Chapitre 4

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~ Calypsa ~

Le lendemain, après le déjeuner, nos mères nous convoquent. Je suis lassée d'être appelée comme si j'étais leur toutou. On croirait que l'on est à leur disposition. Je rejoins mes amies devant les portes de la salle principale, et ne cache pas ma surprise en ne voyant pas Néréa.

- Où est-elle ? Demandé-je aux autres, sachant qu'elles comprendraient sans mal.

Cataleya hausse les épaules.
- Aucune idée, on pensait qu'elle serait avec toi !

Je secoue la tête, un peu inquiète. Si nous entrons dans la pièce sans elle, sa mère va être d'une humeur massacrante !

- Il faut la trouver !
 
Mes amies hochent la tête, et on commence à s'éloigner des portes quand celles-ci s'ouvrent.
- Et merde, murmure Loumeria.

Nous entrons dans la pièce en échangeant un regard inquiet, qui le devient encore plus lorsque nous voyons Néréa, dont les yeux rouges flamboient comme des flammes, avec quelques touches de bleu givré. Je me demande bien ce qu'il se passe, pour la voir en colère à ce point...
Pourquoi ce désespoir ? Qu'a-t-il bien pu se passer en une nuit? D'accord, hier Néréa n'était pas très conciliante, mais pas pire que nous trois !
Cette situation est incompréhensible, et je veux des réponses.

- Que se passe-t-il ? Interrogé-je, ne pouvant cacher mon impatience.

Je suis prête à parier qu'à cet instant, mes yeux sont d'un jaune vif, reflétant mes sentiments.

-Asseyez-vous, ordonne Altaïa.

Son ton est dur, et je vois du coin de l'œil ma meilleure amie baisser les yeux. Mon cœur se serre. Je n'ai jamais aimé voir l'une de nous triste, en particulier Néréa. De toute, elle reste celle dont je suis le plus proche. Je ne sais pas si cela vient du fait qu'elle est fille unique, et que j'ai toujours eu l'impression que je devais la protéger de tout, et même d'elle-même, quand il le fallait. Ou du fait qu'elle soit toujours franche, têtue et un peu rebelle, parfois.
Tout le contraire de moi.

Nous nous asseyons. Altaïa attend quelques secondes avant de reprendre la parole.

- Nous tenons à être claire avec vous : ce mariage est une nécessité. Cela ne vous plaît pas ? On le voit bien. Mais ça ne changera rien. Ne jouez pas les enfants égoïstes, votre peuple compte sur vous, vous voulez vraiment les mettre en danger?

Nous restons muettes, et je ne comprends toujours pas pourquoi elle nous fait ce discours.

- Cette nuit, reprend-elle. Néréa a essayé de s'enfuir.

Je pose ma main sur ma bouche, ne pouvant empêcher la surprise de m'envahir. Elle a vraiment fait ça ? Sans même nous en parler ?
Je sais que tout cela est dur pour elle, mais... je croyais qu'on ne se cachait rien, même nos pires folies... Il faut que j'aie une conversation avec elle.

- Nous ne tolérerons pas d'autres tentatives de fuite, s'exclame Geneviève. Toute votre vie, vous avez su qu'un jour viendrait où vous devrez faire des sacrifices pour votre peuple, quel qu'il soit. Ce jour est venu. Vous êtes adultes et suffisamment intelligentes pour gérer la situation. Il en va de notre sécurité à tous. Voulez-vous vraiment être la cause de la disparition de notre espèce ?

Nous secouons la tête. Se faire réprimander n'est jamais agréable, et je n'ose imaginer comment se sent Néréa. Nos mères ne voient même pas qu'elles sont en train de nous détruire. Même si moi j'ai accepté la situation, je peux comprendre mon amie, qui rêve de liberté. Elle ferait une dirigeante forte et fière, mais être contrainte d'épouser un inconnu, cela fait partie des rares choses, sans doute, qu'elle ne peut accepter.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant