l'œil Earine, Aggur et Legolas s'échapper du côté opposé, sans doute par une fenêtre ou une porte dérobée. Ils ne me virent pas dans la pénombre, du moins je le crus, et ils accoururent vers Targen et Nessimelle.

Mon agresseur avait atteint la porte de la cuisine, mais une nouvelle détermination m'habitait. Lorsqu'il franchit la porte, il me vit, et je plantais mes yeux dans les siens.

Trois paires d'yeux... BleuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant