Chapitre 15

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~ Néréa ~

J'épingle les fleurs à mes cheveux, dans lesquels deux tresses fines se relient de mes tempes à l'arrière de ma tête, retenant mes mèches ondulées. Ma robe bleu ciel au jupon de mousseline s'enroule autour de mes mollets. Je soupire en fermant les yeux à mon reflet.
Cette journée va être difficile. C'est sur, elle le sera moins que mon propre mariage, mais cela me ramènera forcément à cette épreuve. Le fait de voir mes amies se retrouver elles aussi enchaînées comme je le suis fait grossir la boule dans ma gorge et je doit inspirer profondément pour ne pas céder. 

Ce n'est pas moi qui suis concernée par cette après-midi, mais Cataleya et Loumeria. Et je doit être là pour elles, comme elles ont été là pour moi. Alors je prends sur moi, sors de la salle de bains et traverse le couloir qui mène au séjour.

Nikolas est là, dos à moi, en train de boutonner les manches de sa chemise blanche. Si notre position était différente, j'aurai pu être attirée par ses muscles fermes, ses cheveux courts et ses yeux bleu clairs. Mais la situation étant ce qu'elle est, je n'éprouve que de la méfiance et un peu de résignation. Cela m'énerve parce que j'ai l'impression de baisser les bras, d'accepter ce qui m'est tombé sur la tête. Cela fait quinze jours que j'ai emménagé ici, quinze jours que mon existence a été bouleversée et pendant lesquels j'ai dû apprendre à vivre avec une personne du sexe opposé. J'ai l'impression que c'était il y a des mois que nos mères nous ont convoqués pour nous annoncer cette « alliance » et pourtant, cela n'est pas si lointain que ça. Depuis que j'ai cuisiné pour Nikolas pour la première fois, une routine c'est installée. Nous prenons nos repas ensemble en discutant de banalités, rien de personnel. Chaque soir, je m'attends à un geste, une action, quelque chose qui trahirait son assurance infaillible. Mais il ne fait aucun pas de travers. Il se contente tous les soirs de me remercier et disparaît dans sa chambre, me laissant de plus en plus déroutée. Calypsa m'a conseillé un nombre incalculable de fois de nouer des liens avec lui, de permettre à une amitié de pointer son nez, pour que la situation devienne plus confortable. J'ai beau faire des efforts, j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Comment faire confiance en quelque chose qu'on nous a apprit à redouter et détester ?

Je toussote pour signaler ma présence et il se retourne vers moi. Je vois ses yeux me dévisager quelques instant avant qu'il se reprenne.

— Tu es magnifique, se contente-t-il de lâcher, alors même qu'il a déjà détourné le regard.

— Merci, murmuré-je, ne sachant pas quoi dire d'autre.

Ce n'est pas la première fois qu'il me fait des compliments, que cela concerne mon apparence ou autre. À chaque fois, je ne sais pas comment réagir. Je ne veux pas me laisser amadouer par quelques attentions, mais chaque fois qu'il me sourit de cet air sincère, mon armure se fissure un peu plus. J'essaie chaque soir de renforcer ma motivation, de solidifier ma carapace, c'est chaque soir plus difficile. Je commence à fatiguer de cette méfiance continuelle, bien que je sais que ce n'est pas une bonne idée de baisser la garde. Mais mon mental n'est pas habitué à détester quelqu'un avec qui il passe son temps. Et, vivant sous le même toit, ça rend les choses bien plus compliquées.

— Quand y allons-nous ? demandé-je, ne voulant pas penser à tout ça plus longtemps.

— Dans quelques instants. Zac et Calypsa ne vont pas tarder à arriver, une fois qu'ils seront là, nous pourrons y aller.

Je hoche la tête puis regarde par la fenêtre.
L'église des rêves étant plus proche du territoire des loups qu'elle ne l'est de mon clan, ici il peuvent y aller à pied. Du coup, c'est ce que nous allons faire.

Une dizaine de minutes s'écoulent dans un silence gênant avant que mon amie apparaisse et que Zacharya frappe à la porte. Je m'élance pour aller ouvrir et lui souris avant de rejoindre Calypsa.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant