Chapitre 7

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~ Néréa ~

C'est le grand jour. Le moment « tant attendu » pour certains.

Ma mère, en l'occurrence.

Levée à l'aurore, elle m'a tourné autour en hurlant sur chaque personne qui s'occupait de faire nos bagages pour prendre le nécessaire à amener à l'Église des Rêves. Moi, je suis restée assise sur mon lit, la boule au ventre et la gorge serrée, avec l'incroyable envie de pleurer pendant des heures. Je n'ai pas vu Calypsa. Est-elle dans le même état que moi ? Jusqu'ici, elle semblait imperturbable, presque contente de tout ça. Mais par moment, j'ai remarqué que son assurance vacillait, comme si ces doutes revenaient à la charge.

Maintenant, nous sommes dans les carrosses que les villageois nous ont aimablement prêtés pour tout transporter. Les secousses causées par le sentier inégal sont presque insupportables. J'aurais tellement aimé pouvoir voler une dernière fois avant la cérémonie, ça m'aurait permis de me vider la tête, juste quelques instants...
Malheureusement, je n'en ai pas eu l'autorisation. Comme si ma mère aurait pris ce risque fou !

Peu à peu, les chevaux ralentissent et mon angoisse prend le dessus. Quand les calèches s'arrêtent, j'ai les jambes tremblantes et les mains moites.

Nous arrivons de bonne heure, avant que tous les autres arrivent. Le Père Cesario nous a expliquées que les futurs époux ne devaient pas voir la mariée le jour J avant qu'elle ne se dirige vers l'hôtel. Cela m'a fait lever les yeux au ciel. Tant de cérémoniales pour un simple contrat me ferait presque rire, si je n'étais pas comprise dans cet échange.

Quand je descends, l'odeur des fleurs flotte dans l'air. Je me retourne vers le bâtiment, et je me retrouve à nouveau éblouie par sa beauté, rehaussée par les décorations apportées à l'édifice.

Des bouquets de roses, de lilas, d'orchidées entourent l'entrée, et de longues chaînes florales sont enroulées autour des colonnes porteuses.
J'entends tout à coup la voix de Falone, la mère de Calypsa, et je me tourne dans sa direction. Je vois mon amie sortir elle aussi de son nouveau moyen de locomotion, légèrement pâle.

Visiblement, je ne suis pas seule à être angoissée par tout ça. C'est rassurant... ou pas.
Après tout, mon amie, elle habituellement toujours calme et souriante, celle qui a le mieux encaisser toute cette histoire, si elle-même se retrouve hésitante face à notre destin, il y a de quoi s'inquiéter...

— Néréa !

Je me retourne en levant les yeux au ciel en voyant ma mère qui me fixe, le regard sévère. Je lâche un soupir et lui emboîte le pas.

À l'intérieur, je marque un temps d'arrêt. Des montagne de paniers fleuris ont été aménagés dans toute la pièce, et leurs senteurs merveilleuses embaument la salle. Je ne peux qu'admirer le travail accomplis, même si le fait que tous ces efforts soient donnés pour cet événement précis vient noircir le tableau paradisiaque de ce moment.

Si seulement je n'étais pas celle que je suis...
Si ma mère n'était pas l'une des dirigeantes, si j'étais un membre du clan parmi tant d'autres... Alors j'aurais peut-être aurais-je pu apprécier l'instant présent.

Mais, malheureusement, c'était ma vie qui se jouait sur les accords du piano, mon existence qui est dictée par ce lieu sacré. Mon avenir entre les mains de mon ennemi...

Comment être joyeuse quand on ne sait pas ce qu'il nous arrivera demain ?

Prenant une profonde inspiration, je m'avance vers la salle qui nous est réservée pour notre préparation, et Calypsa, à quelques pas derrière, prend la même direction.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant