Aily'Sëen : le pacte

Chapitre 17

~ Calypsa ~

Ouvrant la porte d'entrée, je pousse un soupir.
Enfin chez soi.

Je me laisse tomber sur le canapé et pose ma tête contre le dossier, fermant les yeux. J'ai passé un long moment à rassurer tout le monde sur l'état de Néréa, puis je suis restée un peu avec Loumeria et Cataleya, car malgré tout, c'était leur soirée. Même si l'envie n'était pas là, on savait que nos mères prendraient comme un affront de partir après ça.

Je sens des mains se poser sur mes épaules et souris quand Zacharya se met à les masser. Mes paupières se soulèvent pour le dévisager.

— Cette soirée n'a pas été facile pour toi, donc je me suis dit qu'un petit massage pourrait aider, déclare-t-il avec un sourire en coin.

Je glousse doucement. Depuis qu'il est venu s'excuser de son comportement suite au dîner avec ses parents, nous nous sommes beaucoup rapprochés. Nous avons discuté, fait des activités ensemble, quelques piques-niques, plusieurs balades en forêt et surtout, nous avons appris à mieux nous connaître. Nos goûts, nos habitudes, nos façons de vivre, celles de nos clans, plein de sujets ont été abordés et cela a permi de mieux nous connaître, d'être à l'aise l'un avec l'autre.

Je revois le visage de mon amie, livide et mon sourire se ternit.

— J'espère que Néréa va aller mieux, je déteste tellement la voir ainsi.

Elle est tellement forte... voir ses faiblesses ressortir me déchire le coeur.

Zacharya, l'air de ressentir ma détresse, vient s'assoir à côté de moi et passe son bras sur mes épaules, m'enveloppant dans une étreinte rassurante.

— Ne t'inquiète pas, je suis sûr que demain, tout ira mieux. Et Nick est avec elle, il ne laissera rien lui arriver, je te le promets. Et si vraiment il a besoin d'aide, je sais qu'il viendra nous le dire.

La certitude dans sa voix me fait le dévisager et je vois son expression de confiance absolue envers son ami. Dans ma tête, je revois le visage de Nikolas, sa panique visible, ses mains qui tremblaient, cet air d'impuissance, cette souffrance qui émanait de lui...

— Zac, dit moi... Pourquoi était-il dans cet état ? D'accord, voir Néréa s'écrouler sans savoir quoi faire peut faire paniquer, mais là, il avait l'air totalement submergé de frayeur. Il ne sont pas proche, je ne me serais pas attendue à une telle réaction de sa part.

Il soupire en passant une main dans ses cheveux.

— Calypsa... je ne veux rien te cacher, mais tout ça va plus loin que ce qui est arrivé ce soir, pour Nick. Ça ne devrait pas être à moi d'en parler... mais, sache qu'il a déjà perdu quelqu'un qu'il aimait plus que tout, quelqu'un qu'il aurait dû être en mesure de protéger et il estime avoir échoué, alors que rien n'était sa faute. Tu sais il n'était pas si fermé avant, c'était quelqu'un de toujours joyeux, prêt à tout donner pour les autres. Mais après cette tragédie... il n'a plus jamais été le même.

Je hoche la tête et, voyant qu'il hésite à continuer, ma main se pose sur son bras.

— Ne t'en fais pas, je ne te demanderai pas de trahir la confiance de ton meilleure ami, Zac. Je comprends mieux pourquoi il était si touché par ce qui est arrivé...

Je réfléchis à tout ça, perdue dans mes pensées, repassant la soirée en boucle dans ma tête. Je me promets de parler à Néréa à propos de Nikolas dès qu'elle ira mieux. De lui dire comment il a pris les choses en main pour s'occuper d'elle et de la peur évidente qu'il a eu de ne rien pouvoir faire de plus.

Je pose ma tête sur le torse de Zac et il resserre son bras autour de moi. Je me sens sereine ainsi, protégée. En sécurité. Mon cœur qui bat plus vite quand je suis près de lui me montre qu'il y a plus pour moi qu'une simple affection. Oui, dernièrement, toutes ses petites attentions à mon égard, sa tendresse, son rire, sa joie de vivre, tout ça fait augmenter mes sentiments, en douceur.

Je relève la tête et mon visage se retrouve à quelques centimètres du sien. Mon coeur accélère sa course, au point où j'ai l'impression qu'il va sortir de ma poitrine. Ma respiration devient saccadée alors que je plonge dans son regard. Il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille, tendrement, et cette caresse me fait frissonner. Ses yeux descendent sur mes lèvres et j'ai l'impression de suffoquer. Quand il plante ses prunelles dans les miennes, une étincelle nouvelle brille à l'intérieur. J'y lis du désir. Alors que je n'ose plus bouger, il se rapproche et sa bouche frôle la mienne, une caresse si douce que je lâche un soupir. Ma réaction doit l'avoir encouragé, car il me serre un peu plus contre lui et là, il m'embrasse pleinement.

Le mouvement de ses lèvres contre les miennes me donne le vertige et je pose ma main sur sa nuque alors qu'il passe la sienne dans mes cheveux, pour me rapprocher encore. Nos langues jouent un ballet qu'elles seules connaissent, dansant l'une contre l'autre au rythme de nos respirations haletantes.

Doucement, le baiser devient plus lent, jusqu'à ce que Zacharya s'éloigne un peu, le souffle haché, plongeant son regard dans le mien.
Je ne sais quoi dire, tellement mes émotions sont sans dessus dessous. Je me contente de sourire et il me répond de la même manière.

Nous restons quelques instants ainsi, l'un dans les bras de l'autre, avant que Zacharya n'aille prendre sa douche. Une fois que je suis lavée à mon tour, je rejoins la chambre où il se trouve déjà. Glissant sous les draps, je regarde celui qui est mon mari, admirant les traits de son visage, la dureté de sa mâchoire, la couleur de ses yeux et son petit sourire en coin qui me fait chavirer. Il passe son bras autour de ma taille et m'attire contre lui, sans un mot. Heureuse, c'est le coeur rempli de joie que je sombre dans le sommeil, laissant mes doutes et mes peurs loin de moi...