Chapitre 2

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~ Calypsa ~

Je me dépêche de rejoindre ma chambre, enlevant en même temps le sable resté collé sur mes bras. Il faut que je me dépêche ! Sans attendre, je cherche une tenue dans mon armoire. J'attrape une petite robe fluide d'un vert pâle, dos nu, s'attachant à la nuque par de fines ficelles dorées. Une fois enfilée, le satin flotte autour de moi, comme bercé par le vent qui entre par la fenêtre. J'attache rapidement mes cheveux en chignon ébouriffés, histoire d'être un peu plus potable. Ma mère n'aimerait pas que je me présente débraillée devant les autres dirigeantes. Alors je fais un effort, comme d'habitude.

Ma sœur Mylana, elle, a le loisir de pouvoir faire ce qu'elle veut. Moi, étant l'une des prochaines dirigeantes, je me dois d'être toujours irréprochable. Dans notre petit groupe, je suis sûrement la plus mature, avec Loumeria. Peut-être parce que nous avons chacune une petite sœur. Je sais que Néréa aurait rêvé en avoir une, elle aussi. Mais, comme elle est fille unique, elle se console avec nous.

Une fois prête, je vérifie qu'il n'y a personne par la fenêtre et la referme, tirant les rideaux. Puis, je m'accroupis sur le côté du lit, tâtonne à l'aveuglette en dessous pour trouver la petite fissure dans le plancher. Passant rapidement la tête en dessous, je lâche un petit soupir de soulagement quand je vois que tout est à sa place. Cette petite cachette, personne ne la connaît. À l'intérieur se trouvent des livres, le genre de livres que nous n'avons pas le droit d'avoir. Des histoires d'amour. Même mes amis ne sont pas au courant de leur existence. Et c'est très bien comme cela. Je m'en veux parfois de ne pas leur dire, mais j'ai trop peur que quelqu'un le découvre.

Me remettant debout, je lisse ma robe et je me rends devant les portes de la salle principale. C'est ici que nos mères dirigent, où elles gèrent notre contrée, et où elle rencontre les dirigeants des Loups. À chaque fois que leurs assemblées sont réunies ici, il nous est interdit de nous balader dans le Coral. Soit nous devons rester dans nos chambres, soit au village. C'est une règle d'or, en quelque sorte.

Cataleya est la première de mes amies à me rejoindre. Ses cheveux blancs et lilas sont tressés, et de petites fleurs roses placées dans sa coiffure lui donne l'air d'une elfe des forêts : ses yeux pétillent, même si ses prunelles sont un mélange de mauve et de jaune, trahissant son stress et son impatience. Je pense que les miennes doivent refléter les mêmes couleurs, peut-être avec une touche vert clair en plus, ajoutant ma méfiance face à cette réunion. Il est rare que nos mères nous réunissent ainsi, surtout si rapidement, d'où ce sentiment.

- Où sont les autres ? Demandé-je à mon amie.

- Je ne sais pas, mais j'espère qu'elles vont arriver rapidement ! Elles savent bien que nos très chères génitrices ne sont pas connues pour leur patience, ironise-t-elle.

- C'est sûr que ce n'est pas leur première qualité.

On pouffe en échangeant un regard complice. À ce moment des bruits de pas se font entendre, et Loumeria arrive, Néréa sur ces talons.

- Je déteste quand elles nous font demander à la dernière seconde comme cela, grommelle cette dernière, la mine quelque peu boudeuse.

Lou lève les yeux au ciel et lui fait une petite tape derrière la tête.

- Arrête de te plaindre, ce n'est pas comme si on avait le choix, de toute façon !

- Je sais bien, lui répondit-t-elle en levant les yeux au ciel. N'empêche que ça ne me plaît pas d'être appelée ainsi.

Son regard se remplit de touches de bordeaux, ce qui prouve son énervement. Je pose ma main sur son épaule.

- Calme toi, Néréa. Je sais que tu es une vraie tête de mule, mais nos mères n'hésiteront pas à te remettre à ta place, et tu sais que ça peut mal finir.
Elle soupire et ses épaules s'affaissent. Elle sait que j'ai raison. Les dirigeantes n'aiment pas être provoquées, même pas par leurs filles.
Les portes de la salle principale s'ouvrent, et Esmée nous fait signe d'entrer. Nous suivons la consigne, puis nous nous mettons en rang, derrière les chaises mises là pour les réunions parlementaires avec les autres clans, et devant nos mères, toute assises sur leurs sièges confortables.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant