Chapitre 11

502 51 4
                                    


~ Néréa ~

Je vole.
Sous moi, l'océan est calme. Le soleil sur ma peau réchauffe mon corps. Je me tourne pour sourire à mes amies, mais je fronce les sourcils.
Je suis seule. Je m'arrête d'avancer, battant des ailes pour rester à bonne hauteur.
Je ne comprends pas... sont-elles parties ? Elles ne m'auraient pas laissé seule !
J'essaye de maîtriser l'angoisse qui monte en moi. Nous ne devons pas voler seules. Si jamais une vision se déclenche...

Le cœur battant la chamade, je descends au ras de l'eau, essayant de rejoindre la terre ferme rapidement. Mon cœur cogne dans ma poitrine quand, sur la plage, je vois du mouvement. En me rapprochant, ma panique augmente : ce sont des loups. Tous présents sur le sable, ils grognent vers moi, leurs crocs parfaitement visibles. J'ai l'impression que je n'arrive pas à ralentir. Je ne veux pas aller vers eux ! Mais je continue de me rapprocher, malgré la voix qui hurle dans ma tête...

Je me redresse entre les draps, la sueur perle à mon front. Des coups frappés à la porte me font sursauter. Je serre les tissus qui me recouvre entre mes mains.
Ce n'était qu'un rêve. Un rêve idiot, un cauchemar incompréhensible.
Mais, les coups à l'entrée de la chambre sont bien réels.

— Néréa ?

Je ferme les yeux à cette voix, la gorge nouée d'angoisse.
Nikolas.

Je me recroqueville contre la tête de lit, muette.

— Est-ce que tu veux déjeuner ?

Quoi ? Il me demande si j'ai faim, comme ça ? Comme si c'était... naturel...?
Mais ça ne l'ait pas. Rien n'est « naturel » dans cette situation. Alors je ne dis rien. Je ne réponds pas. Je ferme les yeux très fort, priant pour que la chaise qui bloque l'accès soit bien mise.
J'entends un soupir, atténué par la cloison qui nous sépare.

— Bon, et bien, si tu as besoin de quelque chose... tu es chez toi.

Puis, plus rien. Après quelques instants, j'entends la porte d'entrée claquer.
Alors que je m'apprête à me lever, une ombre passe à la fenêtre. Malgré les rideaux, je me doute que c'est lui. Je ne bouge pas, comme s'il pouvait me voir à travers les tissus.
Alors, il s'éloigne. Le coeur battant la chamade, je me lève en vitesse, soulevant discrètement un côté pour regarder dehors.
Je le vois. De dos, il marche tête baissée, frottant sa nuque d'une main. Alors, il attrape le col de son t-shirt, et le passe par-dessus sa tête.

Je me retourne contre le mur, le cœur battant.
Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?!

Je finis par sortir de la chambre après avoir enfilé une robe orange m'arrivant à mi-mollet, en coton confortable. Arrivant dans la cuisine, je vois un verre de jus d'orange sur le meuble, ainsi qu'une corbeille de fruits à côté. J'attrape la coupe, inspectant le contenu, septique. Et s'il avait mis quelque chose à l'intérieur ?

Cette simple idée me terrorise, et je le vide dans le lavabo. Après avoir rincé, je prends une grande inspiration, essayant de me calmer. Il faut que je reste en alerte. Je ne dois pas m'attendrir devant ces quelques attentions à mon égard. Je reste là, à pianoter des ongles sur le comptoir, ne sachant que faire. Je m'élance à l'extérieur ; l'air frais me fait du bien, mais je me retourne brusquement en entendant un craquement.

Je soupire de soulagement en voyant Calypsa émerger de la forêt, mais me raidit en remarquant Zacharya derrière elle. Calypsa le remarque, parce qu'elle lève les yeux au ciel.
Zacharya me sourit. Je n'oublie pas qu'il a été quelque peu gentil avec moi, le jour de la rencontre. Du coup, je lui rends son sourire, bien que le mien soit moins enjoué.

Aily'Sëen : le pacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant